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Au service de la France. Deux anciens agents de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) sont jugés à partir de ce lundi 6 juillet par la cour d’assises spécialisée en matière militaire de Paris. Ce qu’on leur reproche ? D’avoir trahi leur pays pour la Chine, d’avoir été "retournés", selon le jargon. Contre rémunération, ils auraient fourni documents et informations aux services secrets chinois. S’ils sont jugés coupables des faits reprochés, ils encourent jusqu’à quinze ans de prison pour "livraison à une puissance étrangère d’informations portant atteinte à la nation", "atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation" et "intelligence avec une puissance étrangère".
Espions "retournés" : amour et lassitude
L’affaire a éclaté en mai 2018 et était alors qualifiée par les autorités comme étant d’une "extrême gravité". La ministre des Armées Florence Parly affirmait que leurs actes étaient "susceptibles de mettre en cause les secrets de la défense nationale". Comme l’explique Le Parisien, ces "traitres", très rares dans le milieu de l’espionnage français, sont qualifiés de "rats bleus" par leurs anciens confrères.
Pour comprendre tous les enjeux de cette affaire, et ils sont nombreux, il faut remonter plus de vingt ans en arrière. En 1997, Henri M., 73 ans et un des accusés, devient le représentant officiel de la DGSE à Pékin, rappelle le Huffington Post. Une mission qui ne durera que quelques mois puisqu’il est rappelé en France après avoir débuté une liaison amoureuse avec l’interprète chinoise de l’ambassadeur de France, qui donnerait en plus des détails de son activité au ministère chinois de la Sécurité de l’État. Henri M. est alors soupçonné d’espionnage…
Espions "retournés" : des informations contre de l'argent ?
En 2003, Henri M. prend sa retraite, a épousé l’interprète de l’ambassade et part s’installer en Chine, explique Le Parisien. L’affaire connait un rebondissement sept ans plus tard quand entre en scène le deuxième accusé, Pierre-Marie H., 68 ans. Cet agent civil de la DGSE s’ennuie à son poste, se languissant d’être envoyé sur le terrain, se lassant de son travail administratif derrière un bureau. Cette année-là, le retraité Henri M. aurait aidé au recrutement de Pierre-Marie H au sein des services secrets chinois et aurait servi d’intermédiaire… Une chose est sûre, les deux hommes se connaissent depuis les années 1990.
Dans les années 2010, Pierre-Marie H. fait des voyages fréquents en Asie et à l’île Maurice, où il rencontre son ancien collègue, Henri M. C’est lors de ces rencontres que le second aurait livré au premier des informations sensibles, avant de rentrer en France avec une certaine somme d’argent en cash. Un manège qui durera plusieurs années, y compris après qu’il a pris sa retraite. L’ancien agent des services secrets aurait alors sollicité ses anciens collègues pour pouvoir fournir de nouvelles informations à la Chine. Ce n’est qu’en 2017 que la DGSE met la main sur les deux hommes...
Espions "retournés" : une longue enquête
Alertée, la DGSE diligente une enquête interne pour comprendre ce qui se trame et, selon Le Parisien, a recours à des écoutes et utilise même un détecteur de mensonge. Les deux hommes sont signalés au procureur de Paris au printemps 2017 par l’ancien patron de la DGSE. Quelques mois plus tard, en décembre de la même année, les enquêteurs viennent cueillir Henri M. et Pierre-Marie H., ainsi que son épouse Laurence. Leur garde à vue terminée, ils sont incarcérés à Fresnes et Fleury-Mérogis. Âgé de 73 ans, Henri M. est libéré et placé sous contrôle judiciaire. Si elle a tout du scénario d’un film d’espionnage, cette affaire est tellement sensible que les débats se tiennent à huis clos.