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Ce mercredi 5 avril 2023, Le Monde a eu accès à un rapport accablant de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Celui-ci révèle que "l’eau potable est contaminée en France à vaste échelle par les métabolites du chlorothalonil, un pesticide interdit depuis 2019".
Ce pesticide a été classé cancérigène probable et est interdit en Europe depuis 2019. Commercialisé par Syngenta et utilisé depuis 1970, il aura été utilisé dans l’agriculture pendant près de 50 ans. Aujourd’hui, d’après l’Anses, le taux de molécules résiduelles du chlorothalonil présent dans les eaux potables dépasse largement le taux réglementaire dans 34% des cas, soit dans un tiers du territoire français. Pire : les résultats de l’Anses ne sont que partiels. Certains territoires devraient être encore plus touchés.
Eau contaminée partout en France : un pesticide jusqu’à présent indétecté
Les pesticides, lors de leur épandage et de leur pénétration dans les sols, peuvent se dégrader en une ou plusieurs molécules appelées "métabolites". Or, d’après l’Anses, "certaines de ces substances se retrouvent dans les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH)", en infectant les eaux de surface et les nappes phréatiques. C’est pourquoi, l’Anses a pour mission de garantir la santé du consommateur et de fournir à la Direction générale de la santé des études sur la qualité de l’eau du robinet.
Jusqu’à présent, les experts ne recherchaient pas de présence de ce métabolite (le R471811) puisqu’une partie des laboratoires agréés n’étaient pas capable de le mesurer. Or, désormais, on constate une présence quasi généralisée de cette trace résiduelle du pesticide chlorothalonil. Dans son document rendu public le jeudi 6 avril et cité par le Huffington Post, l'Anses conclut que "ces résultats attestent qu'en fonction de leur propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l'environnement plusieurs années après l'interdiction de la substance active dont ils sont issus".
Eau contaminée partout en France : un risque pour la santé ?
Selon nos confrères du Monde, "c’est une catastrophe comme les producteurs d’eau potable n’en ont sans doute jamais connue, dont la facture pourrait se chiffrer en milliards d’euros." En effet, pour revenir à une eau conforme, les investissements seront colossaux et les consommateurs seront mis à contribution dans ce financement. Interrogée par le Huffington Post, Dominique Le Goux de l'association Eau et rivières de Bretagne, explique que les sommes à réunir pour le traitement de l'eau seront "très importantes". "Il faut que dès à présent des mesures fortes soient prises pour influer sur nos modèles agricoles", ajoute-t-elle.
Le gouvernement s'est voulu rassurant, expliquant que la présence de ce fongicide ne présente "pas de risque sanitaire", mais soulignant que des "mesures plus régulières" allaient être mises en place. Dans une déclaration transmise à plusieurs médias, le ministère de la Transition écologique et celui de l'Agriculture expliquent que "le ministère de la Santé reste particulièrement vigilant sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine". Ce dernier mettra en place, aux côté des Agences régionales de santé, "des mesures plus régulières, à partir de 2023, du chlorothalonil et de ses métabolites".
Découvrez dans notre diaporama ci-dessous la qualité de l'eau dans votre région*.
*Les informations renseignées se basent sur les données de l'UFC-Que Choisir au 6 avril 2023 et sont susceptibles d'évoluer.