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Alors que les enseignants sont appelés à faire grève ce mardi, retour en cinq points sur la désormais controversée réforme du collège.
Ce qui suscite la colère
Le premier sujet qui a mis le feu aux poudres est l’enseignement des langues anciennes (latin et grec). Dans une première version, la réforme prévoyait d’éliminer le latin et le grec jugées trop élitistes par le ministère de l’Education nationale au profit d’un des huit nouveaux "enseignements pratiques interdisciplinaires" (EPI) baptisé : "Langues et cultures de l’Antiquité" enseigné à tous les élèves. Devant la fronde, Najat Vallaud-Belkacem a ajouté en plus de cette EPI une "enseignement de complément" en latin : une heure hebdomadaire en 5e et deux heures en 4e et 3e.
Autre point problématique, toujours dans les programmes scolaires, est pas des moindres : l’enseignement de l’Histoire. Dans le projet de refondation des programmes, l’enseignement obligatoire de certaines manières et d’autres jugées facultatives a suscité la bronca des historiens et professeurs d’Histoire. Ainsi, la volonté de rendre facultatif la place du christianisme en France au Moyen-Age, et des Lumières, alors que l’islam, l’esclavage et la colonisation sont obligatoires, n’est pas du goût de tout le monde. Certains, tenants du "roman national", ont ainsi dénoncé un enseignement de "repentance".
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La quasi-disparition des classes bilangues "rendues obsolètes" par l’introduction d’une seconde Langue vivante (LV2) dès la 5e suscite également de nombreuses inquiétudes, surtout de la part des enseignants d’allemand qui ont trouvé dans ce dispositif crée il y a dix ans un véritable salut.
Qui est pour ? Qui est contre ?
Pour accompagner cette réforme, Najat Vallaud-Belkacem n’a pas beaucoup de soutiens… Il y a bien Manuel Valls qui a publié ce lundi une tribune dans Libération pour saluer la réforme "portée avec courage et sens du dialogue". Le président, François Hollande, est même sorti du bois pour dénoncer le "concert des immobiles", apportant également son soutien au ministre. Autre soutien, Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education nationale, pour qui la réforme est "pour le pays une chance, pour les enfants une nécessité". Mis à part quelques soutiens sporadiques (Le Foll, Hamon), c’est presque les seuls sur lesquels le ministre puisse compter.
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En revanche, les opposants à cette réforme sont légions. En plus des nombreux professeurs anonymes, on compte chez les intellectuels : Pascal Bruckner, Régis Debray, Pierre Nora, Jean d’Ormesson, Michel Onfray, Marc Fumaroli, etc.
Côté politique, même litanie. Les principaux réfractaires étant à droite : Nicolas Sarkozy, François Bayrou, François Fillon, le FN, et plus de 230 parlementaires UMP-UDI emmenés par Bruno Lemaire qui ont demandé solennellement au président de la République de retirer cette réforme. Mais les critiques fusent aussi de la gauche. Ainsi de Jean-Marc Ayrault qui s’alarme de la place de l’allemand ou de Julien Dray qui met en garde contre "le risque insensé" à "soutenir aveuglément" Najat Vallaud-Belkacem tandis que Jack Lang s’interroge : "Pourquoi commencer par casser ce qui marche ?".
Même son de cloche du côté d’Aurélie Filippetti qui s’alarme de la suppression des classes bilangues. A gauche de la gauche, on fulmine également : Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon ont exprimé leur désapprobation, le second accusant même le PS d’être "en plein délire maoïste".
Les passes d’armes
La présentation de la réforme du collège a donné lieu à des échanges plus ou moins violents entre opposants et défenseurs du texte. Parmi les protagonistes on retrouve le ministre Najat Vallaud-Belkacem qui a qualifié de "pseudo-intellectuels" ceux qui s’alarmaient des conséquences de sa réforme.
Dans une tribune publiée dans Le Figaro, l’académicien Jean d’Ormesson qualifiait de "Terminator de charme" cette dernière "qui ne doute de rien et surtout pas d’elle-même".
Dernièrement, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, avait déclaré que les attaques de Nicolas Sarkozy contre Najat Vallaud-Belkacem étaient "légèrement xénophobes". "Un responsable de gauche dont j'ai oublié le nom, je ne le connais même pas, a dit que j'étais presque xénophobe. (…) Lui, il n'est pas presque stupide.", a répliqué ce week-end Nicolas Sarkozy.
Qu’en pensent les Français ?
Selon un sondage* Odoxa pour i-Télé, six Français sur dix (61%) se déclarent opposés à la réforme du collège. Des résultats qui différent selon l’appartenance politique : ainsi, 62% des sympathisants de gauche soutiennent le projet porté par Najat Vallaud-Belkacem tandis qu’à droite 75% des personnes interrogées se déclarent opposés à cette réforme.
*Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 1 025 Français interrogés par Internet les 13 et 14 mai 2015.
Et après ?
Le ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a confessé dimanche au Grand Rendez-vous (i-Télé/Le Monde/Europe 1) des "défauts" dans les projets actuels du Conseil supérieur des programmes. "Notamment sur (la question des matières) obligatoires et facultatives qui a pu créer de l’ambiguïté et de l’incompréhension."
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"Ces ambiguïtés, ces incompréhensions doivent être levées à la fin de la période de consultation et je ne doute pas que les professeurs qui seront consultés nous feront remonter ces remarques-là et c’est pour ça que c’est important de les écouter.", a-t-elle déclaré.
Une consultation des enseignants est organisée du 11 mai au 12 juin sur les nouveaux programmes scolaires qui pourront être amendés. Des contributions directes venant du public peuvent être déposées. Une synthèse sera rendue publique cet été avant l’adoption des programmes scolaires prévue en septembre prochain.
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