Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Planet : Martine Aubry a refusé de faire partie du gouvernement et ne veut pas non plus être candidate aux élections régionales. Quel état d’esprit cela traduit-il, selon vous ?Thomas Guénolé : "Il y a un énorme malentendu autour de Martine Aubry. Elle est considérée comme une battante alors que c’est faux. Toute sa carrière a consisté à être le bras droit de quelqu’un, à être dans la roue d’une autre personne. Cela a notamment été le cas quand Lionel Jospin était au gouvernement ou encore lors des dernières primaires PS où elle envisageait d’être derrière DSK. Ce n’est pas quelqu’un qui prend des risques. D’ailleurs, si elle est aujourd’hui maire de Lille c’est parce qu’elle y a été parachutée. Elle n’a pas eu besoin de livrer bataille.
Planet : Est-ce pour cela qu’elle ne s’est pas présentée aux élections régionales dans le Nord-Pas-de-Calais ?Thomas Guénolé : Il y avait deux options : la norme qui consiste à faire ce qu’elle a toujours fait, et ne pas aller au combat, ou bien l’exception. Martine Aubry aurait pu être candidate mais elle y serait allée à reculons, poussée par son entourage comme cela a déjà été le cas avant qu’elle soit élue premier secrétaire du PS. Ses proches avaient dû la pousser pour qu’elle soit candidate, et elle s’est finalement laissée convaincre uniquement parce qu’on lui avait assuré qu’elle en sortirait victorieuse.
Planet : Diriez-vous qu’elle a un rôle à part dans le paysage politique actuel ?Thomas Guénolé : Martine Aubry jouit d’une certaine image qu’elle a obtenue de manière indue. Elle est considérée comme une sorte d’entité vintage du socialisme des années 1990, mais c’est faux, c’est une usurpation. On dit qu’elle est ‘la dame des 35 heures’ alors que ce n’est pas vrai. C’est DSK qui en est le concepteur. C’est lui qui en eu l’idée pendant la campagne de Lionel Jospin aux élections législatives de 1997. De même, lorsqu’elle était au gouvernement, Martine Aubry n’a fait que défendre la ligne de son père, Jacques Delors. Une ligne qui correspond aujourd’hui à une gauche sociale libérale extrêmement modérée en termes de socialisme. On est donc bien loin de la grande figure de la gauche socialiste qu’on lui prête...Cela se voit également au travers du message qu’elle défend face à François Hollande. Rien à voir avec ce qu’Arnaud Montebourg pouvait proposer. Martine Aubry, elle, souhaite la même ligne que celle du président mais en plus modérée. En fait, elle n’est qu’une tigresse de papier.
Planet : Martine Aubry a longtemps été la personnalité politique préférée des Français. Pourquoi selon vous ?Thomas Guénolé : Il y a trois possibilités pour expliquer qu’une personnalité politique soit la plus populaire de son camp. Vous pouvez être populaire grâce à votre capital sympathie, lequel prend alors le dessus sur vos idées. C’était le cas de Bertrand Delanoë. Vous pouvez aussi être populaire car vous incarnez un message radicalement nouveau et souhaité par une partie de votre famille politique. Ce qui est le cas d’Emmanuel Macron. Enfin, vous pouvez être populaire car vous incarnez un symbole profondément important pour votre camp, comme c’était le cas pour Bernard Kouchner avec la gauche humanitaire. Mais d’une manière générale, être populaire dans son camp ne signifie pas que l’on en deviendra le chef de file majeur…"