De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Compteur Linky : des maçons et étudiants sans formation installaient les boîtiers
Pression, coups de téléphones incessants, quotas à respecter... Votre compteur Linky est probablement mal posé, compte tenu des consignes reçues par les techniciens qui l'ont installé. C'est ce qu'explique Thierry, électricien de 53 ans qui a été embauché en 2016 par Energy Dynamics, un prestataire privé, pour poser des compteurs Linky dans les foyers d’Aix-en-Provence. Au pure player Reporterre, il dit ne pas avoir eu de formation.
"Nous avons eu seulement de la théorie pendant un mois. Comment voulez-vous que les gens fassent bien leur boulot si on ne leur explique pas les différences entre les compteurs et toutes les installations électriques possibles ?"
Si certains tiennent la cadence, motivés par une prime de 2 euros brut pour chaque compteur posé qui s’ajoute à un salaire de 1 600 euros mensuel, Thierry, lui, n’a pas tenu plus d’un an. "J’en arrivais à un point où je posais un compteur, quoi qu’il arrive, allant même jusqu’à 18 ou 19. Que l’installation électrique soit mauvaise ou pas", explique un poseur anonyme à Reporterre.
Le quinquagénaire a été nommé référent au début de son embauche et avait sous sa houppe "des maçons, des informaticiens, ou encore des étudiants qui n’avaient jamais travaillé." Chargé de "contrôler le boulot de [s]es collègues", Thierry ne tient pas un mois à ce poste. "Ils savent parfaitement où on est et combien de temps l’intervention est censée nous prendre", raconte-t-il.
"Parfois les fils sortent de partout, ils sont abîmés, mais on doit toujours poser le Linky", déplore-t-il. Il poursuit qu'un jour, il envoie une photo montrant un compteur dont l'installation a été mal faite à ses supérieurs : "Je voulais leur montrer que c’était dangereux, mais j’avais toujours la même réponse : tu poses."
A lire aussi : Compteur Linky : Enedis va-t-il vous couper l’électricité cet hiver ?
Compteur Linky : le prestataire dément les accusations
Antoine Mazeau, directeur exécutif de l’entreprise Energy Dynamics défend cette pratique de la prime, qu’il dit répandue. "Je ne vois pas où est le mal. Dans beaucoup de métiers, il y a des primes à l’objectif. Si le technicien est efficace, tant mieux pour lui, s’il l’est moins, il gagnera seulement son salaire de base.
La société Energy Dynamics et Enedis se défendent du manque de formation des poseurs."Une formation spécifique et de qualité est donnée aux techniciens, pendant un peu moins d’un mois". Le prestataire ajoute : "Nous avons donné du travail à des gens qui étaient totalement sortis de l’emploi, et parfois depuis longtemps". De son côté, Enedis rappelle qu’il "n’impose pas de cadence, c’est la liberté d’organisation des entreprises et leur stratégie managériale".