Au cœur de l'actu ce mercredi 30 octobre 2024, la recrudescence des rappels de produits aux conséquences parfois floues pour notre santé, mais aussi le sujet épineux du démarchage téléphonique qui nous touche...
La vérité sur Jacquie et Michel : qui se cache derrière ses noms ?
"Merci qui ? Merci Jacquie et Michel". Sans avoir la référence, vous avez peut-être déjà entendu ce slogan. Il s’agit de la marque de fabrique de la société de production de films pornographiques amateurs française la plus connue.
Sur leurs différents sites, les vidéos attirent entre 5 et 12 millions de visiteurs uniques par mois, rapporte le JDD. Souvent présenté comme le fleuron de l’industrie porno amateur, Jacquie et Michel (J&M) a aussi sa part d’ombre qu'a exploré l e journaliste Robin d’Angelo. Tournages, rencontres, entretiens... De son immersion, il en a tiré un livre Judy, Lola, Sofia et moi, (éd. Goutte d’Or), paru ce jeudi 18 octobre, dont le JDD a eu la primeur des bonnes feuilles.
Parmi les nombreuses révélations, il ressort que le fructueux business de J&M s’est construit sur un mythe. En effet jusqu’à la publication de cet ouvrage, il était admis que le nom de Jacquie et Michel provenait des créateurs éponymes. Des théories étaient même avancées sur leur identité. Pour certains, il s’agissait d’un couple d’instituteurs retraités vivant à Ordos dans les Hautes-Pyrénées. La réalité est tout autre. Si Michel, 60 ans, est bien le fondateur du site Internet, Jacquie, quant à elle, n’a jamais existé.
Pour autant, ce nom n’a pas été choisi au hasard comme l’explique Robin d’Angelo : "En fait, Jacquie est celle qui a envoyé ses premières photos à Michel sur l’une des premières messageries instantanées quand il a décidé de faire un site web".
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La vérité sur Jacquie et Michel : un duo à l’origine des vidéos
Michel existe bien, mais il n'est pas seul. En 2007, il est rejoint par Abel, son collaborateur. Ensemble, ils lancent les premières vidéos et entretiennent ce "mythe du petit couple de province cinquantenaire" à l’origine des tournages, écrit Robin d'Angelo.
Pour eux, le choix du porno amateur recouvre plusieurs avantages. "Pas de critères pour sélectionner les actrices, ni de prérequis techniques pour les cadreurs", explique l’auteur. De plus, économiquement c’est plus rentable, les coûts de productions étant dérisoires.
Si la signature des vidéos est ce "côté à l’arrache qui excite", les deux associés ont pourtant mis en place "un circuit très professionnel", écrit le journaliste. Un mélange des genres s'opère alors dans la réalisation des ces vidéos qui se veulent amateurs.
L'objectif est de mettre en scène des monsieur et madame tout le monde. Pourtant, "la plupart de leurs actrices font une carrière dans le porno. Marie présentée comme secrétaire dans une vidéo est en réalité, Marie au RSA et escort de temps en temps", confie l'auteur.
Certains acteurs vivent donc des revenus de ces films comme des professionnels. Un aspect qui contracte avec les conditions d'enregistrement, loin d'être du même standing et pouvant fliret avec l'illégalité. "Sur un tournage auquel j’ai participé, le producteur n’avait pas détaillé les pratiques sexuelles à son actrice. Il voulait qu’à la diffusion, la surprise voire la souffrance de l’actrice soit naturelle", indique le journaliste qui exprime clairement une absence de consentment.
La vérité sur Jacquie et Michel : des actrices parfois malmenées
Dans son ouvrage, Robin d’Angelo souligne que les actrices peuvent être confrontées à "des conditions de tournages parfois très violentes". Il fait part d’une anecdote où "l’actrice qui se faisait violenter a fini par interrompre le tournage". Sur les plateaux, les femmes ne sont pas "en position de dire non" et leur consentement est relayé au second rang.
Une situation dont il est "très improbable qu’ils [les dirigeants de la société Jacqui et Michel, ndlr] ne soient pas au courant", assure le journaliste. En effet, dans le livre, il retranscrit un échange qu’il a eu avec Thibaut, le directeur général et fils de Michel. Ce dernier lui demande : "Mais du coup, dans ton bouquin, ça va être dur de dépeindre le truc sans que ce soit trop sordide?".
L’auteur fait également part d’un autre fait qui caractérise cette indifférence à l’égard des actrices. Si l’une de ces femmes demande le retrait des images la mettant en scène, elle "devra débourser 1.500 euros environ pour rembourser les frais de tournage et de diffusion".
"Ils refuseront d’effacer des vidéos gratuitement si cela leur est demandé", explique Robin d’Angelo. Une position assumée par Thibaut : "Si tu rentres dans le porno, tu sais ce que tu fais". Pas de droit à l’erreur ou à l’oubli donc sans contrepartie pour ces filles, souvent inexpérimentées, qui deviennent des cibles faciles dès lors qu'elles sont reconnues.