Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, a dévoilé, dans un entretien donné à Ouest-France, les modalités de paiement de la prime de Noël...
Emmanuel Macron réformera-t-il les retraites ? Il n’a pas su le faire à l’occasion de son premier quinquennat et, comme le rappelle Le Figaro, cet échec a quelque chose d’historique : c’était une première, depuis 1981. Avant lui, seul François Mitterrand n’avait pas bouleversé les rouages du modèle de généralité inter-générations en France. "Les conditions ne sont pas réunies pour relancer ce chantier", avait-il simplement expliqué, à l’occasion d’une allocation en novembre 2021, après avoir dû reculer face aux mobilisations populaires et à la crise sanitaire. Depuis, force est de constater que la situation a considérablement changé.
D’abord parce qu’Emmanuel Macron ne tient plus du tout le même discours : il n’est plus question de donner naissance à un système nouveau et universel. Cette fois, le chef de l’Etat a opté pour quelque chose de plus simple — une réforme paramétrique, qui ne vise donc qu’à jouer avec les modalités du système en place. Il est désormais question de progressivement reporter l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Et puis, souligne le quotidien Les Echos, il y a aussi la petite musique que l’exécutif a laissé chanter : celle du renoncement.
Emmanuel Macron peut-il encore réformer les retraites ?
Semaines après semaines, mois après mois, la réforme des retraites s’est éloignée des horizons. Elle n’est plus apparue comme une priorité dans les discours d’Elisabeth Borne et la question n’a même pas été mise au programme du Conseil national de la refondation. Cela, pourtant, Emmanuel Macron veut que cela cesse. Il "cherche toujours la voie pour faire sa réforme", expliquent nos confrères.
D’après François Lenglet, éditorialiste chez RTL, le chef de l’Etat pourrait même être tenté de passer en force. Il s’y prépare, peut-on lire sur le site. Mais pourra-t-il seulement y parvenir ? Dispose-t-il encore des ressources nécessaires pour y arriver ? D’après Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur à l’Institut d’Etudes Politique de Grenoble (IEP, Sciences-Po) et spécialisé notamment dans les domaines de la démocratie, de la citoyenneté, des élections ou de la redistribution, la situation est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Explications.
Réforme des retraites : un problème de capital politique ?
"Plusieurs éléments doivent être pris en compte. Rappelons d’abord qu’un président de la République et son exécutif ont toujours plus de latitude d’action en début de mandat. Dès lors, une telle réforme est plus simple à mener tôt dans le quinquennat", observe d’abord le spécialiste, pour qui le principal problème se trouve cependant ailleurs. "Surtout, le chef de l’Etat gouverne avec une minorité. Dès lors, toutes les dynamiques changent et ce n’est plus le capital politique qui compte : ce qu’il faut, c’est la capacité à trouver une réforme sur laquelle construire une majorité", poursuit-il.
Ce genre de contraintes, si l’exécutif arrive à passer outre, pourrait renforcer la légitimité de sa réforme. "S’ils trouvent effectivement une majorité, cela veut dire que la réforme aura été renforcée par la négociation. Elle sera mécaniquement mieux acceptée. Les conditions sont là, d’ailleurs, puisque Les Républicains pourraient, sous certaines conditions, se retrouver sur la nécessité de réformer les retraites", ajoute Raul Magni-Berton. Impossible, pour autant, de ne pas envisager l’éventuel "passage en force" du président, tel que décrit par François Lenglet. "Ce ne serait pas très rationnel, mais LREM n’était pas connue pour tenir compte des oppositions", souligne en effet l’universitaire. Cette fois, ce serait prendre un risque…
Réforme des retraites : la dernière chance d’Emmanuel Macron ?
"Pour mener à bien sa réforme, Emmanuel Macron dispose de trois options : soit il a su avoir le blanc-seing du Parlement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, soit il remporte un référendum, soit il opte pour le 49-3", résume d’abord Raul Magni-Berton. La troisième option, popularisée notamment sous François Hollande, présente de nombreux risques pour le chef de l’Etat. "C’est tout ou rien. Si ça ne marche pas, les oppositions pourront très facilement faire chuter le gouvernement et l’exécutif pourrait, en retour, décider la dissolution de l’Assemblée nationale. Tout le monde y perd potentiellement, même si la situation favorise globalement les oppositions", explique en effet l’enseignant-chercheur.
Un mauvais choix, donc. Or, Emmanuel Macron et son équipe n’ont plus d’autre choix que de réussir : ils n’auront probablement plus l’occasion d’essayer après leur premier coup. Et le politologue de conclure : "Ce n’est évidemment pas la dernière chance pour la réforme des retraites. En revanche, c’est la dernière pour ce gouvernement."