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Inflation oblige, les Françaises et les Français peinent à mettre de l’argent de côté. Du fait de la guerre en Ukraine, qui entraîne de fortes perturbations sur certains secteurs de l’économie mondiale, et des politiques anti-covid pratiquement pendant la crise sanitaire, le monde entier est aujourd’hui confronté à une hausse des prix quasi-incontrôlable… qui érode inlassablement la capacité des épargnants à investir et le pouvoir d’achat de l’ensemble des contribuables. Dès lors, indique le site spécialisé Meilleur Taux, le pessimisme s’invite chez ces derniers ; particulièrement quand ils ne bénéficient pas de forts revenus.
De nombreux produits d’épargne parmi ceux que les Françaises et les Français affectionnent le plus, comme cela peut être le cas de l’assurance-vie ou du Livret A par exemple, affichent aujourd’hui un rendement réel négatif. Concrètement, cela veut donc dire que les épargnants perdent de l’argent du fait de l’inflation, estimée à 5,8% sur un an au moins d’août 2022, rappelle BFMTV. Est-ce à dire qu’il faut d’urgence changer de stratégie et, dès à présent, commencer à transférer son épargne ? La réponse d’Alexandre Delaigue, économiste et professeur agrégé d'économie-gestion à l’université de Lille 1.
Inflation : que faut-il faire pour ne pas perdre de l’argent en épargnant ?
“Pour l’instant, c’est indéniable, l’inflation rabote le pouvoir d’achat de l’épargne. Dès lors, la meilleure façon de mettre de l’argent de côté consiste à viser des activités peu touchées par ce phénomène. Ensuite, il m’apparaît important de ne pas perdre de vue la dimension long-terme de l’épargne. Un certain nombre de placements verront leurs taux s'adapter progressivement. Ils ne rattraperont pas l’inflation tout de suite, mais à terme les choses devraient se tasser”, estime le professeur, qui a aussi enseigné à l’académie de Saint-Cyr Coëtquidan. Il pense notamment au LEP, dont le taux est presque équivalent à l’inflation aujourd’hui.
Epargne : les bons réflexes à avoir en période d’inflation
“La période, c’est un fait, va s’avérer assez difficile. Il faut s’attendre à un appauvrissement général de l’épargne et les produits dont le rendement est fondé sur des intérêts fixes ou sur des intérêts ajustés périodiquement à des dates données ne seront pas les plus attrayants. Cependant, il est possible de placer son argent ailleurs”, souligne Alexandre Delaigue.
“Certains produits de long-terme, comme c’est le cas des actions, demeurent possibles et attractifs en ce moment. La rentabilité des entreprises dépend du chiffre d’affaires, qui suit l’inflation. Parce que les marges augmentent en même temps que cette dernière, la valeur des actions devraient irrémédiablement remonter à terme. Il importe aussi de noter que toutes les entreprises ne se valent pas, en cela qu’elles ne sont pas toutes touchées de la même manière par la hausse des prix”, poursuit le spécialiste, qui évoque Total, dont les “super-profits” font aujourd’hui l’objet de mille-et-uns débats, ou Apple dont le “pouvoir de fixation des prix” est significatif.
“Il y a aussi l’immobilier ou aux actifs réels. Dans le cas du premier, qui doit alors constituer une perspective de long-terme, il n’y a pas de raison que l’inflation en déprécie la valeur”, poursuit-il.
Epargne : faut-il tout plaquer pour les actions ou l’immobilier ?
Une question demeure, dès lors : faut-il faire un croix sur le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire ou l’assurance-vie, dont les rendements réels ne suffisent plus à contrer l’inflation ? Est-il plus pertinent de cesser de les alimenter pour tout plaquer et acheter un (nouvel ?) appartement ? Pas nécessairement, estime Alexandre Delaigue.
“Si l’on arrête d’alimenter son livret réglementé, il faut prévoir autre chose ou placer cet argent. Un compte courant ou un coffre constituerait une erreur grossière : c’est l’assurance de dévaluer plus encore ses économies. Bien sûr, on peut toujours se dire qu’il serait audacieux de récupérer tout son argent pour investir dans un appartement, mais il ne faut pas perdre de vue qu’une telle opération a un coût… et que le jeu n’en vaut probablement pas la chandelle si la vague inflationniste demeure ponctuelle”, explique l’enseignant, pour qui le scénario d’une inflation endémique est à écarter.
“En l’état actuel des choses, mieux vaut encaisser le choc, faire le dos rond et ne pas céder au chant des sirènes. Il n’est pas intelligent de se lancer dans des choix hasardeux que l’on aurait probablement pas fait en temps normal. Laissons l’inflation se calmer, il n’est pas encore nécessaire de réfléchir à des stratégies de long terme”, conclut-il.