Retraites : ces "faux" arguments qui sont parfois avancés pour réformerIstock
Faut-il vraiment réformer notre système de retraite ? Certains experts soutiennent en effet que c'est inévitable. D'autres, en revanche, semblent moins pressés…
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Solidarités. "On reste convaincus qu'une réforme est nécessaire pour assurer l'équité et la pérennité du système de retraites par répartition", affirme-t-on sans hésiter dans l’entourage de Laurent Pietraszewski, le monsieur Retraite du gouvernement, contacté par France Info. Nombreux sont ceux, en effet, pour qui la transformation de notre modèle de retraite est indispensable ; sinon tout à fait inévitable. La nécessité émane, après tout, des évolutions globales de notre société — de sa tendance au vieillissement et de tous les problèmes démographiques que cela peut engendrer. C’est en tout cas ce que soutient l’économiste Jean-Hervé Lorenzi, fondateur du Cercle des Économistes, qui accorde à La Tribune un long entretien sur la question. "On ne peut pas geler pour l'éternité l'âge de départ à la retraite dans une société qui vieillit", juge-t-il d’entrée de jeu, recyclant un argument connu ; lequel consiste à dire que plus l’espérance de vie augmente, plus il faudra travailler tard. C’est loin d’être la seule raison qui pourrait pousser l’exécutif à réformer.

Pourquoi Emmanuel Macron veut-il réformer les retraites ?

Sur le site de la fonction publique, le gouvernement détaille l’ensemble des motivations économiques qui dictent à son action politique. "Le rapport du Conseil d'Orientation des Retraites (COR) publié le 14 avril 2010 a mis en lumière la situation très difficile des régimes de retraite en France", rappelle-t-il d’abord. Et de poursuivre, soulignant le danger d’un "papy-boom" faisant suite au célèbre baby-boom de l'après-guerre. Ce dernier, insiste-t-on sur la plateforme officielle, n’est pas sans risque pour le système. "Aujourd'hui, une retraite sur 10 n'est pas financée. Si rien n'est fait, ce sera une sur 6 en 2030", peut-on y lire.

"L'objectif du Gouvernement est de sauver nos régimes de retraite, dans un principe d'équité, et de trouver aujourd'hui les solutions pour les retraites de nos enfants, tant dans le secteur privé que public, voilà tout l'enjeu de cette réforme", conclut enfin l’exécutif.

Et pourtant, d’aucuns doutent de la nécessité réelle de cette réforme. Pourquoi ? Sur la base de quels arguments ?

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La réforme des retraites n’est aussi indispensable que certains veulent le dire

Ces arguments - tant ceux avancés par le gouvernement que ceux évoqués par les économistes qui en soutiennent la ligne politique - ne sont pas particulièrement neufs. Au-delà de cette seule dimension, ils sont aussi réfutés par d’autres universitaires… et même parfois par le Conseil d’orientation des retraites lui-même !

Ainsi, rappelle l’économiste Michaël Zemmour sur le plateau d’A l’air Libre (la quotidienne de Mediapart, disponible sur YouTube), l’urgence n’est pas avérée d’après le rapport annuel du COR. Le diagnostic de la dernière publication ne fait pas état d’un danger financier ou de faillite sur le système, ce qui n'exclut pas la nécessité de réaliser quelques "réglages" à l’avenir. 

"Par contre, ce que dit le rapport du Conseil d’Orientation des retraites et ce qui est une vraie question c’est que si on ne fait pas de réforme des retraites en positif, les retraites vont se casser la figure", résume ensuite l’économiste. Le danger pèse donc sur le niveau de vie des retraités ; que les transformations envisagées par Emmanuel Macron et ses équipes risquent de miner davantage encore.

Reste à savoir si l’on travaille effectivement trop peu ; compte tenu des gains en espérance de vie dont bénéficient aujourd’hui les Françaises et les Français…

Retraites : les Français devraient-ils travailler plus longtemps ?

En France, il est possible de partir à la retraite à compter de 62 ans. En pratique pourtant, précise Le Figaro, l’âge moyen de départ est plus proche de 63 ans en 2020 (62,8 ans, en progression de +0,1 an par rapport à 2019). La disparité avec le reste des pays de l’Union Européenne est réelle, puisque la moyenne sur le Vieux Continent tend davantage vers les 65 ans.

Pour autant, poursuit Michaël Zemmour, il serait faux de dire que les retraités à venir ne travaillent pas autant que ceux d’hier ; en dépit des gains en espérance de vie. Au contraire ! "L’effet des réformes successives qui ont eu lieu, celle de 93, celle de 2010 et puis quelques réformes entre tout ça, continue à se poursuivre. C’est-à-dire que l’allongement de la durée de cotisation va se continuer jusqu’à la génération 73 par exemple. Et puis on est sur une phase descendante déjà des retraites. Les gens qui partent à la retraite aujourd’hui vont avoir à peu près un an de retraite en moins, compte tenu de leur espérance de vie, que les gens qui sont partis il y a dix ans", insiste l’économiste.

"Ces gains d’espérance de vie, on les a déjà mangés par les réformes précédentes et toute nouvelle réforme qui aurait lieu [...] se traduirait par un raccourcissement de la retraite", assène-t-il finalement.