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Avec la triple épidémie qui sévit actuellement en France (Covid, grippe et bronchiolite), on a l’impression que les autorités sanitaires ne prennent pas le problème à bras le corps alors que l’on vient de passer le pic de la neuvième vague de contaminations du Covid. Il y en a eu cinq rien qu’en 2022.
On est donc loin de la fin de l’épidémie, comme le confirme l’épidémiologiste suisse et directeur de l’Institut de santé globale de Genève, Antoine Flahault chez nos confrères de Capital.
Pour lui, on voit une accélération de la pandémie depuis un an, qui peut laisser craindre un rebond très vite après Noël : « Tout le monde ou presque a été contaminé par Omicron. On n’est clairement pas du tout sur une fin de pandémie, mais plutôt sur une accélération très forte.On est de plus en plus dans un plateau de transmission élevé permanent ».
Rendre de nouveau obligatoire le port du masque ?
Pour lui, la non-application des gestes barrières est la cause de ces vagues, alors que la mortalité liée à la Covid-19 est 4 à 5 fois plus élevée que la grippe. Le port du masque obligatoire pourrait être une solution, surtout pour les populations les plus fragiles qui devraient porter un FFP 2 : « Il y a des études qui montrent qu'aux États-Unis, l’obligation du port du masque est beaucoup plus efficace que si l’on se contente de le recommander », souligne Antoine Flahault.
Le masque chirurgical ne servant que si un nombre conséquent de la population le porte, car il permet de ne pas contaminer les autres. Un simple geste altruiste.
Quels seuils d’alerte ?
Le seuil d’alerte du taux d’incidence de 50 cas pour 100.000 habitants est allègrement dépassé dans plusieurs départements actuellement en France. Ce qui vient à interroger à quel niveau il faut mettre la jauge. Antoine Flahault propose :« On pourrait éventuellement partir du niveau des hospitalisations ou des admissions en soins critiques. Par exemple, dès 1.500 personnes hospitalisées pour Covid, on impose le masque ».
Pour la contamination de l’air intérieur, aucun seuil non plus n’a été fixé, alors que si un capteur affiche un taux de plus de 600 ppm (partie par millions, NDLR), le masque serait fort utile et devrait être obligatoire.
Quid de la qualité de l’air ?
Mesurer le taux de contamination de l’air ambiant ne semble par faire partie des priorités des autorités sanitaires. Alors qu’à l’instar de l’eau potable, des mesures sanitaires pourraient être très efficaces : « J’aime bien prendre l’exemple de la qualité de l’eau.John Snow a découvert les raisons des épidémies de choléra à Londres, c’était le fait de boire l’eau de la Tamise. L’épidémie s’est arrêtée après sa démonstration », relate Antoine Flahault. Qui fait le parallèle avec la Covid : quand on entre dans un air pollué, on respire les virus expirés par les autres. Il faut donc s’en prémunir.