Qui est Cathy Chatelain, cette ancienne gardienne de prison jugée dans une affaire d’assassinat ?AFP
Cathy Chatelain, 48 ans, mère de 5 enfants et ancienne gardienne de prison a comparu dans le procès impliquant le grand banditisme corse dans un double assassinat à l'aéroport de Bastia en 2017.
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Sa vie a inspiré un film, Borgo. Celui-ci est sorti en 2023, avant même la tenue du procès qui a débuté en mai 2024, et dans lequel elle a comparu pour des soupçons de complicité de participation d’assassinat. Son rôle ? Elle aurait donné le “baiser” de la mort à Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini, les désignant ainsi au tueur qui les prit pour cibles sur le parking de l’aéroport de Bastia-Poretta en décembre 2017. 

Les victimes se trouvaient au coeur d’un conflit entre des figures du banditisme corse, la bande de la “Brise de Mer” dont le procès s’est ouvert le 6 mai à la Cour d’Assise des Bouches-du-Rhône pour s'achever le 28 juin. 

Une ancienne gardienne de prison 

Comment Cathy Chatelain, également connue sous le nom de Sénéchal, son ex-mari, a-t-elle pu s’impliquer dans une telle affaire ? Quelles étaient ses motivations et comment expliquer son geste, s’il est avéré ? C’est justement l’un des enjeux des échanges qui ont lieu dans le prétoire mais aussi des nombreux articles parus au depuis l’ouverture du procès au sujet de cette femme au parcours mystérieux, notamment ce portrait dans le NouvelObs, cet article de La Provence ou encore cet autre dans Corse Matin

Tous décrivent une femme au caractère affirmé, plutôt mutique, et qui laisse planer le mystère sur ce fameux basculement. Certains cherchent des causes dans son enfance : un abandon par son père alors qu’elle est encore très jeune, de la maltraitance et peut-être l’inceste qu’elle aurait subi de la part d’un beau-père. Ces portraits rapportent aussi les propos d’un expert psychologue parlant à son sujet de “corsicalisation”. 

“Corsicalisée”

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Celle qui se destinait à l’origine au métier de sage-femme devient plus tard surveillante à la prison de la Santé. Elle arrive en 2014 l’Île de Beauté ; elle aurait quitté l’Île de France pour protéger l’un de ces cinq enfants, victime de harcèlement scolaire. Elle devient surveillante pénitentiaire dans la prison de Borgo - d’où le titre du film de Stéphane Demoustier avec Hafsia Herzi dans le rôle principal. 

Lors d’une audience, rapport le NouvelObs, un avocat lui demande de décrire sa vie en Corse avant le double assassinant. 

Elle répond : “Ma vie sociale, elle était nulle. J’avais mes détenus avec lesquels je discutais. Je passais tout mon temps en détention. C’est sûr que j’aurais préféré avoir des amis à l’extérieur avec qui boire un verre, mais c’était pas possible, je n’avais pas le temps.” Était-elle heureuse ? Lui demande-t-on. “J’étais heureuse de l’endroit où j’étais, mais je n’étais pas heureuse dans ma vie”, réplique-t-elle. 

Une forme de radicalisation ?

Mais elle s’attaque à la Corse, à sa culture, à ses “clans” et elle y trouve une place. Les psychologues qui l’ont interrogée estiment qu’elle éprouve pour ce milieu une “fascination”, comme le rapporte France 3 Régions. Un psychiatre dresse un parallèle avec les terroristes radicalisés : "Ce n’est pas lemême niveau que les terroristes mais elle a pu trouver une revalorisation à travers son appartenance à ce clan (...) sa fragilité psychologique favorise son adhésion : elle maintient son mode de fonctionnement avec une ligne de conduite et une droiture."

En prison, elle aurait un “comportement exemplaire”, participant notamment aux activités de la bibliothèque. Elle est soutenue par certains de ses enfants - l’un d’eux a témoigné lors du procès, mais l’une de ses filles refuse de la voir. “Elle a le même caractère que moi”, aurait-elle glissé à son propos.

Le verdict

Fin juin, le verdict est tombé : Cathy Châtelain a été condamnée à 23 ans de réclusion criminelle. Un sentance à l'encontre de laquelle elle et les autres personnes accusées ont interjeté appel, indiquait notamment Corse Matin le 2 juillet 2024. Plusieurs avocats ont estimé que les audiences menée par la cour d'assises de Bouches-du-Rhônes n'ont pas permis de donner lieu à un "véritable procès" contradictoire.