Le projet de loi de finances pour 2025 du gouvernement demande un effort de cinq milliards d'euros aux collectivités locales les plus aisées. Et cela ne sera pas sans conséquences sur votre quotidien.
Ce n'est pas une vue de l'esprit, vos frais de santé augmentent. Et pas qu'un peu. La Mutualité française, principal poids lourd du secteur, annonçait le mardi 19 décembre dernier que les prix des mutuelles allaient augmenter en moyenne de 8,1 % en 2024. Un taux plus de deux fois supérieur à l'inflation, estimée à 3,5 % cette année, selon Europe 1.
Dans le détail, "les contrats individuels, souscrits en majorité par les personnes âgées, les jeunes, les agents publics et les professionnels indépendants, verront leurs cotisations augmenter en moyenne de 7,3 %. Les cotisations des contrats collectifs obligatoires augmenteront en moyenne de 9,9 %" précise l'étude de la Mutualité française, portant sur 38 mutuelles et leurs 18,7 millions d'assurés. D'autres organismes complémentaires ont déjà annoncé ces derniers jours de fortes hausses, de plus de 12 % pour l'an prochain, alerte Le Figaro.
Jusqu'à 3 243 euros par an pour un couple de séniors en 2024
La facture va être particulièrement salée pour certaines catégories de personnes payant elles-mêmes leur mutuelle. C'est le cas de nombreux séniors. Selon une autre étude, menée par Meilleurtauxassurances.com, le coût de la complémentaire santé s'élève déjà à 250 euros par mois pour un couple de séniors de 60 ans en 2023, soit 3 000 euros par an. Avec une progression de 8,1 %, il déboursera 3 243 euros en 2024.
Pourquoi une si forte hausse ? Eric Chenut, président de la Mutualité française, évoque des dépenses de soins de ville et à l'hôpital qui sont "très dynamiques", et qui "ont entraîné en 2023, sur les huit premiers mois, une augmentation de 6 % des prestations versées par les complémentaires, soit nettement plus que l'augmentation qui était estimée". Par exemple, la revalorisation, certes minime, des consultations des médecins généralistes, passées de 25 à 26,50 euros, coûte à elle seule 96 millions d'euros aux organismes complémentaires. Et ce n'est qu'un début, car elles devraient sous peu passer à 30 euros. Les négociations sont en cours.
Les soins dentaires moins remboursés
L'exemple des consultations en médecine générale n'est pas isolé, car la revalorisation, souvent justifiée, s'étend à de nombreux actes, comme les gardes de nuit des infirmiers, les consultations complexes pour les médecins spécialistes…
De plus, si l'Assurance maladie prend sa part, un surcoût échoit aux complémentaires. À cela s'ajoutent des transferts de charges de la Sécu aux mutuelles. "Avant octobre 2023, la prise en charge des soins dentaires était de 30 % pour les mutuelles et de 70 % pour l'Assurance maladie. Dorénavant, il est de 40 % pour les mutuelles. Une charge supplémentaire estimée à 500 millions d'euros par an pour les complémentaires, note Eric Chenut. Il n'y a pas d'autre choix que d'augmenter les tarifs des adhérents, au motif que les complémentaires ne peuvent pas présenter de bilan financier en déficit."
Alors, les mutuelles et les assurances seraient-elles finalement trop gourmandes ? Ne pourraient-elles pas réduire leurs frais de gestion, pointés du doigt depuis des lustres ? Eric Chenut choisit de botter en touche : "Nos supposés frais de gestion, ce sont des emplois en France, dans 99 % des cas. C'est un choix. Du facteur humain, des salaires, de l'accueil de proximité. On peut toujours s'améliorer, on continue de le faire, mais il faut savoir ce que l'on veut." La question centrale n'est pas là, selon lui.
La santé des Français va leur coûter un bras
Interrogé pour savoir si la santé des Français va "leur coûter un bras", il ne reprend pas la formule à son compte mais fait presque la même analyse. "On s'est habitués à dire dans notre pays que notre santé n'a pas de prix. En réalité, elle a un coût. Et il augmente fortement en ce moment." Eric Chenut ne cache pas sa préoccupation : "Jusqu'où cette hausse des prix de la santé sera-t-elle acceptable pour les Français ? La dépense de santé augmente plus vite que la richesse nationale. Le déficit de l'Assurance maladie est de 11 milliards d'euros. Si on ne trouve pas de nouveaux financements, on aura un problème de solvabilité du système de santé, que l'on ne peut pas résoudre en creusant toujours plus la dette. L'Etat, l'Assurance maladie, les partenaires sociaux et les complémentaires doivent se mettre autour de la table pour évoquer ces questions urgentes", avance-t-il.