Ambulance "covoiturage": que contient le projet de loi sanitaire qui inquiète Ambulance en "covoiturage"IllustrationIstock
Un projet de texte visant à partager les ambulances et taxis à destination des personnes nécessitant une prise en charge sanitaire fait débat. Les ambulances pourraient faire des détours de plusieurs dizaines de kilomètres pour aller chercher un autre patient. Voici ce qu'il faut savoir.
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L'utilisation des ambulances et des taxis, à des fins médicales et sanitaires, pourrait très prochainement faire l'objet de nouvelles règles. Jusqu'ici, les personnes dont l'état de santé nécessitait une prise en charge via un chauffeur privé, étaient acheminées seules jusqu'au lieu de leur consultation. Très bientôt, ces transports médicaux pourraient être partagés, avec plusieurs patients dans un même véhicule. Chaque année, 27 millions de trajets médicaux sont réalisés via des taxis, pour un tarif moyen de 50 euros par déplacement, confirme Statista. Un projet de loi, visant à faire des économies sur ces millions de trajets, fait débat. 

Jusqu'à 30 km de détour pour les malades 

Révélé par France Info le 3 mai dernier, un texte prévoit la mise en place d'un système de transport sanitaire partagé. Il est mentionné un allongement du temps de parcours de 10 km par passager transporté, "dans la limite d'un détour de 30 km par trajet", confirme Liberation. Autrement exprimé, les personnes malades transportées en ambulances ou taxi, pourraient mettre plus de temps que prévu pour accéder à leur rendez-vous médical, permettant de récupérer d'autres malades dans un périmètre donné.

Mais ce n'est pas tout. Le texte, sous sa forme actuelle, prévoit également la possibilité pour les patients de devoir attendre "dans un délai raisonnable" le véhicule censé les acheminer. Si le gouvernement souhaite réaliser des économies en partageant les transports médicaux pour rentrer dans ses frais, les associations accompagnants les malades déplorent une situation au détriment des patients les plus fragiles et vulnérables. Voici le témoignage d'une association spécialisée. 

"Le malade peut avoir des nausées, des vomissements" 

Interrogé par France Info, Bruno Lamothe, responsable du plaidoyer chez Ronodoo, une association qui prend en charge les malades du rein, s'inquiète de la baisse de qualité de la prise des plus vulnérables : "Le malade peut avoir des nausées, des vomissements, Et cette personne va se voir imposer un détour jusqu'à 30 km alors qu'elle est en situation de vulnérabilité" constate-t-il. Par ailleurs, l'association souhaite que le texte considère le temps de trajet, plutôt que le nombre de kilomètres. Un détour de 30 km dans une agglomération à forte densité, pourrait prolonger le temps de trajet d'une durée conséquente. 

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Autre inquiétude du texte, la fin des gestes barrières au sein de ces transports sanitaires. Le port du masque et la désinfection des mains, pourraient ne plus être exigés, laissant présager un "risque de contamination des personnes les plus fragiles" constate également l'association. Une mesure contestée par les professionnels du secteur médical, mais qui semble arranger le gouvernement. Découvrez combien coûte chaque année la prise en charge des ambulances et des taxis sanitaires. 

6 milliards de coûts en 2022 

Selon le site officiel Santé.gouv.fr, le remboursement des frais de transports par l'assurance maladie a coûté plus de 6 milliards d'euros en 2022. Un chiffre qui dépassait tout juste les 4 milliards d'euros 10 ans auparavant, en 2012. L'assurance maladie dénonce une dépense "à un niveau élevé, comparativement à d'autres pays développés". Le gouvernement, à la recherche d'économies auprès de la Sécurité sociale, pourrait-il actionner ce projet ? Des modifications pourraient être mises en place au préalable. Selon Libération, reprenant une réponse du ministère de la Santé, le projet "est en phase de concertation" et est "encore en train d'être discuté". Des ajustements, pour rassurer davantage les associations et les malades, sont espérés.