Johan de Witt, le Premier ministre néerlandais qui a été… mangé par ces sujets
Certains peuples enterrent leur reine avec force larmes, d'autres ont opté, dans le passé, pour une solution nettement plus radicale. En 1672, les Néerlandais, enragés par l'incompétence de leur premier ministre Johan de Witt, ont organisé son lynchage. L'homme d'Etat a été violement mutilé par la foule. Ses organes, découpés sur le tas, furent ensuite vendus aux enchères, et on raconte que certains auraient même été mangés par les émeutiers.

Certains épisodes de l’histoire sont plus glaçants que d’autres. En 1672, aux Pays-Bas, le Premier ministre Johan de Witt et son frère ont été victimes d’un terrible massacre populaire.

Cette année-là, le chef d’Etat souffre d’une réputation désastreuse parmi ses sujets. En pleine guerre de Hollande, il a laissé Louis XIV envahir les Pays-Bas, et son propre frère, Cornelius, est accusé d’avoir ourdi un projet d’assassinat à l’encontre du prince Guillaume III d’Orange-Nassau , Stathouder de Hollande, de Zélande, d'Utrecht, de Gueldre et de Overijssel.

Johan De Witt est contraint de démissionner le 4 aout, tandis que Cornelius est arrêté et jeté en prison dans l’attente d’un procès… Qui n’aura jamais lieu. Car dans la rue, la colère gronde ; les Néerlandais se sentent trahis par leur Premier ministre.

Le 20 août 1672, la foule en délire force les portes de la cellule de Cornelius, à la Haye, alors que son frère s’y trouve également, à l’occasion d’une visite. S’en suit un déchainement d’une rare violence. Johan et Cornelius de Witt sont traînés sur plusieurs mètres, tués à coups de mousquets et de hallebardeset « réduits en pièces », littéralement.

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Des morceaux de chair revendus pour dix sous

Dans son ouvrage Le clan Spinoza (Flammarion, 2019), l’écrivain  Rovere décrit ainsi la scène :

On se bouscule pour les voir, on leur arrache leurs vêtements, et à force d’onduler comme un océan en furie, la foule se découvre avide de les toucher, finit par leur ouvrir le ventre, puis se découvre avide de flairer leur sang, avide de s’en mettre sur elle. On parvient à suspendre les cadavres éviscérés au gibet… et on les frappe encore, encore et encore jusqu’à ce qu’ils perdent toute forme…

Leur cœur est arraché à mains nues par la populace.

Les corps suppliciés des deux frères sont ensuite pendus par les pieds à un gibet improvisé, au vu et su de toute la ville.

Mais ça n’est pas tout. Dans les heures et les jours qui suivirent, de nombreux badauds ont prélevé sur les cadavres exposés des morceaux de chair ou d’organes encore présents, avant de les revendre sur le marché, pour « dix sous pièce ».

On raconte aussi que certains des émeutiers ne se seraient pas gênés pour manger certaines parties du corps de Johan de Witt. L’un d’eux aurait même avalé tout rond l’un de ses globes oculaires.

Guillaume III, qui reprendra le pouvoir à la suite des évènements, ne fera pas grand cas de ce massacre, et aucun des responsables ne sera poursuivi.

Aujourd’hui, il existe encore trois statues de Johan de Witt aux Pays-Bas.

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