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Les salariés d'une petite société de téléphonie viennent d'être mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" et "blanchiment". A quatre, ils ont amassé près de 38 millions d'euros en trois ans.

Escroquerie à 38 millions d’euros : quatre salariés sur cinq mis en examen

Un sacré numéro. Quatre salariés de Viva Multimedia, une PME parisienne de téléphonie, ont été mis en examen courant mai pour "escroquerie en bande organisée" et "blanchiment". Ils sont suspectés d’avoir servis d’intermédiaire à d'autres escros en leur procurant des numéros surtaxés. En trois ans, l’affaire frauduleuse a permis de récolter près de 38 millions d’euros.

Quatre employés sur cinq de la PME amassaient annuellement des sommes exorbitantes, selon les informations du Parisien. Quand Laurent B., le patron se versait chaque année 760 000 euros, la comptable s’offrait 560 000 euros et les deux techniciens 550 000 euros. Ces sommes sont soupçonnées d’avoir été blanchies dans des sociétés implantées dans des paradis fiscaux. Visiblement pas au courant de la combine de ses collègues, le cinquième salarié touchait un salaire dit conforme au travail fourni dans l’entreprise et n’est pas suspecté.

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Inconnus des services de police, les escrocs présumés ont été placés sous contrôle judiciaire. Les cautions fixées sont à l’image de l’argent dérobé : celle de Laurent B atteint le million d’euros, et celles de ses complices présumés ne dépassent pas les 100 000 euros.

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Seule la comptable de Viva Multimedia a reconnu les faits. Les trois autres continuent de tout nier en bloc. Selon une source proche du dossier, le patron refuse d’admettre quoi que ce soit : "Afin de prouver sa bonne foi, il s’empressait de supprimer les numéros tendancieux. En apparence, il donnait l’impression de jouer le jeu". Une perquisition a été réalisée en septembre 2017 et les forces de l’ordre ont découvert "des documents prouvant que le patron était parfaitement au courant de l’utilisation illicite des numéros mis à disposition. Il apparaît même très actif dans la combine".

Escroquerie à 38 millions d’euros : une arnaque aux numéros surtaxés

La combine est simple. La future victime est incitée par un appel, un mail ou un SMS à rappeler un numéro. C’est un opérateur le plus souvent basé à l’étranger qui décroche et qui fait durer l’appel et le compte fini par être débité.

Prises individuellement, les sommes sont très faibles et dépassent rarement les 20 euros. Si elles peuvent parfois paraître insignifiantes et pas réellement alarmantes à petite échelle, elles rapportent gros aux escrocs. De fait, beaucoup de victimes ne donnent pas suite et ne portent pas plainte. Toutefois, le quotidien révèle que le nombre de plaintes est tel qu’elles remplissent déjà vingt cartons entiers.

Il existe trois types de numéros surtaxés (ils ne sont pas forcément frauduleux). Les numéros à 10 chiffres qui commencent par 081, 082 ou 089, les numéros à quatre chiffres débutant par 1 ou 3, ou encore les numéros à six chiffres qui commencent par 118.

Si le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire dès septembre 2016, les investigations continuent sous l’autorité d’un juge d’instruction. Quant à l’entreprise frauduleuse, elles placée sous surveillance. Selon les informations du Parisien, les enquêtes ont été confiées conjointement à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) de la police judiciaire et à la Brigade nationale d’enquêtes économiques (BNEE).