Boeing disparu : comment a-t-on pu perdre la trace de cet appareil ? ©AFPAFP
Cinq jours après la disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines en mer de Chine, les recherches menées par plusieurs nations asiatiques n'ont rien donné. Nul ne sait où se trouve cet avion qui a brutalement disparu des écrans de radars en plein vol. Comment une telle situation est-elle possible ? Eléments de réponse avec Roger Rousseau, secrétaire national du Syndicat national des contrôleurs aérien (SNCTA).

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Planet : Que se passe-t-il dans les tours de contrôle quand un avion sort des écrans de radars ? Roger Rousseau : En Europe, aux Etats-Unis, dans certains pays asiatiques et dans les zones de trafic aérien dense, le contrôleur aérien est en permanence en contact avec le pilote. Quand l’avion disparaît des écrans radars, le contrôleur aérien l'appelle tout de suite. Si jamais ce dernier ne répond pas, on parle alors de pertes radar et radio simultanées, ce qui déclenche automatiquement une alerte auprès du SAR (search and rescue). Le contrôleur indique ensuite la dernière position enregistrée de l’appareil, l’heure à laquelle celle-ci a été enregistrée et l’altitude de l’avion pour orienter les recherches.

Planet : Dans le cas du Boeing 777 de Malaysia Airlines, pensez-vous que c’est ce qui s’est passé ?Roger Rousseau : Je ne sais pas comment fonctionne le système de contrôle aérien civil en Malaisie. Aussi, je pense que la dernière trace qui a été enregistrée de cet avion a été donnée par des radars militaires. Alors que ceux-ci servent à détecter les appareils intrus dans l’espace aérien du pays, il est fort probable qu’ils aient repéré le Boeing mais ne se soient pas inquiétés car ils avaient été prévenus de son passage. Ainsi, la position qu’ils ont enregistrée ne serait pas la dernière de l’appareil mais uniquement la dernière enregistrée, ce qui expliquerait pourquoi les recherches entamées sur cette zone sont restées vaines.

D’autre part, même si l’avion était en contact avec un radar civil, il ne l’était certainement pas en permanence. En effet dans les zones de faible densité, le contrôleur donne une route et une altitude à suivre au pilote. Tous les deux se fixent ensuite des rendez-vous toutes les 30 ou 45 minutes pour s’assurer que tout va bien. Mais entre deux rendez-vous, le pilote, le personnel de bord et les passagers sont seuls et en cas de disparition, il est ensuite plus très difficile de déterminer le lieu où concentrer les recherches C’est peut-être ce qui s’est passé pour le vol MH370. Ce qui pourrait également expliquer pourquoi on ne sait pas exactement où chercher.

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Planet : Arrive-t-il parfois qu’un avion sorte quelques minutes des écrans de contrôle ?Roger Rousseau : Oui, il arrive parfois qu’il y ait une panne au niveau du radar au sol ou du transpondeur (ce que le radar au sol interroge dans l’avion, ndlr), auquel cas il est impossible de déterminer la position de l’avion. Le premier réflexe du contrôleur est alors d'appeller le pilote pour lui demander ‘vol numéro X, vous me recevez ?’. En général, le pilote répond ‘oui’ et tout rentre dans l’ordre. Mais si jamais ce n’est pas le cas, l’alerte est donnée auprès du SAR. Outre une panne, la disparition d’un avion des écrans de radars peut également résulter d’une trop forte densité d’appareils dans une même zone, laquelle entraîne une saturation. Mais encore une fois, ce n’est pas dramatique, et c’est le plus souvent réglé très rapidement.

Planet : Comment expliquer qu’aucun signal de détresse n’a été envoyé par le Boeing de Malaysia Airlines ? Roger Rousseau : Si le pilote fait face à une panne de moteur ou de carburant, il a le temps de donner un signal d’alerte. En revanche, s’il fait face à un décrochage de son avion, son premier réflexe n’est pas d’alerter les équipes au sol mais plutôt de stabiliser l’appareil. Ce n’est qu’une fois que l’avion est redressé que celui-ci lance un signal de détresse. Dans le cas du Rio-Paris par exemple, les radios fonctionnaient mais les pilotes n’ont pas eu le temps de donner l’alerte. Ils ont préféré se concentrer sur l’urgence. Planet : Selon vous, qu’est-il arrivé au vol MH370 ?Roger Rousseau : On peut faire de nombreuses suppositions. L’avion peut avoir été victime d’une panne électrique totale. Dans ce cas, il aurait pu continuer à voler mais aurait été coupé de tout contact radio avec la terre. Mais cette hypothèse me semble peu probable. On peut également supposer que l’appareil s’est disloqué en l’air après une attaque terroriste. Il y a une telle pressurisation à bord que la moindre petite explosion peut s’avérer très grave. Par ailleurs, il est possible que le Boeing ait été victime d’une aile qui se décroche ou bien d’une quelconque autre défaillance. Mais cette dernière éventualité me semble également peu probable au regard du très bon niveau de sécurité des appareils de Malaysia Airlines. Enfin, il est également possible que le pilote ait perdu le contrôle de son avion.

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