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Edouard Philippe, Jean Castex, Bruno Le Maire, Christian Estrosi… et même Nicolas Sarkozy ? Nombreuses sont les figures de la droite qui se sont laissées - ne serait-ce qu’un temps - séduire par Emmanuel Macron. L’ancien président, qui a longuement entretenu une relation chaleureuse avec son prédécesseur, s’est ensuite fâché avec le nouveau locataire de l’Élysée. Mais aujourd’hui encore, il semble le préférer à la candidate investie par le parti Les Républicains (LR). Il lui reproche, entre autres, le peu d’attention qu’elle semble lui accorder, informe Le Figaro. "Elle serait bien inspirée de me citer un peu", s’était-il d’ailleurs agacé, non sans estimer qu’elle "n’a rien compris à la campagne".
D’aucuns rappellent le quotidien Les Echos, soulignent pourtant la proximité entre les deux candidats (ou presque candidats, dans le cas du président sortant) aux plus hautes fonctions de l’État. Une part de l’électorat de Valérie Pécresse apprécie en effet Emmanuel Macron. Aussi, la francilienne prévoit de se montrer "ferme sur le régalien" et de "partir des préoccupations concrètes des gens" pour se démarquer, ajoute le titre de presse. Il s’agit en effet de répondre à la question phare, notent nos confrères : qu’amène-t-elle de plus sur la table que ne le fait déjà le chef de l’Etat ?
Valérie Pécresse et Emmanuel Macron : quelle différence ?
"La comparaison entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse est logique. Les deux sont largement soutenus par des élus issus des Républicains. En outre, ils affichent tous deux des lignes politiques très similaires sur les questions économiques et sociales. La différence est plus marquée sur l’immigration, la sécurité et l’islam", observe d’entrée de jeu le politologue Christophe Bouillaud, qui enseigne les sciences-politiques à l’IEP (Institut d’Études Politiques) de Grenoble.
"Ceci étant, là encore, la nuance est fine. Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont tous deux pour renforcer la police, pour davantage de places de prison, pour un sévère tour de vis en matière d’immigration et refusent communément d’envisager la légalisation du cannabis. La vraie différence, c’est que la candidate Les Républicains a décidé d'empiéter sur les terres de l'extrême-droite, ce que ne peut pas faire un président de la République en exercice. Elle a franchi le rubicon avec la proposition de mesures incompatibles avec les droits de l’homme et factuellement impossibles à mettre en place", juge encore l’enseignant-chercheur, pour qui la lutte porte davantage sur le positionnement électoral que la conviction à proprement parler…
Reste à savoir si cela suffira à convaincre le socle que convoitent l’un comme l’autre. Les retraités, entre autres.
Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron : qui sera le président des retraités ?
Valérie Pécresse comme Emmanuel Macron défendent une vision sensiblement similaire de la retraite : le chef de l’État entend à priori repousser l’âge légal de départ, de même que la présidente de la région Île-de-France. Les modalités exactes pourraient bien sûr varier (faut-il aller jusqu’à 64 ou 65 ans, sur quelle durée de temps, etc.) mais l’élue investie par Les Républicains se propose de reprendre là ou l’ancien ministre de l’Économie s’est arrêté, indique Pleine-Vie. L’un comme l’autre ont à cœur de protéger les intérêts des retraités actuels, en somme…
Cela signifie donc qu’il leur faudra concourir pour le même électorat. "Valérie Pécresse ne devrait pas avoir de mal à garder le noyau dur catholique et conservateur des conservateurs, qui votent pour la droite de gouvernement par inertie historique. Le vote des retraités, d’une façon générale, est plus difficile à prédire. Pour le moment, les deux se partagent assez bien le gâteau. Tout dépendra de la perspective de premier tour", observe encore l’universitaire, pour qui l’ancienne élue Les Républicains pourrait souffrir du fameux vote utile…
Valérie Pécresse, Emmanuel Macron… Le vote utile et la "désunion" de la droite ?
"La droite a, de fait, raté le coche de la différenciation avec Emmanuel Macron. Elle aurait dû le faire sur des notions d’honnêteté, de sens de l'État, d’indépendance de la République face aux puissances industrielles et aux lobbys. Seulement, cela aurait demandé une campagne de rupture avec le sarkozysme affairiste, ce que Valérie Pécresse n’est visiblement pas en mesure de faire", note d’abord le politologue, pour qui Valérie Pécresse a tout intérêt à apparaître comme "la candidate du second tour". Faute de quoi, les retraités pourraient se projeter sur le président de la République plutôt que sur elle.
"Elle peut être victime de l’anticipation engendrée par les sondages. Si son électorat le plus compatible avec Emmanuel Macron estime qu’elle ne passera pas le premier tour, il sera très probablement tenté de voter pour lui. C’est dans son intérêt", observe-t-il d’ailleurs. Et lui de nuancer, évoquant une autre hypothèse : "En cas de duel Macron-Pécresse, les choses pourraient être très différentes".
Quand bien même la droite, en tant que courant idéologique allant d’Eric Zemmour à Emmanuel Macron, affiche plusieurs candidats, elle demeure dans une situation très différente de celle que connaît la gauche. "La droite républicaine n’est pas désunie. Son périmètre s’est considérablement réduit, mangé d’une part les centristes et d’autre part l’extrême droite. Mais elle est encore en mesure d’afficher une candidate unique et de réussir son unité organisationnelle. Le problème vient du fait qu’elle n’a pas les bons candidats et qu’elle a complètement accepté le diagnostic de l’extrême droite au point de la laisser phagocyter son discours sur les questions régaliennes. Sur les thématiques sociales et économiques, elle fait preuve d’une incapacité totale à inventer quoique ce soit et répète inlassablement les mêmes formules…", analyse le politologue. Non sans annoncer qu’Emmanuel Macron ne devrait guère faire preuve de plus d’innovation, une fois sa campagne officiellement lancée.