Haute-Vienne : l'histoire du village maudit de CourbefyIllustrationIstock
Au cœur du Limousin, le mystérieux village maudit de Courbefy, niché dans la campagne de la Haute-Vienne, cache une sombre histoire insolite. Un ancien hameau autrefois paisible est désormais considéré comme maudit. Des projets ambitieux se sont heurtés à des obstacles insurmontables, laissant derrière eux des maisons désertées.
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Courbefy, un paisible hameau de Haute-Vienne, s'est transformé en un village maudit au fil des ans. Les multiples tentatives de le revitaliser ce lieu ont toutes échoué, laissant derrière lui un paysage désolé, envahissent les mauvaises herbes. 

Les origines de cet abandon

Courbefy, niché dans les confins du Limousin, fut autrefois un lieu festif où quatre familles prospéraient grâce à l'exploitation des châtaigniers dans les années 80. Cependant, l'exode rural en 1976 a précipité le départ des habitants, transformant le hameau en un site abandonné. Les tentatives successives de revitalisation ont abouti à des échecs.

Bernard Guilhem, l'ancien maire de Saint-Nicolas-Courbefy, pour Le Parisien a fini par se demander si "Courbefy n'est pas maudit", en référence aux nombreux projets avortés. En 2012, une lueur d'espoir avait surgi avec l'arrivée d'une société américaine Ahae Press inc. Cette société porte le nom de son propriétaire, un mystérieux photographe sud-coréen spécialisé dans les prises de vues animalières et les paysages, s’apprêtant à exposer ses clichés au Louvre et à Versailles.

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Ahae acquiert le village lors d'une vente judiciaire pour la somme de 520 000 euros. Cet investisseur voulait faire du village une cité dédiée à l'art. Cependant, les événements à venir révéleront une tournure tragique.

La vie secrète du "milliardaire sans visage"

En 2013, un homme, Bernard Hasquenoph, va briser ce rêve. Fondateur du site Louvrepourtous.fr, qui défend la gratuité des musées, va découvrir que les expositions du Coréen ne sont pas des programmations, mais des locations d'espaces, et que ces musées ont reçu d'importantes donations de ce curieux mécène.

Derrière ce pseudonyme se dissimule en réalité un homme d'affaires, Yoo Byung-eun, qui a fait faillite avec deux banques au moment de la crise asiatique de 1997, après avoir déposé le bilan de sa société avec 219,8 millions de dollars de dettes. Mais ce n'est pas tout, le pire reste encore à venir.

Le naufrage du "Sewol"

Yoo Byung-eun était également gourou d'une secte, le Coréen a fait quatre ans de prison pour avoir détourné 1,15 million de dollars provenant des donations faites par ses adeptes. Il est aussi impliqué dans le naufrage du ferry Sewol, qui a coûté la vie à plus de 300 personnes le 16 avril 2014. Un désastre imputé indirectement à ses opérations frauduleuses et qui va précipiter sa perte.

La traque du "Mécène de Courbefy"

La justice sud-coréenne soupçonne le dirigeant de 73 ans et sa famille d’avoir détourné des millions d’euros des caisses de l’entreprise au détriment, notamment, des équipements de sécurité du navire. Traqué durant des semaines par 50 000 policiers, le "mécène de Courbefy"  est retrouvé mort le 12 juin 2014, dans un verger au sud de Séoul. L’état de décomposition avancée de son corps ne permet pas d’établir exactement la cause du décès, qui reste, à ce jour, inexpliqué. 

Dans la résidence, les policiers ont découvert, dans une pièce secrète, dix valises contenant 2,8 millions de dollars. Son fils aîné, Dae-kyun, sera interpellé après 85 jours de cavale et a été condamné en Corée à trois ans de prison pour détournement de fonds.

Extradé cet été de New York, où il avait fini par être arrêté en 2020, Yoo Hyuk-kee, le fils d’Ahae et vrai propriétaire du hameau, est jugé depuis un mois par un tribunal de Séoul pour la catastrophe du 16 avril 2014.

Les sombres années de Courbefy

Yoo Hyuk-kee est accusé d’avoir détourné 29 milliards de wons (20 millions d’euros) des caisses de la compagnie de navigation dont il était le principal actionnaire. 

Neuf ans après le naufrage du "Sewol", Courbefy est désormais recouvert par les herbes folles. Les propriétaires coréens, en proie à des ennuis judiciaires, ne peuvent plus financer l'entretien du site. Les dégradations s'accélèrent, l aissant craindre pour la survie même du village. Le destin deCourbefy repose dorénavant sur les résultats du procès en cours en Corée du Sud et sur la décision de la justice française quant à la confiscation des biens d'Ahae Press.