Gregory, Emile, Lina… La campagne est-elle le terrain de jeu idéal des meurtriers ?IllustrationIstock
Disparitions du petit Grégory, d'Emile et plus récemment de la jeune Lina dont le corps sans vie a été découvert hier dans la Nièvre… Toutes ces enquêtes sont marquées par des circonstances mystérieuses. Ces crimes perpétrés dans les campagnes font basculer la France dans une nouvelle insécurité.
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Si pour beaucoup la campagne est synonyme de tranquillité, les faits divers plus ou moins récents qui font la une des journaux relancent de nombreux questionnements sur l’insécurité en milieu rural. Que disent les chiffres à ce sujet ? Aurélien Poissonnier, le chef du bureau de l’analyse territoriale du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) a analysé des millions de données concernant la délinquance dans les campagnes

"Il n’y a pas d’explosion de la délinquance en milieu rural, il y a certains phénomènes qui sont en hausse", juge-t-il. Si les trafics de drogues, les vols violents, les vols de véhicules et les destructions en milieu rural sont en baisse sur les sept dernières années, l’indicateur des coups et blessures, lui, est en nette hausse : 18 880 victimes en 2016, contre 26 600 en 2023. Et pour la plupart, il s’agit de violences dans un cadre familial. 

La baisse des vols et l’augmentation des violences physiques  

Autre indicateur en nette hausse : les violences sexuelles qui ont quasiment triplé entre 2017 et 2022, passant de 0,39 à 0,9 cas enregistrés par les gendarmes pour 1 000 habitants dans les petits villages. 

La délinquance visant l’intégrité physique des personnes a augmenté de 7,39 % par rapport à l’année 2022 dans les petites et moyennes villes de France et c’est le Loir-et-Cher qui arrive en première place du podium avec une explosion de près de 40 %. Le département est suivi de près par la Côte-d’Or, l’Eure-et-Loir, le Finistère et la Lozère avec une augmentation de 20 %. 

Vidéo du jour

L’assassinat d’un adolescent a provoqué une onde de choc 

Le week-end des 18 et 19 novembre 2023, le jeune Thomas, 16 ans, été poignardé lors d'une fête communale à Crépol, un petit village tranquille de la Drôme. Plusieurs autres participants avaient également été agressés par un groupe de jeunes “hostiles”. Le porte-parole de la gendarmerie nationale avait qualifié l’altercation de "bagarre", le parquet de la République a parlé un temps de "rixe". Ce meurtre avait en tout cas relancé de nombreuses questions liées à l’insécurité en milieu rural.

Les “déserts sécuritaires” 

Si le ministère de l’Intérieur a renforcé la présence des forces de l’ordre dans les territoires ruraux, en zone gendarmerie notamment, beaucoup d’angles morts en zone police subsistent. Ces zones, appelées les “déserts sécuritaires”, se situent dans les petites et moyennes villes où les forces de l’ordre sont moins visibles. “Les voyous sont découragés par les centres des grandes villes, trop de policiers et de vidéosurveillance”, explique un policier. 

Toutefois, les seules communes où aucunes infractions n'ont été relevées par les forces de l'ordre en 2021 étaient situées dans des zones rurales, et particulièrement sur une diagonale traversant la France des Ardennes aux Pyrénées.