La marge vous permettant de ne pas être flashé sur l’autoroute par les voitures radar serait bien supérieure à 130 km/h. Et c’est la sécurité routière qui le dit.
Ce mardi 7 mars, le mot d’ordre de l’intersyndicale est de "mettre la France à l’arrêt". La CGT Énergie l’a pris à la lettre et à décider, tôt ce matin, de bloquer toutes les expéditions de carburants à destination des raffineries.
Avant même cette sixième journée de mobilisation, la CGT avait lancé un appel à la grève reconductible et avait demandé de bloquer l’approvisionnement en carburant. De quoi rappeler des mauvais souvenirs aux automobilistes. Après les longues semaines de pénuries en septembre et octobre 2022, faut-il anticiper de prochains manques de carburant ?
Pénurie d’essence : le gouvernement se veut rassurant
Le gouvernement et les professionnels du secteur se veulent rassurant. "Aujourd’hui, il y a du carburant dans les stations-service. Les stocks dans les dépôts des distributeurs sont également à un haut niveau de remplissage", assure le ministère de la Transition énergétique (propos rapportés par Le Parisien). D’après le gouvernement les 11 000 stations-service du pays peuvent être alimentées en carburant pendant encore trois à quatre mois "grâce aux réserves commerciales et stratégiques".
Même constat chez TotalEnergies, dont les 3 600 stations-service représentent un tiers du parc essence. "Il n’y a pas de manque de carburants. En outre, les stocks en dépôts et en station-service sont à un niveau élevé", affirme un porte-parole de l’entreprise (propos rapportés par Le Parisien).
La situation semble donc sous contrôle. Toutefois, va-t-elle le rester ? Les syndicats de l’énergie pourraient bloquer complètement l’approvisionnement en carburant dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites. Les mobilisations et blocages ont commencé tôt ce matin.
Grève et pénurie d’essence : des menaces de blocage des raffineries et des dépôts
"Nous n’avons plus de sans-plomb 95 depuis hier soir, ni de sans-plomb 98 depuis une heure", explique, ce lundi matin, un employé de chez Total à nos confrères de La Voix du Nord. Les automobilistes prennent leur précaution : ils s’inquiètent de l’effet de la grève sur la disponibilité en essence et se précipitent à la pompe. Et pour cause, aucune expédition de carburant depuis les raffineries n’aura lieu ce mardi.
"Toutes les raffineries ont été bloquées", ont annoncé la CGT-Chimie et TotalEnergies à l’AFP. Certains dépôts pétroliers sont eux aussi bloqués, comme au Mans (Sarthe). Le mouvement pourrait s’étendre aux 200 dépôts de carburant répartis sur tout le territoire . "Dans les jours qui viennent, je pense qu’on va voir augmenter le nombre de stations à sec", prophétise Emmanuel Lépine, secrétaire général CGT chimie (propos rapportés par Le Parisien).
"Tout dépendra de l’ampleur et de la durée de ces blocages. Si c’est deux ou trois jours, on a de quoi tenir. Mais si les raffineries entrent dans la danse, comme à l’automne dernier, alors ça compliquera la donne", anticipe Frédéric Plan, porte-parole de la Fédération française des combustibles, carburants & chauffage (FF3C).
Mobilisés depuis ce dimanche 5 mars, les routiers pourraient eux empêcher les expéditions des dépôts vers les stations-service. Elles seraient alors asséchées en quelques jours.
Ce mardi, des barrages filtrants et des occupations de ronds-points ont lieu "un peu partout dans les départements", déclare Fabrice Michaud, secrétaire général de la CGT Transports. Des opérations escargot ont aussi lieu sur les grands axes routiers. "En principe, nous n’avons pas le droit d’utiliser nos camions. Mais on met des voitures devant et on suit derrière", explique un responsable syndical (propos rapportés par Le Parisien).
Les routiers ne sont pas les seuls à menacer l’équilibre de la chaine d’approvisionnementencarburant. Elle pourrait être rompue par les dockers et les employés des ports.
Grève et pénurie d’essence : les dockers, un maillon puissant de la chaîne d’approvisionnement
La Fédération nationale des ports et docks a appelé à un arrêt de travail de 48 heures, jusqu’au mercredi 8 mars. L’opération baptisée "ports morts" devrait avoir un fort impact sur l’activité du port du Havre. Or le port du Havre, avec son terminal Antifer, fait partie des terminaux pétroliers responsables en grande partie de l’alimentation du raffinage français.
Selon Le Parisien, les dockers pourraient couper les approvisionnent en pétrole brut en provenance du Moyen-Orient, d’Algérie, du Nigeria ou de Libye. Les raffineries et dépôts ne seraient alors plus ravitaillées.
"Le pire serait une conjonction des blocages. Si un seul maillon est bloqué, par exemple des raffineries, on peut jouer sur les importations. Et vice-versa. Mais si le mouvement traîne en longueur et que toute la chaîne est touchée, là ça devient plus compliqué", conclut Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).