Climat : jusqu’à 50 degrés l’été, les prévisions effrayantes de Météo FranceIllustrationIstock
Période de canicule plus longue, températures très élevées… D'ici la fin du siècle, les conditions climatiques pourraient devenir extrêmes en France.
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La France bientôt en surchauffe ? C’est ce que laissent penser les projections de Météo France publiées ce lundi 1ᵉʳ février. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas considérablement réduites et que la lutte contre le réchauffement climatique ne s’accélère pas, les Français devront faire face à des conditions météorologiques des plus extrêmes, d’ici à 2100.

À partir de modélisations mis en ligne sur le site www.drias-climat.fr, les experts de Météo France, de l'ONU sur le climat (GIEC), de l'Institut Pierre Simon Laplace et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique ont émis des estimations pour la France métropolitaine. Trois scénarios ont pu être modélisés par le GIEC (d'émissions de gaz à effet de serre maîtrisées, modérées ou non réduites) et à trois horizons : 2050, 2070 et 2100.

Climat : des pics de chaleur jusqu’à 50°C

On y apprend que la température moyenne pourrait augmenter de 4 degrés d'ici à la fin du siècle, et pourrait même atteindre 6°C dans certaines zones. Des pics de chaleur pourraient frôler les 50°C, et les vagues de chaleur pourraient être longues, et intenses.

Dans le détail, jusqu’en 2040, la hausse est contenue à 1°C supplémentaire dans les 3 scénarios. Ensuite, les températures risquent fortement de s’emballer : +1° C dans un scénario d'émissions maîtrisées, + 2,2°C en moyenne dans le scénario intermédiaire et jusqu’à +4,5°C dans le scénario extrême.

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"Dans les deux ou trois prochaines décennies, le futur est déjà écrit : le réchauffement va se poursuivre", en raison de l’inertie de la machine climatique, explique au Monde Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie à Météo France et coordinateur du rapport Drias. "Mais, à partir de 2040-2050, tout est possible. Cela dépend de nos actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Soit le réchauffement s’atténue, soit on va arriver à un climat très éloigné de celui qu’on connaît actuellement en France."

Est-il déjà trop tard ?

Réchauffement climatique : le seuil d’1,5°C fixé par l’accord de Paris déjà dépassé en 2024 ?

Si l’on se penche sur les scénarios les moins optimistes, on s’aperçoit que l’on court à la catastrophe. Les prévisions s'éloignent en effet fortement des objectifs de l'accord de Paris, qui entend limiter le réchauffement "nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels" pour tendre vers un réchauffement de +1,5°C. Or, ce plateau pourrait être franchi dès 2024. Notons par ailleurs que 2020 a battu des records de chaleur jamais enregistrée dans le monde, à l’instar de 2016.

Quelles sont les régions qui pourraient être les plus impactées ?

"Un réchauffement plus marqué sur les zones de montagne"

D’après le rapport, la hausse des températures est inégale sur l’ensemble du territoire métropolitain. Le réchauffement est "plus marqué sur les zones de montagne".

Dans le pire scénario, au sein des Alpes ou des Pyrénées, certains endroits afficheraient une hausse de 6°C des températures moyennes d’ici 2100. La neige et les gelées disparaîtraient alors.

Qui dit montée des températures dit aussi multiplication à venir des événements extrêmes. Les vagues de chaleur seront ainsi plus longues, et ce, quel que soit le scénario. Les épisodes caniculaires et autres nuits tropicales se multiplieraient jusqu'à dix fois pour les canicules dans le pire des scénarios en termes d'émissions de GES. "Cette évolution est exacerbée dans les régions actuelles les plus chaudes, notamment l'arc méditerranéen, le couloir rhodanien et la vallée de la Garonne. Sur ces régions, les vagues de chaleur et journées caniculaires pourront s'étaler sur des périodes supérieures à un ou deux mois en été", note le rapport. "Et les épisodes de sécheresse pourraient enregistrer en fin de siècle "une augmentation de 30 à 50%", préviennent les chercheurs.