Procès RN assistants parlementaires Le Pen© Villette Pierrick/ABACAabacapress
Lundi a commencé le procès dit des "faux assistants parlementaires" du Rassemblement national. Parmi les 26 personnes citées à comparaître, Thierry Légier, un ancien militaire et militant de l'Action française, qui était garde du corps de Jean-Marie Le Pen avant d'être celui de sa fille Marine et aujourd'hui de Jordan Bardella. Comme d'autres, il a eu bien du mal à justifier les pratiques de l'époque.
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Thierry Légier n'a pas été le premier des 26 prévenus du procès des "faux assistants" du Front national au Parlement européen, qui s'appelait encore ainsi lorsque l'affaire a éclaté, mais son audition a marqué l'assistance rapporte l'AFP. Cet ancien militaire et militant de l’Action française, mouvement bien connu d'extrême-droite, est l'ancien garde du corps de Jean-Marie Le Pen (qui est dispensé durant toute la durée des débats pour raisons médicales), de sa fille Marine et aujourd'hui de Jordan Bardella.

Monsieur Légier précise qu'il était également responsable de "la sécurité du groupe" au Parlement européen. La cour lui demande plusieurs fois, face à son mutisme "pourquoi avoir signé ce contrat " d'assistant parlementaire de Fernand Le Rachinel, député européen du parti (voir plus bas) ?

Un assistant parlementaire qui n'assiste pas vraiment

Ses réponses sont laconiques : "je faisais confiance au député européen." Lequel demande le président du tribunal ? "Fernand Le Rachinel est député européen, Jean-Marie Le Pen est député européen"

Ce que le tribunal cherche à lui faire avouer, c'est qui n'a jamais en réalité exercé la fonction d'assistant parlementaire. Thierry Légier a du mal à se justifier : "je travaillais 12 à 18 heures par jour. Je m’occupais des visiteurs. Il y un million de bureaux au Parlement", mais aussi des "rendez - vous dans d’autres bâtiments", voire "une réunion dans un bar… Il y a cinq bars au Parlement."

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Il y a sans doute plus "administratif" comme fonction d'assistant parlementaire... Ses explications ne convainquent pas vraiment. 

 Un licenciement économique à 30 000 euros

Toujours raconté par l'AFP, l'interrogatoire se poursuit. La procureure Louise Neyton lui pose une question épineuse : pourquoi Thierry Légier a-t-il touché en 2009 une indemnité de licenciement de 30 000 euros pour "motif économique" une fois son contrat avec le député Le Rachinel terminé ? 

Car juste après cet évènement, il signait un nouveau contrat d'assistant, de Marine Le Pen cette fois. D'après lui, le mandat de Monsieur Le Rachinel étant terminé, c'était "logique".

"Mais vous travailliez en continu pour Jean-Marie Le Pen" en tant que garde du corps se fâche la procureure, avant de conclure par un "plus de question". 

Fernand Le Rachinel charge Jean-Marie Le Pen

L'ex-député européen Fernand Le Rachinel, 82 ans, était le premier à comparaître lundi dernier. C'est lui qui est accusé d'avoir embauché Thierry Légier comme "faux assistant parlementaire". Ancien de l'Algérie, "comme Jean-Marie", il avait déjà déclaré, à l'époque des révélations, s'en être pris "plein la gueule" car il disait à qui voulait l'entendre qu'on lui avait "imposé" des assistants parlementaires travaillant en réalité pour le Front national. 

Fernand Le Rachinel affirme au tribunal qu'il en aurait préféré des vrais, "c hevronnés", pour faciliter sa fonction d’eurodéputé. Il admet que c'est Jean-Marie Le pen lui même qui avait choisi ses deux assistants parlementaires de 2004 à 2009 : Thierry Légier et la secrétaire personnelle de son patron...

Mais il affirme que d'autres assistants parlementaires travaillaient véritablement pour lui, tout en étant rémunérés sur "les enveloppes parlementaires d’autres députés". Ce que le RN, dans sa ligne de défense, appelle la "mutualisation".

"À l’époque c’était comme ça, plus libre… Ce système était connu de tout le monde, même des fonctionnaires européens." Il n'a "rien à se reprocher." Pour Fernand Le Rachinel, payer des gens qui ne travaillaient "absolument pas pour lui" avec l'argent du Parlement comme le dit la présidente Bénédicte de Perthuis, n'avait rien d'anormal ni d'illégal