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Soif d’indépendance, évolution des mœurs, envie de renouveau… Le divorce des seniors est un phénomène qui se démocratise depuis près de dix ans. Pourquoi un tel revirement de situation ? Quelles sont les causes de cette montée du divorce chez les personnes d’âge mur ? Planet a rencontré trois spécialistes : Jean-Jacques Amyot, psychosociologue et directeur de l’Office aquitaine de recherche, d’Information et de Liaison sur les problèmes des personnes âgées (ORAEIL), Anne-Laure Casado, avocate en divorce et succession, et Jean-Luc Boyer, psy-sexothérapeute.
Tabou jusqu’à il y a encore 25 ans, le divorce est désormais entré dans les mœurs même chez les seniors. En 2014, le ministère de la Justice a recensé près de 13 941 hommes divorcés après 60 ans contre 8203 en 2004, chez les femmes le ratio était de 8 824 contre seulement 4 755, dix ans plus tôt. Pour Jean-Jacques Amyot, l’élément déclencheur serait la retraite. "Le passage à la retraite est un événement exceptionnel. Tout change, tout se transforme, il faut requalifier et repenser toute son identité", a-t-il précisé.
"On ne se connait plus"
Un couple, lorsqu’il passe près de la moitié de sa vie avec son compagnon, peut se retrouver déstabilisé lorsqu’il se retrouve à la retraite. Le changement du mode de vie, du quotidien, la transformation routinière, autant d’éléments qui peuvent venir perturber "la colonne vertébrale bien définie de la majorité des couples : le travail, les enfants", souligne Jean-Jacques Amyot. Une fois à la retraite, le travail disparaît pour laisser place à une vie de couple prépondérante. Ce qui pour certain, ouvre la porte au divorce.
Les retraités, à 60 ans, ont environ un quart de siècle devant eux. Faudrait-il les gâcher à subir un mariage malheureux ? Pour Jean-Luc Boyer, le divorce chez les personnes âgées est aussi lié aux idéaux de vie : "Sommes-nous à même d’y renoncer à mesure que l’on avance dans l’âge ? Le confort de ne pas être seul justifie-t-il d’accepter bon ou mal gré ?" Des questionnements à mettre aussi au regard de l’allongement de l’espérance de vie et desquels il ne faut pas exclure la sexualité.
Les seniors n’échappent pas non plus à l’adultère, relève ainsi Jean-Luc Boyer. Il peut concerner n’importe qui, dès lors que la frustration d’un désir non assouvis prend le dessus. "Les temps ont changé et les mœurs aussi y compris chez les seniors ! L'adultère n'est plus un délit au sens pénal et moral du terme comme il a pu l'être il y a 40 ans. Il y a donc une libération de ce côté-là même si certains sont encore attachés au respect du contrat qui les uni", a-t-il confié.
Quand le mal-être se transforme en acte
Parfois la douleur, l’ennui, ou la crainte de passer à côté de quelque chose prennent parfois le dessus. Dans ce cas, c’est le divorce. Pour Anne-Laure Casado, avocate en divorce et succession, quand tel est le cas, la séparation peut s’avérer plus difficile que prévue. "Les effets du divorce sont essentiellement financiers puisque les enfants sont souvent majeurs et indépendants financièrement. Ils doivent donc s’accorder sur la liquidation de leur régime matrimonial et sur une éventuelle prestation compensatoire", précise-t-elle.
Cette prestation compensatoire n’est d’ailleurs due que si la rupture crée une disparition dans les conditions de vie des époux et sera versée par le plus fortuné. Dans le cas des seniors, cette démarche est essentielle, puisqu’il faut prendre en compte l’âge et l’état de santé des mariés, la durée du mariage, mais aussi leur avenir professionnel.
Si les futurs divorcés le souhaitent, peu importe leur âge, ils peuvent décider de se séparer par consentement mutuel, et n’ont pas à passer devant le juge. Les juristes signent cet "acte d’avocat", véritable contrat, et sont garants de son équilibre.
Quant à retrouver l’amour, c’est bien évidemment possible. Il n’y a pas d’âge pour retrouver l’amour et avoir du désir après 60 ans, ainsi que le souligne Jean-Luc Boyer. "Ce qui est difficile c’est d’affronter le regard de la société sur la sexualité des seniors, qui vient freiner l’envie de se mettre en mouvement", a-t-il confié, avant d’ajouter qu’il faut du courage, surtout face à sa famille, pour réussir à reconstruire sa vie à 60 ans passés.