Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Pour Bruno Le Maire, c’est une question de "cohérence". Le ministre de l’Economie a déclaré le lundi 12 juin dernier, vouloir "retirer, dès le projet de loi finances 2024, un certain nombre d’avantages fiscaux sur les énergies fossiles", lors d’une table ronde consacrée à l’industrie verte organisée par le Parti Renaissance. "Sur l’argent public, je pense qu’il est essentiel d’avoir de la cohérence (…) Cela veut dire qu’on ne peut pas investir sur le vert et continuer à avantager le brun. Ça veut dire faire ce qui est le plus difficile en politique, faire des choix. Et quand on fait des choix, on ne satisfait pas tout le monde", a-t-il déclaré.
La suppression de ces avantages fiscaux pourrait avoir des répercussions sur plusieurs secteurs, tels que le transport routier, le bâtiment et les travaux publics. Selon le locataire de Bercy, il serait nécessaire de réfléchir à comment accompagner ces secteurs durant cette transition : "Pour tous ceux qui sont concernés - ça peut être les transporteurs routiers, les entreprises du bâtiment, les travaux publics -, ça veut dire que les chantiers ne sont plus rentables, que les entreprises peuvent perdre de l’argent. Donc il faut regarder comment les accompagner", a-t-il développé. "De l’accompagnement, par exemple comment on va vous aider, vous, transporteurs, à investir dans des véhicules moins polluants, à moteurs électriques", ajoute-t-il dans une idéologie écologique de transition.
Une allergie fiscale, vraiment ?
Bruno Le Maire a également répété son opposition à l'idée d'un "ISF vert", précise Capital. Cette proposition a été récemment lancée par l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz. Il a souligné que l'introduction d'une telle mesure fiscale pourrait provoquer une "allergie fiscale à la décarbonation" de l'économie parmi les Français les plus riches. "Quand on dit 10 % des Français les plus riches, c'est quand même 10 % des Français, c'est plusieurs millions de personnes. Donc il faut faire très attention à ne pas susciter une allergie fiscale à la décarbonation de notre économie", a-t-il dit.
Le niveau d'imposition le plus élevé de tous les pays de l'OCDE
"Aucun mépris de notre part, on regarde toutes les options, y compris l’ISF vert, on a regardé ça très attentivement, mais nous considérons, avec le président de la République et la Première ministre, que cette option d’augmentation de la fiscalité n’est pas la meilleure dans un pays qui a le niveau d’imposition le plus élevé de tous les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)", a insisté Bruno Le Maire.
Il s’est par ailleurs prononcé en faveur d’un "caractère opposable des aides d’État" pour les investissements en faveur de la décarbonisation : "Et Dieu sait que je ne suis pas un fan de la conditionnalité de ces aides publiques."
Qu’en pense réellement Emmanuel Macron ?
Même si Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Bruno Le Maire de l'Economie affirment avoir le soutien et l’accord de l’exécutif, celui-ci n’en a pourtant pas vraiment fait part. Pourtant, le président de la République a longtemps clamé, durant la précédente campagne présidentielle, sa volonté de ne pas augmenter les impôts et même de les baisser autant que possible, comme le rappelle Le Figaro. Depuis, rien n’a changé ou presque. Malgré les recommandations plutôt inquiétantes du rapport Pisani-Mahfouz, le chef de l’Etat ne change pas de bord pour autant : "Il est utile de révéler le coût de la transition, mais il est important d’éviter le piège à la con du débat sur la fiscalité des riches", explique-t-il ardemment. "Si on avait le taux d’emploi et le taux de chômage de l’Allemagne, on créerait davantage de richesse et on ne poserait pas la question du financement", a-t-il ajouté, choisissant donc plutôt des réformes qui se veulent progressives.