Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Nicolas Dupont-Aignan : ce qu'il reproche à Emmanuel Marcon
Planet : Emmanuel Macron va bientôt fêter son premier anniversaire en tant que président de la République. Quel bilan tirez-vous de ce début de mandat ?
Nicolas Dupont-Aignan : Le bilan que je fais de cette première année d’exercice est très sévère. Malgré son talent considérable en communication, qu’il faut lui reconnaître, Emmanuel Macron est en train de vassaliser la France.
Qu’il s’agisse de l’intervention en Syrie, de la signature du CETA ou de la politique migratoire, Emmanuel Macron joue les gros bras à la télévision mais s’aligne tantôt sur les Etats-Unis, tantôt sur l’Allemagne. En cela, il est le digne de successeur de François Hollande.
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Ensuite, Emmanuel Macron mène une politique profondément injuste et donc inefficace. Le taux de prélèvement obligatoire en France n’a jamais mais été aussi élevé dans notre pays, les classes moyennes et populaire financent les cadeaux fiscaux des plus privilégiés et la hausse des charges pour les PME permet de soutenir le CAC40.
Au final, l’un des plus gros problèmes de ce président, c’est l’inadéquation totale entre ce qu’il cherche à incarner et ce qu’il fait en pratique. L’emballage est chatoyant mais, sous le paquet, le cadeau est nocif pour notre nation.
Planet : Dans la soirée du dimanche 22 avril, le projet de loi asile et immigration a été voté en première lecture à l’Assemblée nationale. Quel est votre sentiment sur la question ?
Nicolas Dupont-Aignan : Ce projet de loi ne fait qu’aggraver le laxisme migratoire en actes tout en prétendant le contraire en paroles. Face à une gauche radicale naïve et complètement irresponsable, Emmanuel Macron se fait passer pour quelqu’un de ferme. C’est cette opposition de la gauche de la gauche qui lui permet cette posture ! Dans la pratique, il n’y a aucune fermeté dans ce projet de loi. Il passe à côté de l’essentiel et ne traite pas des points importants. Il n’aborde pas le contrôle des frontières, pas plus qu’il ne parle de l’appel d’air social. Tout cela n’est qu’une imposture.
Planet : Comme vous Laurent Wauquiez, le patron des Républicains, appelle à un référendum d'initiative populaire sur ce sujet. Comptez-vous organiser une seule campagne ou allez-vous procéder séparément ?
Nicolas Dupont-Aignan : D’abord je tiens à souligner que, pour l’heure, le seul vrai référendum d’initiative populaire sur l’immigration, c’est le mien. J’ai déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour que les Français puissent s’exprimer sur ce sujet majeur.
Il ne s’agit pas donc pas d’une simple pétition et d’une posture. Soyons clairs : je me réjouis du discours de Laurent Wauquiez, qui s’est effectivement prononcé en faveur d’un référendum. Toutefois il n’a pas déposé de proposition concrète de son côté et j’ai peur qu’il ne s’agisse finalement que d’une posture. De mon côté, j’ai demandé aux parlementaires Les Républicains (LR) de signer cette proposition de loi. Si elle recueille 185 signatures, nous pourrons contraindre le gouvernement à organiser le référendum.
L’évolution du discours de Laurent Wauquiez est positive. Il faut maintenant prouver ses intentions en passant aux actes : s’il est sincère et ne reprend pas l’idée pour mieux l’enterrer, qu’il permette aux élus LR de signer ma proposition !
Planet : Dans une interview donnée à nos confrères d’Europe 1, vous avez estimé que l’opposition "fait semblant". Que dénoncez-vous exactement ? Qui sont ceux qui font semblant ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je constate que l’opposition de droite LR vote la plupart des projets de loi. Quand elle ne le fait pas, elle ne s’oppose pas nécessairement plus que dans la forme. Revenons sur l’exemple de l’immigration ! Laurent Wauquiez n’est pas dans le concret, il se contente d’en appeler à Emmanuel Macron pour l’organisation d’un référendum. De mon côté, j’ai déposé une proposition.
Les Français attendent, je le crois, plus de la droite qu’une opposition en carton-pâte. Récemment, un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match rejouait la présidentielle, un an après l’élection. Je suis à 6% des voix quand Laurent Wauquiez, malgré les moyens très largement supérieurs dont il dispose, ne se hisse qu’à 8%. C’est révélateur, me semble-t-il, d’un certain problème de cohérence entre les discours et les actes que les Français ont très bien perçu.
Toutefois, quand je parle de l’opposition je pense également à Marine Le Pen. Ses discours évoluent aussi dans le bon sens et je pense qu’elle est sincère. Malheureusement, je regrette qu’elle ne prenne pas plus au sérieux l’intérêt d’une union des droites.Pour rassembler tous les patriotes, il faut aussi rassembler les patriotes de droite. Malheureusement, on a d’un côté Laurent Wauquiez, qui ne parle ni avec Marine Le Pen, ni avec moi et qui insulte nos 10 millions d’électeurs communs. De l’autre, on a Marine Le Pen qui semble ne pas vouloir comprendre la démarche de l’union des droites.
Le vrai problème, il me semble, c’est qu’ils pensent encore pouvoir gagner seuls. Pourtant, sans une coalition à trois pieds, composée de Les Républicains, du Front National et de Debout La France, la droite ne pourra pas gagner.
Planet : Pour Rachida Dati, la figure la plus à même de réussir l’union des droites, c’est Marion-Maréchal Le Pen. L’ancienne garde des Sceaux le déplore d’ailleurs. Souscrivez-vous à cette analyse ?
Nicolas Dupont-Aignan : Je pense qu’il y a autour de Marion Maréchal Le Pen un certain emballement médiatique. Il est probablement lié à son absence. C’est quelqu’un que je connais et qui, je crois, est beaucoup plus modeste que ne le sont ses soutiens. Indéniablement, elle représente un avenir certain mais entre aujourd’hui et une potentielle élection - ou même une disparition de la vie politique - il y a long chemin. Elle est tout à fait lucide là-dessus.
Planet : Un récent sondage Ifop-Fiducial pour le Journal du Dimanche plaçait Jean-Luc Mélenchon en opposant principal à Emmanuel Macron, pour 51% des Français. Qu'est-ce que cela traduit de la place de la droite sur l'échiquier politique ?
Nicolas Dupont-Aignan : Encore une fois, cela traduit notre responsabilité essentielle. Nous devons nous unir et travailler ensemble. Notre division, c’est l’assurance de créer un boulevard et un monopole au duo Macron-Mélenchon. C’est précisément ce qu’attend Emmanuel Macron : après avoir été élu contre Marine Le Pen en 2017 il veut l’assurance d’être réélu contre Jean-Luc Mélenchon en 2022. Alors que, j’en suis convaincu, Emmanuel Macron est minoritaire en France. Il n’a pu gagner que grâce à nos divisions et des programmes qui n’étaient pas tout à fait adaptés.
Si nous ne travaillons pas ensemble, la droite sera mécaniquement spectatrice d’un second tour terrible pour la France.
Il ne s’agit nullement de fusionner tous les mouvement politiques ! Il faut simplement apprendre à jouer collectif car sinon, ceux qui aiment vraiment la France n’auront jamais accès au pouvoir. Nous ne pouvons pas gagner seuls. Emmanuel Macron ne le pouvait pas non plus et il a été aidé par une partie de la droite, une partie de la gauche, les centristes… par tous ceux qui voulaient voir la France disparaître dans l’Union Européenne.
Cette alliance demande un travail exigeant et de la sincérité. Il faut savoir passer au collectif comme je le disais, mais aussi respecter l’intégralité des partenaires, même les plus petits. C’est ce que je fais, notamment avec les Amoureux de la France. Enfin, il faut travailler sur un programme réfléchi ensemble, bâti sur les dénominateurs communs qui nous rassemblent. C’est le cas notamment, des thématiques de l’immigration, du contrôle des frontières, de la justice sociale, de l’aménagement du territoire, de la volonté d’une politique internationale indépendante… Nous avons beaucoup plus de ressemblances que de différences.