Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Pourquoi est-ce que ça se répète ? Huit ans après la tragédie du 13 novembre 2015, qui a fait 131 morts et 413 blessés à Saint-Denis et à Paris, cette question est encore et toujours là. Et ce, malgré une stratégie de sécurité on ne peut plus renforcée sur le territoire, depuis ce drame particulièrement meurtrier.
Le 7 octobre fait “symboliquement écho aux attentats du Bataclan dans la forme”
Une question qui s'est à nouveau posée lors des récents assassinats des professeurs Dominique Bernard et Samuel Paty. Mais également, après l ’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 dernier, qui a profondément destabilisé la société française; en particulier les rescapés du 13 novembre 2015.
Ce drame fait “symboliquement écho aux attentats du Bataclan dans la forme” car tous les deux ont eu lieu à l’occasion d’un évènement festif, témoigne Olivier Laplaud, lui-même rescapé du Bataclan et vice-président de l’association Life for Paris. Pour les victimes du 13 novembre 2015, il est difficile en effet d’éviter le parallèle : “On sait à quoi ressemble la barbarie", ajoute t-il.
Selon lui, après quelques années “plus calmes” pendant le covid, la tension s'est exacerbée : entre les assassinats de Samuel Paty et de Domnique Bernard, la guerre Ukraine, et plus récemment l'attaque du Hamas sur les civiles en Israêl. “Un climat tendu et une angoisse, qui pèsent au quotidien sur les rescapés du 13 novembre, mais pas au point de baisser les bras."On veut montrer qu'ensemble on est plus fort que la menace, insiste le vice-président.
Ainsi, cette année, l'association réalisera, dans tous les cas, le parcours officiel de la commémoration : dans tous les lieux attaqués le soir des attentats, puis retrouvera en privé son association partenaire le 13onze15. Le tout "sous haute protection", assure le vice-président de Life for Paris, "cela ne changera pas des autres années". Et ce, même si la menace est toujours présente : "On sait que tout peut arriver d'un moment un l'autre, comme une cocotte minute qui pourrait exploser, mais nous avons besoin de nous retrouver pour cette journée", conclut Olivier Laplaud avec détermination.
Et les membres de l'association ne se réunissent pas uniquement en ce jour commémoratif. Pour affrontrer le climat quotidien tendu, ils se retrouvent tout au long de l'année pour se soutenir et partager leur ressenti et leurs inquiétudes sur l'atmosphère actuel, qui les rattrapent encore. Notamment avec le 7 octobre dernier.
"On nous reproche de ne pas nous exprimer sur le 7 octobre"
Depuis les attentats du 13 novembre, les membres de l'association Life for Paris n'ont, en effet, pas cédé à la terreur et se retrouvent régulièrement en dehors de la journée de commémoration tout le long de l'année : " à l’association ou sur les réseaux sociaux, on échange sur nos angoisses, nos inquiétudes, face à l'escalade de la violence qu'on constate de façon globale”, explique Olivier Laplaud, le vice-président de l'association. Ces derniers temps les membres de l'association, sont toutefois rattrapés par l'actualité internationale."On nous reproche de ne pas nous exprimer sur le 7 octobre, mais nous savons nous préserver et garder nos distances", la situation est trop "complexe pour cela ", préfère-t-il préciser.
Un jour commémoratif sous haute tension qui questionne également sur la complexité de l'adaptation de la stratégie sécuritaire de la France face au terrorisme, dont les pratiques ont évoluées depuis le 13 novembre 2015.
"Nous pouvons démanteler des groupes organisés mais pas des individus isolés"
La commémoration du 13 novembre, remet également sur le devant de la scène la question de la sécurité en France, sous-jacente à tous ces attentats. Depuis le 13 novembre la nature de la menace terroriste a évolué : "On est passé d'un terrorisme professionnel, comme celui du 11 septembre 2001, à un terrorisme individualisé avec moins de moyens, comme l'ont montré les assassinats des professeurs Samuel Paty et Dominque Bernard notamment", analyse un ancien inspecteur général de la Police général à la Préfecture de police de Paris et ancien directeur de la sécurité de la Ratp.
Une menace, qui malgré l'évolution juridique, le renforcement technique et humain, ne peut être totalement anticipée. " Nos moyens nous permettent de démanteler des groupes organisés, mais non des individus isolées, fragiles psychologiquement", insiste l'ex-inspecteur général de police de Paris, "et dont le passage à l'acte est imprévisible."
D'après les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, 5000 personnes sont fichés S en France : " Or, les autorités ne sont pas en capacité d'assurer le contrôle de toutes ces personnes, tout en gardant à l'esprit que nous sommes une démocratie, où l'Etat de droit prime . On va devoir vivre avec la menace terroriste désormais”, se résigne l'ancien directeur de la sécurité de la Ratp.