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"Il y a 80% des Français qui ne veulent plus du duel Macron-Le Pen", affirmait sans hésiter le président des Hauts-de-France, qui brigue aujourd’hui la tête de la région ainsi que l’Elysée. Le mercredi 14 avril 2021, sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, il a expliqué pourquoi il trouvait cette information "marquante". Les électeurs, assure-t-il, "savent que cela conduira à une nouvelle impasse". "Ils savent que cela conduira à une crise. Et ils ont besoin d’espoir", achève-t-il ensuite. Accusé par le présentateur de ne pas choisir entre les deux, Xavier Bertrand nie : il dit avoir pris ses responsabilités et avoir clairement appelé à voter contre Marine Le Pen en 2017, en direct à la télévision. Mais selon lui, la question pourrait ne pas se poser une seconde fois. "Vous voulez que je vous dise ? Vous me ré-inviterez si vous le voulez. Le duel Macron-Le Pen, au deuxième tour, il n’aura pas lieu", assène-t-il en effet.
Pour l’heure, pourtant, c’est bien le scénario qui apparaît le plus probable assure BFMTV. La chaîne d’information en continue dévoile un tout nouveau sondage donnant les deux rivaux de la dernière élection présidentielle au coude-à-coude pour le prochain scrutin. Tous deux, poursuivent nos confrères, distancent leurs concurrents d’une large avance. Bien sûr, pareille étude présente un certain nombre de failles potentielles : elle se base sur des hypothèses qui sont aujourd’hui invérifiables. Impossible de dire, par exemple, qui sera le candidat de la droite de gouvernement et à quel point certaines familles politiques pourraient s’avérer morcelées.
Le duel Macron-Le Pen aura-t-il encore lieu ?
Dès lors, qui dit vrai ? Xavier Bertrand a-t-il raison d’affirmer que Marine Le Pen et Emmanuel Macron n’auront pas le droit à un match retour ? Pour Emmanuel Rivière, directeur général France pour l’institut d’études de l’opinion Kantar, il est tout à fait possible qu’une majorité des Françaises et des Français rejettent en effet le fameux affrontement dont tout ou partie de la presse a décidé de rabâcher les oreilles des électeurs. Cela n’empêcherait pas pour autant que celui-ci ait lieu… Explications.
Le paradoxe du duel Macron-Le Pen
"Il ne m’apparaît pas très intéressant de poser la question du duel Macron-Le Pen de cette façon", observe d’entrée de jeu le sondeur, pour qui ce type d’interrogation manque de sens. "Il ne suffit de pas de dire que l’on ne veut pas de ce second tour là pour soudainement s’en affranchir comme on conjurerait une malédiction. Ce n’est pas comme cela que fonctionne le processus de choix par lequel passent les électeurs Français", poursuit-il.
En outre, poursuit-il, il apparaît assez logique que ce duel soit majoritairement rejeté. "Le refus de ce duel correspond au cumul des refus individuels d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Cela signifie que même des électeurs de l’un ou de l’autre des candidats le refusent très probablement. Parce qu’ils n’aiment pas l’un ou l’autre des figures proposées. Il n’y a que les stratèges ministériels pour se poser la question en ces termes", juge-t-il encore.
Dès lors, assure-t-il, ce que dit Xavier Bertrand n’est pas par essence faux. Cela ne signifie juste pas grand-chose puisque, en pratique, il est impossible d’en tirer le moindre pronostic. "Il est dans une logique de challenger. Il est normal d’affirmer que l’histoire n’est pas écrite", poursuit-il. Mais qu’en est-il en pratique ?
Emmanuel Macron, Marine Le Pen… Qui, véritablement, a intérêt à ce que se tienne le duel ?
"Nul n’a de boule de cristal, il importe donc de faire preuve d’un peu d’humilité. Cependant, il existe des éléments nous permettant d’envisager certains scénarios plutôt que d’autres. Ainsi, rappelons-nous qu’en avril 2016, aucun sondage n'évoque alors un duel Macron-Le Pen. François Fillon n’est d’ailleurs pas encore en situation d’être présidentiable", souligne sans ambages le directeur général France de Kantar. "Par ailleurs, si l’on se penche sur l’histoire politique du pays, on réalise que sous la Vème République, il n’y a pas eu de match retour au cours d’une élection présidentielle depuis… 1981. Certains étaient pourtant très attendus, comme le Chirac-Jospin de 2002 ou le Sarkozy-Hollande de 2017", poursuit-il.
De quoi illustrer, admet-il, les limites de l’outil sondage. Si loin avant le début de l’élection présidentielle, ils peuvent servir à réaliser des simulations, à comprendre éventuellement le trajet de pensée des électeurs, mais certainement pas à faire office d’intentions de vote.
Du reste, il n’empêche qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont tous deux - à divers degrés - intérêt à permettre ce duel.
"Marine Le Pen ne peut que profiter de la fatigue du pouvoir dont souffrira Emmanuel Macron. Elle est également moins mise en danger par un candidat ouvertement plus à gauche qu’elle. En outre, en cas de défaite, ce serait l’occasion pour elle de devenir la véritable de leader de l’opposition, ce qu’elle n’a pas su faire après 2017", analyse Emmanuel Rivière.
"Emmanuel Macron, pour sa part, bénéficie en effet de la mise en scène opposant les ‘progressistes’ aux ‘nationalistes’. Il peut donc estimer que le Rassemblement national ferait office d’adversaire idéal. En pratique, il doit trouver le bon équilibre", poursuit le spécialiste pour qui le président prend un risque s’il installe trop l’idée que sa rivale du précédent scrutin est l’élément inamovible du second tour. "Si Marine Le Pen ne peut pas bouger, les électeurs pourraient être tentés de changer de choix ‘acceptable’ pour l’affronter", indique-t-il.