Le calvaire de Marie, 67 ans, violée par une cinquantaine d’hommesIstock
L'horreur. C'est une histoire à peine imaginable sur laquelle travaillent depuis plus d'un an les enquêteurs du Vaucluse. Une affaire de viol avec… près de cinquante suspects, tous soupçonnés d'avoir abusé de Marie, une paisible retraitée de 67 ans. Les agressions auraient été orchestrées pendant près de dix ans par son propre mari, qui n'aurait pas hésité à la droguer jusqu'à l'inconscience, pour que tout ce petit monde puisse commettre ces atrocités en toute impunité pendant qu'elle dormait profondément.
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Depuis plus d’un an, le parquet d’Avignon planche sur une affaire sordide, et hors du commun. Dans la région, pas moins d’une cinquantaine d’hommes sont soupçonnés d’avoir violé une retraitée de 67 ans, pendant près de 10 ans. Son mari est quant à lui suspecté d’avoir drogué son épouse pour permettre ses agressions, qu’il aurait sciemment organisées.

Tout commence le 12 septembre 2020, dans un supermarché de Carpentras (Vaucluse). Ce jour-là, l’agent de sécurité remarque qu’un homme est en train de filmer avec son téléphone sous les jupes des clientes. Les policiers de la sureté départementale sont appelés sur place, et interpellent le suspect. C’est un homme de 68 ans, qui vit dans la commune de Mazan. Et si à première vue, cet électricien à la retraite n’a rien d’un dangereux criminel, les enquêteurs ne vont pas tarder à découvrir l’ampleur de sa perversité.

Lors d’une perquisition au domicile du sexagénaire, les policiers récupèrent un ordinateur, un appareil photo et un caméscope. Ce qu’ils contiennent glace le sang. Des photos dénudées de la Marie, la femme du suspect, une retraitée de 67 ans, côtoient des conversations très explicites de l’homme avec divers interlocuteurs, portant sur de nombreux abus qui auraient eu lieu au domicile conjugal.

Livrée à des inconnus dans son sommeil

Le parquet d’Avignon décide alors d’ouvrir une enquête pour « viols aggravés ».

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Et au fil de l’enquête, les révélations toutes plus sordides les unes que les autres, vont s’enchaîner. Les policiers recensent, chez le retraité, des dizaines d’ordonnances de somnifères, qu’il aurait utilisé pour droguer sa femme jusqu’à l’inconscience.

En novembre 2020, deux mois après son interpellation au supermarché, le retraité est à nouveau convoqué au commissariat. Sa femme l’accompagne. Elle est alors loin de se douter de ce qui l’attend. Sur place, alors que son mari est mis en examen les enquêteurs lui apprennent que son mari est soupçonné de l’avoir droguée pour abuser d’elle, et, comble de l’horreur, de l’avoir livrée à d’autres hommes pendant son sommeil.

Le choc de la victime

Pour Marie, c’est le choc. La retraitée, qui évoquait certes « des absences », ne se doutait pas une seconde d’avoir subi de tels abus, encore moins de la part de son époux. Ils étaient mariés depuis cinquante ans, et ensemble, ils ont eu 3 enfants.

Entre temps, son mari passe à table et avoue avoir organisé la venue de « 30 à 50 » inconnus dans le lit conjugal, pendant près de 10 années. Selon l’analyse des ordonnances, la cadence infernale de ces agressions pouvait aller jusqu’à 255 viols par an.

Soumission chimique et viols en réunion : le terrible mode opératoire du mari pervers

Pour commettre ses exactions, le mari a un mode opératoire bien rodé, qu’il va répéter à l’envi pendant 10 ans.

Entre 2010 et 2020, le retraité aurait contacté des dizaines d’individus via des sites de libertinage, en leur proposant une sordide aventure : « coucher » avec sa femme alors que celle-ci est profondément endormie, et que lui-même assiste à la scène. Autrement dit, la violer en réunion.

Aux enquêteurs, le mari aurait raconté que sa femme se faisait prescrire des somnifères depuis 2013, en raison de troubles du sommeil. Pendant cette période, il se rend compte qu’il peut s’adonner à des actes sexuels sans qu’elle ne réagisse, ni même s’en rende compte. Il décide alors de lui en faire prendre des quantités assommantes à son insu, pendant le dîner. Mais bientôt, abuser en solitaire ne lui suffit plus : il propose alors à d’autres hommes libertins de venir « assister » aux viols. 

Dans les messages qu’il échange avec les utilisateurs du site, il précise même quels sont les dosages de somnifères nécessaires pour endormir son épouse, et donne des indications précises pour rejoindre leur villa. Le salon de chat qu’il anime sur le site libertin est même sordidement baptisé « à son insu ».

Le soir venu, alors que Marie est inconsciente, « l’invité » abuse d’elle, puis, c’est au mari de violer sa femme.

Pompier, gardien de prison… Les 44 suspects aux profils déroutants

Grâce à l’étude minutieuse vidéos et aux photos compilées par le mari violeur, les enquêteurs vont parvenir à identifier au fil des mois près de 60 suspects.

En l’espace d’un an, près de 44 personnes sont interpellées, et 35 sont mises en examen et écrouées.

Leurs profils sont étonnants : ce sont des maris, des pères de famille jugés « respectables ». Ils sont pompiers, journaliste, gardien de prison, infirmiers…

Aux enquêteurs, ils auraient fait des révélations glaçantes sur leurs actes. Le journal Midi Librerapporte notamment les propos que certains suspects  auraient tenus pendant l’enquête :

« Je me rappelle très bien qu’après que j’ai violé son épouse, Dominique P. était plutôt content et qu’il m’a proposé de revenir ».

Un autre confie : « Il m’a expliqué que lors d’un long trajet routier, il lui a donné des somnifères  pour la livrer à d’autres hommes sur des aires de repos  ».

« Cette situation excitait ce monsieur qui prenait le relais dans la relation sexuelle avec son épouse endormie. Dès que sa femme faisait un mouvement, il me demandait de cesser. Il faisait en sorte que sa femme soit bien endormie. Il parlait à voix basse », aurait également assuré un mis en examen.

Les enquêteurs à la recherche d’autres victimes

Pour l’heure, l’enquête se poursuit, et les policiers tentent notamment de savoir si le sexagénaire n’aurait pas pu abuser d’autres victimes durant toutes ses années d’impunité.

Il aurait lui-même avoué avoir drogué la femme d'un couple de libertins chez qui il s'était rendu un soir, avant de tenter d’abuser d’elle. Heureusement, la victime se réveillera à temps, le dosage étant, cette fois, trop faible.

Pour Marie, le cauchemar qui a commencé en septembre 2020 est loin d’être terminé. 

« Pour elle, la vie s’est arrêtée. Le traumatisme est énorme. » confiait son avocate Me Caty Richard à Midi Libre. « Son divorce est en cours, elle a quitté la région, et elle se cache. »