De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Contrairement à d'autres pays voisins, où les transactions en temps réel prévalent, la France adhère à un système unique depuis de nombreuses années. Les intérêts des comptes d'épargne sont calculés différemment et cette approche moins favorable pour les épargnants n'a toujours pas fait l'objet de réforme.
Quel est le taux du Livret A et du LEP ?
Depuis le 1ᵉʳ février 2023, le taux de rémunération du Livret A a été fixé à 3 % nets annuels. Il le restera jusqu'à fin janvier 2025. Quant au livret d'épargne populaire (LEP), depuis le 1ᵉʳ février 2024, il a été fixé à5 %. Cette rémunération des livrets réglementés reste particulièrement attractive. Avec le ralentissement de la hausse des prix (2,9 % en février 2024), elle est même meilleure que jamais. Le rendement réel (corrigé de l'inflation) du Livret A est redevenu (légèrement) positif pour la première fois depuis mars 2021.
Cette nouvelle est particulièrement encourageante pour des millions de citoyens français, représentant plus de 80 % de la population, qui comptent sur l'épargne réglementée pour leurs économies de précaution. Par exemple, un livret A à 3 %, atteignant la limite maximale de 22 950 euros, rapporte 688,50 euros par an.
La règle des "15 Jours"
Cependant, il y a une réserve : la somme générée ne pourra être récoltée qu'à la fin de 2024. La règle pour les comptes d'épargne prévoit que les intérêts sont calculés tous les 15 jours, le 1ᵉʳ et le 16 de chaque mois, et versés en une fois en fin d'année. Cette règle des "quinze jours", propre à la France, suscite des interrogations. Car dans d'autres pays que la France, une norme différente prévaut. "La France est l'un des rares pays à adopter ce mode de calcul des intérêts", explique l'économiste Philippe Crevel, pour MoneyVox. Cette méthode date de plus de 200 ans.
Un calcul d'intérêts au jour le jour
Hors de nos frontières, c'est une autre règle qui, en général, prévaut : les intérêts sont calculés chaque jour et versés sur le compte à la fin de chaque mois. Une méthode de calcul plus favorable à l'épargnant. Le calcul au jour le jour présente deux atouts majeurs :
- Il permet de toucher chaque mois ses intérêts, et donc d'en disposer comme bon vous semble pour les dépenser, les transférer sur un autre support.
- Il permet également de limiter la perte de revenus engendrée par la règle des quinzaines lorsque vous effectuez des retraits sur votre compte épargne.
La spécificité française du calcul bihebdomadaire des intérêts trouve ses racines à la création du Livret A, établi il y a plus pendant le 19ᵉ siècle. Provenant d'une époque de simplicité sans ordinateurs, ce mode de calcul reste la norme, mais pourquoi cela ?
Une méthode dans l'intérêt des banques
Ce calcul survit en raison de contraintes réglementaires inscrites dans le Code monétaire et financier. Cela concerne à la fois les comptes d'épargne réglementés et non réglementés imposés depuis mai 1969.
Les tentatives dans les années 2000 par certaines banques, comme HSBC France, d'introduire des comptes d'intérêts en temps réel ont eu un succès limité.
La question n'est pas non plus prioritaire pour les épargnants. Alors que le calcul quotidien des intérêts pourrait maximiser les rendements , les associations de consommateurs, comme la CLCV, mettent l'accent sur la modification de la formule de calcul du taux du Livret A pour le faire correspondre à l'inflation, une préoccupation plus pressante pour beaucoup.