Edouard Philippe candidat pour 2027... Ou avant la fin du macronisme ?Illustrationabacapress
Mardi soir, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe a déclaré être candidat aux élections présidentielles de 2027. Une décision que certains ont condamné comme une trahison envers Emmanuel Macron. Mais celui-ci étant susceptible de démissionner avant la fin de son mandat d'après certains spécialistes, l'actuel maire du Havre aurait pris les devants en faisant cette annonce aussi tôt.
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Si la plupart des médias en font peu de cas, voire en sourient sur les plateaux télévisés, Edouard Philippe, ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron et actuel maire du Havre, a bien annoncé mardi soir au magazine Le Point sa candidature aux élections présidentielles (sans préciser la date de 2027), et mis la machine en branle. Et si la démarche du président d'Horizons, engagée bien avant les autres partis, avait une stratégie bien définie ? Ce même si Michel Barnier vient d'être nommé à Matignon.

Une possible démission d'Emmanuel Macron ?

Une motion de censure pourrait toutefois l'empêcher d'accéder au poste si elle est votée à l'Assemblée nationale. L e député Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN au palais Bourbon, a ainsi donné sur France Inter son opinion sur Michel Barnier ce jeudi : "on fait du Jurassic Park en permanence, c’est-à-dire aller chercher des fossiles [pour leur] redonner vie."

Mais une rumeur persiste depuis quelques jours face à l'impasse devant laquelle se trouvait le chef de l'État : il serait susceptible de démissionner d'après plusieurs éditorialistes politiques, qui suggèrent un retrait "inéluctable". C'est aussi le cas de beaucoup de Français, comme on pouvait en écouter un ce matin sur Europe 1.

Car la "macronie" semble bien être derrière nous, comme le constate le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure sur TF1 : "voir que c’est un ancien Premier ministre d’Emmanuel Macron qui tire un trait sur le président de la République et qui considère que le 'macronisme', c’est terminé, et bien, ça dit quelque chose de la période."

Edouard Philippe opportuniste ?

L'ancien pensionnaire de Matignon pourrait donc avoir anticipé cette possibilité et vu l'opportunité de démarrer sa campagne avant tout le monde comme évoqué. Mais a-t-il vraiment ses chances en cas de présidentielles anticipées ? Lui qui fut le Premier ministre "enfermiste" lors du Covid, à l'origine de la réforme des retraites mais surtout du mouvement des Gilets jaunes reste toutefois l'un des hommes politiques les plus populaires.

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En tout cas, il y croit et déclare dans son entretien au Point : "ce que je proposerai sera massif. Les Français décideront", en réponse à la question sur ses "atouts" posée par l'hebdomadaire.

Un secret bien gardé : même son camp n'était pas au courant 

"Qu’est-ce qu’il fait ? C’est le pire timing !" a déclaré le soir même un membre de son groupe au Figaro. Qui a reçu également les confidences d'un proche d'Edouard Philippe : "il a fait ça dans son coin, sans que grand monde ne soit au courant. Comme ça, aucune fuite possible." Témoin qui a lui-même appris la nouvelle dans la soirée de mardi.

Les réactions des autres groupes de l'assemblée n'ont pas tardé. Le président du groupe Les Républicains du Sénat, Bruno Retailleau, va dans le même sens qu'Olivier Faure sur BFMTV/RMC : "Ce n’est pas dans le timing. Ça marque bien la fin du “macronisme”, on est entré dans une autre période." 

Un membre de Renaissance, au micro de France Inter : "C’est une sortie doublement maladroite : sur le timing, trois ans avant l’élection, et sur ses sous-entendus qu’il se prépare en fait à une présidentielle anticipée." Le timing, encore...

Des réactions négatives de gauche à droite

Antoine Léaument, député La France Insoumise, a été l'un des premiers du groupe NFP à réagir sur X : 

Eric Ciotti, président Les Républicains a déclaré sur France 2 qu'Edouard Philippe était le "parangon d’une technocratie arrogante qui n’écoute pas le peuple." 

La députée et vice-présidente du RN Edwige Diaz, sur France Bleu Limousin : " Je trouve que cette annonce est indécente au moment où la France est en crise et plongée par Emmanuel Macron dans un bourbier, on a quelqu’un qui vient nous parler de ses ambitions personnelles." 

Puis rappelle son bilan : "quand je pense Edouard Philippe, je pense réforme des retraites, je pense 80 km/h, je pense taxe sur les carburants, je pense gilets jaunes. Évidemment, je ne souhaite pas qu’Edouard Philippe soit le prochain président de la République, je souhaite que la prochaine présidente de la République soit Marine le Pen."