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Réforme des retraites : les pensions des professeurs sauvegardées ?
"Cette réforme pourrait avoir des effets négatifs sur la retraite des professeurs", concédait récemment Jean-Michel Blanquer au micro d’Europe 1. Un constat, pour une fois, partagé avec les syndicats. En effet, le SNES-FSU, la principale organisation représentative des enseignants du second degré estime que, pour les instituteurs et les institutrices le changement de régime pourrait amputer les pensions de 30%. De quoi les pousser dans la rue le 5 décembre 2019. En moyenne, quatre écoles primaires sur dix devraient d’ailleurs être fermées au lancement de la grève.
De tous les fonctionnaires, les professeurs sont, en effet, parmi ceux qui risquent le plus : leur rémunération de début de carrière est faible et leurs pensions moins conséquentes. Mécaniquement, si le nouveau mode de calcul des pensions se base sur l’intégralité de leur carrière plutôt que sur les six derniers mois, comme le prévoit la réforme des retraites, ils risquent de perdre beaucoup. Pour autant, assure Jean-Michel Blanquer, il ne faut pas se fier aux chiffres avancés par les organisations syndicales. "Quand je vois circuler des simulateurs pour faire croire qu’il y aura une baisse des pensions, ça n’est pas sérieux !", s’est-il agacé sur le plateau de la radio.
Mieux ! Le ministre le promet, il n’y aura pas de baisse. Pour cela, il s’engage à "revaloriser les rémunérations des professeurs" afin que "leurs pensions soient maintenues", déclare-t-il dans les colonnes du Parisien, à qui il accorde une interview pour tenter de déminer la colère. Est-ce à dire que les professeurs seront finalement les grands épargnés de la réforme ? En tout cas, Jean-Michel Blanquer dit ne pas comprendre pourquoi faire grève. "C’est quand même dommage de se mettre en grève alors que la réforme aboutira à une augmentation des rémunérations", a déploré le locataire de la rue Grenelle. Reste à savoir si la hausse serait suffisante pour protéger les instituteurs. Emmanuel Macron avançait le chiffre de 10 milliards d’euros...
Réforme des retraites : combien gagneraient les professeurs ?
"Quand on prend des décisions qui concernent 850 000 personnes, cela fait vite masse. Les paramètres ne sont pas arrêtés", a répondu Jean-Michel Blanquer, questionné sur les fonds nécessaires pour maintenir le niveau des pensions des enseignants. Il a refusé de confirmer ou d’infirmer le chiffre de 10 milliards d’euros avancé par le président de la République.
Aux yeux du ministre, le problème principal qui handicap les professeurs ne provient pas spécialement de leur salaire : ce n’est donc pas sur ce levier que le gouvernement compte jouer pour les protéger des "effets négatifs" du changement de système de solidarités inter-générationnelles. "Dès le début, nous avons dit qu’une application aveugle de la réforme aurait pu se traduire par une baisse des retraites parce que les professeurs ont moins de primes que d’autres fonctionnaires de la même catégorie", a-t-il expliqué.
Selon lui, c’est donc sur les primes qu’il faut jouer, note le Huffington Post. "La différence qui peut exister entre un professeur et un cadre A de la fonction publique met surtout en lumière une différence au niveau des primes, donc c’est plutôt de ce côté-là que l’on voit les ajustements nécessaires", a-t-il poursuivi.
Des annonces qui ne rassurent pas nécessairement les enseignants. Et pour cause : la hausse de la rémunération promise devrait être particulièrement considérable pour pallier le risque de baisse montré du doigt par les organisations syndicales.
Réforme des retraites : d’autres fonctionnaires protégés par le gouvernement ?
Les enseignants sont loin d’être les seuls fonctionnaires que le gouvernement cherche à brosser dans le sens du poil. Depuis septembre 2019, déjà, Christophe Castaner a fait savoir qu’il se battrait pour le maintien du statut spécial des forces de l’ordre, rappelle Le Point. "Je défendrai jusqu’au bout la spécificité du statut des policiers et du statut des gendarmes pour que l’on reconnaisse cette spécificité et que l’on reconnaisse leur droit à un départ à la retraite plus tôt", avait-il fait savoir sur le plateau de BFMTV.
"Je me mobiliserai totalement pour préserver cela car un policier a beaucoup de mal à 62, 63, 64 ans à être sur le terrain avec la même efficacité. Ils ont régime particulier qui fait que pour cinq années travaillées ils ont une année de bonification, et c’est normal compte tenu de la difficulté, de la dangerosité de leur mission", a-t-il poursuivi.
Ce qui n’a pas calmé la colère des forces de l’ordre. Preuve en est, ces derniers ont symboliquement déposé casques et matraques, le 2 décembre 2019, pour protester contre un projet de réforme qu’ils disent ne pas soutenir. Au total, indique Le Parisien, ils étaient une centaine à respecter une minute de silence après plusieurs suicides dans la profession. Pour autant, les policiers et les gendarmes n’iront pas manifester le jeudi 5. "Nous sommes des gens responsables", a déclaré le secrétaire général d’Alliance.