De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Lors de son élection, François Hollande l'avait promis, il tiendrait tous les 6 mois une conférence de presse pour répondre aux questions des journalistes. Ils étaient donc pas moins de 400 ce mardi après-midi, dans la salle des fêtes de l'Elysée, pour interroger François Hollande sur sa politique.
Vers 17h, le président de la République est entré dans la pièce et a salué les ministres présents ainsi que les journalistes en retraçant les mesures déjà prises depuis son arrivée à la présidence. Ainsi, il a rappelé l'adoption par décret de la diminution des salaires du gouvernement et du sien de 30%, du relèvement du Smic, du retour de la retraite à 60 ans, de la hausse de l'allocation scolaire... Il a aussi remémoré les mesures qui ont été votées en tant que loi par le Parlement, telles que le projet de loi rectificatif, les emplois d'avenir, le traité budgétaire européen...
Rapidement, le président de la République a rappelé quel était son objectif : "Une politique n'est pas une accumulation de mesures, une politique c'est une réponse cohérente et forte à la situation du pays". Il a ensuite enchaîné en rappelant que les dix dernières années passées sous le pouvoir de la droite avait conduit le pays à la situation actuelle, et que le cap aujourd'hui donné au gouvernement jusqu'en 2017 se résume en deux points, "retrouver la croissance et réduire le chômage".
Pas de virage, ni de tournant dans la politique de Hollande
François Hollande a estimé d'ailleurs que sa politique depuis son élection en mai dernier restait cohérente, et il a refusé de laisser croire à "toute idée de virage ou de tournant". Il en a profité également pour réaffirmer sa confiance en son Premier ministre Jean-Marc Ayrault en niant tout problème à la tête de l'exécutif. Et malgré la polémique qui a pu avoir lieu ces derniers jours, François Hollande a bien confirmé que les ministres écologistes ont toute leur place au sein du gouvernement français.
Puis le président de la République a abordé la partie européenne de son discours, en affirmant bien sa volonté de voir la Grèce aidée. "Je considère qu'au-delà encore de quelques mises au point de modalités techniques, ce soutien lui est dû, pour en terminer aussi avec ce qui a pu être un doute sur l'intégrité de la zone euro".
Ayrault a en charge le désendettement de la France "à marche forcée"
Quant à la comparaison souvent faite avec l'Allemagne, François Hollande a expliqué que les taux d'intérêt du remboursement de la dette française sont parfois négatifs, mais "nous avons réduit l'écart avec l'Allemagne de près de 40%. Pour ceux qui s'interrogent sur les rapports que nous avons avec l'Allemagne, ils sont bons".
Le président a aussi évoqué une "réorientation". Selon lui, c'est par le retour de la croissance et par le désendettement que l'Europe pourra sortir de la crise de l'Euro, et non par de nombreux plans d'austérité. D'ailleurs, Jean-Marc Ayrault s'est vu confié la mission du désendettement de notre propre pays, "à marche forcée". Cela pourrait bien passer par une augmentation de la compétitivité grâce aux mesures annoncées immédiatement par le Premier ministre après la remise du rapport de Louis Gallois.
"Les chocs, ça fait chic", mais l'économie n'aime pas ça
Il a d'ailleurs affirmé que le crédit d'impôt aux entreprises de 20 milliards d'euros n'est pas un "cadeau", comme on a pu le lui reprocher, mais bien une décision "simple et efficace" en vue d'une meilleure compétitivité. François Hollande a aussi expliqué pourquoi le rapport sur la compétitivité n'a pas été "le choc" tant attendu : "Ça fait chic [...] mais l'économie n'aime pas les chocs, elle aime la stabilité". En revanche, il a bien confirmé les nouveaux taux de TVA préconisés par le rapport Gallois, avec des taux de 20% (au lieu de 19,6), 10% (au lieu de 7) et 5% (au lieu de 5,5).
A la fin de son discours, François Hollande a à nouveau insisté sur la lutte contre le chômage que va engager le gouvernement, aidé par les emplois d'avenir et les contrats de génération. Il a déclaré d'ailleurs fermement : "Je ne prépare pas le sort d'une prochaine élection, je prépare le sort d'une future génération", tout en déclarant que "Le redressement prendra du temps".
Élu par une majorité étroite, mais des promesses de campagne à remplir
Le reste de l'intervention de François Hollande a ensuite été dédié aux questions des journalistes. Lorsqu'il a été l'interrogé sur le mariage pour tous, qui divise l'opinion publique, François Hollande a reconnu qu'il a été élu par une majorité "étroite", mais a insisté sur le fait qu'il doit respecter ses promesses de campagne. Cependant, il a promis de laisser le temps au Parlement d'en discuter, afin que chaque sensibilité puisse s'exprimer. Par ailleurs, le président de la République a affirmé souhaiter que, si la droite devait revenir au pouvoir, elle ne reviendrait pas sur cette loi.
Interrogé ensuite sur le nucléaire, François Hollande a déclaré que "nous allons engager une grande réforme de la lutte contre la précarité énergique. Il y a aura la dimension de la fiscalité écologique". Il a d'ailleurs lui-même abordé le thème du gaz de schiste : "aujourd'hui, la fracturation hydraulique serait une atteinte considérable à notre environnement, je la refuse". Cependant, le président a déclaré ne pas s'opposer fermement à d'éventuelles autres techniques.
Le droit de vote des étrangers en suspens
Un journaliste a ensuite questionné le président de la République au sujet du droit de vote des étrangers. François Hollande a tenu à rappeler que ce changement était une réforme constitutionnelle, et qu'elle ne tenait pas qu'à lui. Pour que les étrangers puissent voter, il faudrait alors une majorité des 3/5 du Parlement en faveur de ce projet, or ce n'est pas le cas pour l'instant. Quand ce sera le cas, "je prendrai mes responsabilités". Cependant, il a déclaré qu'au cas où les 3/5 n'étaient pas réunis, il n'envisageait pas pour le moment passer par un référendum.
François Hollande a ensuite réagi à l'intervention de Manuel Valls ce mardi après-midi, qui, au cours des questions au gouvernement, a lancé à l'opposition de droite : "Le retour du terrorisme, c'est vous !" Le président a souhaite appelé à l'apaisement, tout en renouvelant complètement sa confiance en son ministre de l'Intérieur.
Un président responsable
Une journaliste a souhaité connaître le sentiment de François Hollande, président, après 6 mois à la tête du pays. Le chef de l'Etat a ainsi déclaré qu'il était aujourd'hui "un président responsable". Et ce président responsable, qui a promis de diminuer les dépenses de l'Etat de 60 milliards d'euros en 5 ans, a affirmé que pour les trouver, il faudra que toutes les administrations fassent des efforts, avec notamment des non remplacements de départs en retraite. "C'est une réforme de l'Etat, de la protection sociale, de notre organisation territoriale qu'il convient d'engager".
François Hollande a ensuite été questionné sur le chômage, et l'inversion promise de sa courbe. Mais le chef de l'Etat n'est pas rassurant à court terme : "nous allons avoir une hausse du chômage continue pendant un an. Nous allons vivre ça. Et c'est suffisamment douloureux pour que je me dise : nous allons nous concentrer sur les contrats d'avenir, le pacte de génération, pour inverser, inverser seulement, la courbe du chômage fin 2013".
Des relations franches avec la "chancelière" allemande
A quelques minutes de la fin de son interview, François Hollande a répondu à une question concernant les relations franco-allemandes : "nous nous parlons franchement avec la chancelière, sans nous faire la leçon, pas plus sur le sérieux que sur la solidarité [...] Moi je suis pour une Europe à plusieurs vitesses [pour] que même au sein de la zone euro, des pays puissent aller plus vite que d'autres [...] L'éclatement de l'Europe, nous ne l'avons pas voulu. Dès lors, nous devons aller plus loin. Le statu quo serait le pire pour l'Europe aujourd'hui".
Invité à s'exprimer sur la grève de la faim du maire de Sevran, Stéphane Gatignon, François Hollande a répondu qu'il comprend "la détresse de ce maire. Il vient parler au nom de 100 collectivités les plus pauvres de notre pays. Nous allons prendre des décisions. La première, elle a déjà été votée", faisant référence à l'augmentation de la dotation de développement urbain. Il annonce les autres : "faire progresser la dotation de solidarité urbaine, 120 millions d'euros, [...] mettre en place des fonds de solidarité, de péréquation avec des villes beaucoup plus importantes". Il ajoute ensuite que "ça ne peut plus durer. Il y a des villes riches qui doivent participer au développement des ville pauvres".
Pas d'intervention en Syrie
Pour finir l'entretien avec les journalistes, François Hollande a évoqué plusieurs questions internationales. Au sujet de la Syrie, le président de la République a reconnu la coalition d'opposition qui s'est créée ce début de semaine contre Bachar el-Assad. Il a dû répondre à la question d'une éventuelle intervention de la France : "Il n'y aura d'intervention que si le Conseil de sécurité en décide. Aujourd'hui la Russie s'y oppose. Donc nous agirons différemment, via la protection de la population civile". Il a précisé plus tard "Dans les zones libérées, nous devons faire en sorte de sanctuariser ces zones. Sur la questions des livraisons d'armes, la France n'était pas favorable dès lors qu'elle n'était pas sûre que ces armes arriveraient là où elles seraient souhaitables. Mais en cas de gouvernement légitime, la question sera reposée".
En ce qui concerne la situation au Mali, François Hollande a été très clair : "il n'a jamais été question que la France intervienne à la place des Africains". Cependant, le président a affirmé que bien évidemment, tout était fait pour libérer les otages du Sahel. Pour l'Algérie, "nous avons à nouer une relation dont nous savons qu'elle est forcément particulière avec l'Algérie [...] Il y a des potentialités énormes pour le développement économique. Et culturel".
Au sujet de l'arrestation d'Aurore Martin, la militante basque extradée en Espagne, François Hollande assure que, contrairement aux accusations dont lui ou le ministère de l'Intérieur font l'objet, "à aucun moment, je n'ai donné d'instruction". Enfin, au sujet de la candidature palestinienne à l'ONU, le président a répondu : "S'il y a une résolution, la France la regardera. Avec des risques que nous dirons à nos amis Palestiniens".
Après ces deux heures d'interview, François Hollande avait confié à tous les membres du gouvernement présent la tâche de répondre aux journalistes présents dans la cour de l'Elysée.
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