Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) a publié jeudi 14 novembre son rapport d’enquête "Vécu et ressenti en matière de sécurité" réalisé en 2023. Plus que des sentiments...
Un bateau sans capitaine. Le 4 décembre 1872, un navire de commerce américain qui vogue vers l’Europe fait une drôle de découverte en plein océan Atlantique. Le soleil est levé depuis longtemps, l’équipage du Dei Gratia a bien les yeux en face des trous lorsqu’il aperçoit une imposante silhouette à l’horizon, qui se dirige vers eux en zigzaguant. Il s’agit d’un brick-goélette– un voilier à deux mâts – partis de New York peu de temps avant eux mais qui ne répond pas aux signaux du capitaine. L’équipage est-il assoupi ? Sont-ils tous tombés malades ?
Bateau fantôme : l'étrange découverte de 1872
Les hommes du Dei Gratia décident de monter à bord de ce bateau silencieux, mais personne ne vient les y accueillir. Après un tour rapide du propriétaire, ils remarquent que les vivres sont toujours là, tout comme l’eau potable, que la cargaison d’alcool qui devait être livrée à Gênes est restée intact, mais que le capitaine, sa femme, sa fille et surtout ses hommes manquent cruellement à l’appel. Il y a tout de même quelque chose d’anormal sur ce bateau, car les voiles sont déchirées, une chaloupe a disparu et la cale est inondée. Les cabines sont en ordre, les effets personnels du capitaine sont encore là et rien ne permet d’expliquer l’absence de l’équipage.
En fouillant un peu, les marins découvrent le livre de bord du navire, dont la dernière entrée est datée du 25 novembre 1872, soit neuf jours avant cette découverte. D’après les informations qui y figurent, le Mary Celeste se trouvait alors à 74 kilomètres de là, donc que s’est-il passé durant ce laps de temps ? Un incendie ? Un acte de piraterie ? Une chose est sûre, le bateau ne présente aucun risque de couler et est en très bon état, ce qui rend encore plus incompréhensible la fuite de l’équipage. À moins que le navire ne soit maudit ? L’enquête qui s’ouvre en 1872 dévoile le passé assez sombre de ce navire qui semble attirer le malheur partout où il va.
Bateau fantôme : le Mary Celeste, un navire maudit ?
Le Mary Celeste est à peine arrivé à Gênes (Italie), que le tribunal militaire cherche à comprendre ce qu’il s’est passé, en retraçant l’histoire du navire. Construit en Nouvelle-Ecosse en 1860, il porte alors le nom d’Amazon et connaît un premier malheur dès son départ avec la mort en mer de son tout premier capitaine. Les propriétaires s’enchaînent, mais tous font faillite à la tête de ce navire tout neuf, jusqu’à l’année 1872, quand le capitaine Benjamin Spooner Briggs en prend le gouvernail. Pour ce premier voyage, il décide d'emmener avec lui des hommes de confiance et expérimentés, pour ce long voyage en compagnie de sa femme et de leur fille de deux ans.
Le cahier de navigation trouvé sur le bateau ne fait état d’aucun incident lors des trois premières semaines de traversée et tout semble avoir basculé à la fin du mois de novembre. Que s’est-il passé le 26 novembre 1872, qui a poussé l’équipage du Mary Celeste à prendre la fuite ? Arnaque, pieuvre géante, phénomène paranormal… Plusieurs hypothèses ont été évoquées.
Bateau fantôme : accident ? Arnaque ? Pieuvre géante ?
L’abandon du Mary Celeste est-il une arnaque ? Pour certains, les capitaines des deux navires se connaissaient forcément, étant partis du même endroit et, venant du même milieu, ils auraient pu être de mèche. Cette théorie veut que le capitaine Briggs ait assassiné l’ensemble de son équipage avant d’être recueilli par le Dei Gratia et débarqué à Gibraltar, où il aurait touché la moitié de la récompense pour navire ramené à bon port. Pourtant, cet homme de 37 ans, puritain dans l’âme, aurait eu plus gros à perdre qu’à gagner avec cette combine. Elle ne tient donc pas la route.
Pour d’autres, c’est forcément l’équipage qui est fautif, puisque le bateau transportait de l’alcool. Les hommes de Briggs l’ont-il assassiné, lui et sa famille, sous l’effet de l’ivresse ? L’alcool transporté par le bateau avait été dénaturé avant la traversée, le rendant donc imbuvable… Encore une fois, l’hypothèse ne tient pas. L’équipage du Dei Gratia a-t-il assassiné toutes les personnes présentes à bord du Mary Celeste pour ensuite toucher la récompense ? On n’y croit pas non plus. Pour certains, seul un phénomène paranormal peut expliquer cette disparition soudaine. L’attaque d’une pieuvre géante est évoquée, tout comme celle d’extraterrestres des années plus tard. Une tornade ou un séisme sous-marin ont-ils emporté l’ensemble de l’équipage qui se trouvait sous le pont ? Impossible de le savoir.
Pour un des cousins du capitaine, seul un danger imminent aurait pu expliquer un abandon si précipité. Un départ de feu du aux vapeurs d'alcool a notamment été évoqué, faisant craindre un risque d'explosion à l'équipage. Comment expliquer pour autant que le navire soit toujours à flot ? Que personne n'ait vu les hommes présents à bord ? Qu'elles soient farfelues ou non, ces différentes théories ne permettent pas de répondre à une question essentielle : que sont devenus Briggs, sa femme, sa fille et ses hommes ? Ont-ils dérivé en mer, sur la chaloupe, sans jamais retrouver la terre ferme ?
Les années suivantes, le navire passe de main en main, précédé par sa réputation de bateau maudit. Il sera finalement échoué volontairement par son dernier propriétaire, qui voulait ainsi arnaquer son assurance. Briggs, sa femme et ses hommes n'ont jamais été retrouvés, ni en mer, ni sur terre. 150 ans après sa découverte au milieu de l'Atlantique, le mystère du Mary Celeste n’a toujours pas été éclairci et ne le sera sûrement jamais. Souvenez-vous, la mer ne révèle jamais ses secrets.
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