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Il y a d’abord eu la réforme des retraites façon Balladur. En 1993, le Premier ministre décidait en effet d’augmenter la durée de cotisation requise pour toucher une retraite à taux plein… qui passait alors à 40 ans travaillés contre 37,5 auparavant. C’est lui aussi qui a revu la méthode de calcul des pensions, dont le montant repose depuis sur la moyenne des 25 meilleures années. Avant, seules les dix meilleures étaient prises en compte. Enfin, il a désindexé le niveau des pensions de l’évolution des salaires pour le fixer sur celui des prix.
Sommaire de notre enquête sur la retraite
Épisode 1 - Retraite : les Français connaissent-ils vraiment leurs droits ?
Épisode 2 : Faut-il obligatoirement atteindre l’âge légal pour partir à la retraite ?
Épisode 3 - Comment bien calculer le montant de sa retraite et limiter les erreurs ?
Épisode 4 : quelles évolutions pour vos droits à la retraite dans les mois à venir ?
Vingt ans plus tard, voici venir François Fillon qui prévoit l’alignement de la durée de cotisation du secteur public sur celle du privé, rappelle Retraite.com sur son site. Il a aussi créé deux dispositifs d’épargne retraite : le PERP et le PERCO. En 2010, une nouvelle réforme prévoyait la fin de l’âge légal de départ à 60 ans, progressivement ramené à 62 ans. L’âge du taux plein automatique a aussi été repoussé de 65 à 67 ans. La dernière évolution en date remonte à 2014 : elle a été décidée sous le quinquennat de François Hollande et prévoit l’allongement de la durée d’assurance minimale requise pour l’obtention du taux plein. Les générations nées entre 1958 et 1972 ne doivent plus justifier de 166 trimestres de cotisation, comme leurs aînés, mais bien de 172.
Ce long chapelet de réformes pourrait encore être égrené. En témoigne en effet la volonté d’Emmanuel Macron de modifier, une fois de plus, le système de solidarité inter-générations en vigueur sur le sol hexagonal. Le 3 juin 2022, il détaillait d’ailleurs le calendrier prévu pour la mise en place d’une telle réforme, qu’il souhaite rapide : elle doit être appliquée dès l’été 2023 et lui permettra de progressivement repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ou 65 ans.
Avant d’en arriver là, le chef de l’Etat a expliqué vouloir organiser un Conseil national de la refondation, à l’issue des élections législatives des 12 et 18 juin 2022, explique Previssima. Ce nouvel organe, qui doit être constitué “avec les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort” permettra à l’exécutif de “faire vivre [ses] réformes”. Parmi lesquelles l'imminente réforme des retraites. Dans quelle mesure celle-ci est-elle en mesure de bousculer les droits acquis par les Françaises et les Français ? La façon dont ces nouveaux droits pourraient être obtenus ?
Réforme des retraites : faut-il s’attendre à une adoption d’ici la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron ?
L’idée d’une réforme rapide fait sens, souligne l’économiste Philippe Crevel, qui rappelle combien le report de l’âge légal de départ à la retraite est indispensable à la bonne application du programme d’Emmanuel Macron. “Une bonne partie de son programme, notamment en matière de dépenses publiques, dépend de la réforme des retraites”, souligne-t-il, d’abord. Une première raison, pour le président de la République d’agir vite. “Ce sont, de toute façon, des réformes que l’on essaye de faire vite. Plus on attend, plus elles sont difficiles à faire accepter et les contraintes économiques pourraient commencer à se faire sentir rapidement, si la guerre persiste en Ukraine”, estime encore le directeur du Cercle de l’Epargne, aussi connu pour avoir fondé la société Lorello Ecodata. “De plus, le président de la République en a fait un véritable marqueur politique. Il est prêt à cliver sur cette question”, juge-t-il encore, en faisant référence au récent entretien accordé par le chef de l’Etat à la presse quotidienne régionale.
Dans les faits pourtant, il pourrait s’avérer complexe de donner un calendrier précis pour le moment. C’est en tout cas l’avis du professeur agrégé Alexandre Delaigue, qui enseigne aujourd’hui les sciences économiques à l’Université Lille-1. “Cela va mécaniquement dépendre des prochaines élections législatives. Les résultats qu’obtiendra le parti présidentielle vont forcément influencer la marge de manœuvre dont Emmanuel Macron pourra bénéficier pour mettre en place son action”, rappelle-t-il en effet, estimant que le plan politique s’avèrera nécessairement déterminant. “Il a, de fait, toutes les raisons de vouloir la faire tôt. Parce que c’est maintenant qu’il dispose d’un bon capital politique, parce qu’une réforme des retraites ne sera jamais véritablement populaire”, nuance l’économiste… Mais de telles démonstrations de volonté ne revêtent-elles pas un caractère incantatoire ? “Il va falloir attendre de connaître la composition de l’Assemblée nationale et prêter attention aux éventuelles négociations avec les partenaires sociaux pour répondre correctement à cette question”, tranche Philippe Crevel, non sans rappeler que trop patienter… c’est prendre le risque de voir un soutien se transformer en opposition. “Initialement, une majorité des Françaises et des Français soutenaient le premier projet de réforme du président, durant son précédent mandat”, informe-t-il.
En admettant l’idée que la réforme des retraites soit menée telle que souhaitée par le président de la République… à quelles transformations faut-il logiquement s’attendre ?
Réforme des retraites : quel impact sur vos droits, au juste ?
“La réforme des retraites porte plusieurs objectifs. Tout d’abord, et c’est là son point central, elle vise à stabiliser le poids des pensions dans le PIB, conformément aux recommandations de certains économistes comme Jean Tirole. L’idée, c’est que la charge n’excède pas 14%”, explique d’entrée de jeu Alexandre Delaigue. Par conséquent, une telle réforme aurait mécaniquement un impact sur le mode de conversion des droits en pension, lesquelles pourraient s’avérer moins élevées à l’avenir. “Soit on table sur une progression de la croissance, soit on table sur un coup au niveau des pensions de demain”, poursuit-il. Les retraités déjà en place, eux, devraient être préservés. “C’est assez logique : ils disposent de considérablement moins de moyens pour s’adapter”, rappelle l’enseignant-chercheur.
“Le président de la République a dit qu’il entendait financer l’amélioration des petites pensions avec une telle mesure”, tempère pourtant Philippe Crevel. “D’une façon générale, réaliser des économies pourrait permettre une meilleure indexation des pensions, au moins en théorie”, poursuit-il. Ce n’est d’ailleurs pas le seul impact qui pourrait - sur le papier, au moins - s’avérer positif. “En repoussant l’âge légal de départ à la retraite, on améliore le taux d’emploi des seniors, qui est aujourd’hui assez faible. Reste à voir comment le chef de l’Etat entend jouer sur ces paramètres : il peut modifier la durée de cotisation nécessaire pour atteindre le taux plein, instaurer un système de bonus-malus…”, liste le fondateur de Lorello-Ecodata.
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