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Le président de la République a appelé les Français à pavoiser leur domicile vendredi pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris. Une demande quelque peu atypique et non sans risque.

A l’occasion de l’hommage national qui sera rendu ce vendredi aux victimes des attentats de Paris, le président François Hollande a appelé les Français à y participer en pavoisant leur domicile avec un drapeau bleu, blanc, rouge. "Nous avons essayé de proposer quelque chose qui permette à chaque Français d’être aussi partie prenante de cet hommage", a-t-il expliqué. Un appel qui a provoqué de nombreuses réactions.

Un terme désuet

D’abord parce que le chef de l’Etat a employé un terme quelque peu désuet. Ensuite, parce que d’ordinaire la gauche délaisse l’emblème national. Souvenez-vous, lorsqu’en 2007 Ségolène Royal avait souhaité que "tous les Français (aient) chez eux aux fenêtres le jour de la fête nationale" un drapeau tricolore, cela avait déclenché un tollé de son côté de l’échiquier. "Si la gauche essaye de créer l'espoir sur le drapeau bleu-blanc-rouge alors que les questions sociales sont là, je pense qu'elle va perdre les élections. J'invite le Parti socialiste à retrouver la raison", avait notamment raillé Olivier Besancenot, tandis que José Bové avait martelé que "le chauvinisme et le nationalisme n'ont jamais été des valeurs de gauche".

Le drapeau tricolore est d’ordinaire délaissé par la gauche

Effectivement, au drapeau tricolore est souvent associée une interprétation nationaliste et sécuritaire. La flamme du Front National en porte même les couleurs. "C’est vrai qu’au cours de notre Histoire, il a été associé à une France militaire, ultranationaliste, explique à BFM TV l’historien Jean Garrigues. Et celui-ci de citer la récupération qui en a été faite par les nationalistes avant la Première guerre mondiale, mais aussi l’association qui a en été faite avec la colonisation ou encore celle avec le système gaulliste jugé "un petit peu contraignant, austère, archaïque" par la génération des soixante-huitards. "Tout ça fait que, quand même, il y a eu une désaffection pour le drapeau tricolore dans la société française", reconnaît-il.

Un appel qui n’est pas sans risque

Mais il semblerait qu'au lendemain des attentats du 13 novembre François Hollande ait décidé de s’affranchir du passé et de l’interprétation qui a été faire autour de cet emblème national. Après tout, "la Marseillaise et le drapeau tricolore sont un patrimoine commun. La droite en aurait le monopole? Ça n'a pas de sens!", avait-il déjà fait valoir il y a neuf ans pour défendre Ségolène Royal.

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Mais sa démarche n’est pas sans risque. Car au-delà de la volonté d’afficher l’unité nationale en hommage aux victimes des attentats et contre le terrorisme, "l’amour du drapeau porte en lui le danger du nationalisme", averti Jean Garrigue. Au patriotisme du 19e siècle qui "veut propager (…) des valeurs positives de la démocratie", l’historien oppose en effet le nationalisme qui est progressivement devenu "au début du 20e siècle, une valeur d’exclusion, de refus". Et celui-ci de résumer : "C’est une sorte de patriotisme qui exclut l’autre".