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Vous n’avez jamais travaillé ? Voici vos droits à la retraite en 2025©Pexels / Kampus Production
Même sans carrière professionnelle, il est possible d'obtenir une aide financière à la retraite. L'Aspa, les trimestres assimilés et d'autres dispositifs permettent à certaines personnes de percevoir un revenu à partir de 65 ans. Conditions, plafonds, cas particuliers... On fait le point sur les droits à la retraite pour celles et ceux qui n'ont jamais cotisé.
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Peut-on toucher une retraite sans jamais avoir travaillé ? La réponse est oui, sous certaines conditions bien précises. Aidants, parents au foyer, personnes en situation de handicap... Si vous n’avez jamais exercé d’activité salariée ou cotisé à un régime de retraite, vous pouvez tout de même bénéficier d’une aide financière à partir de l'âge de la retraite.

Cette aide ne correspond pas à une "retraite" au sens strict, mais à l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). Contrairement aux pensions contributives issues des cotisations, l’Aspa est une aide financée par la solidarité nationale. D’autres dispositifs permettent également de valider des droits sans avoir travaillé, notamment via les trimestres dits "assimilés"

L’allocation Aspa quand on n'a pas cotisé pour la retraite

L’Aspa, anciennement appelée "minimum vieillesse", est une aide versée aux personnes âgées ayant de modestes ressources. Elle est attribuée même en l’absence de carrière professionnelle, à condition de respecter des critères stricts définis par la loi :

  • Être âgé de 65 ans ou plus (ou 62 ans en cas d’inaptitude au travail ou d'incapacité permanente d'au moins 50 %) ;
  • Résider de manière stable en France (au moins neuf mois par an) ;
  • Avoir demandé l’ensemble de ses pensions personnelles et de réversion - françaises et étrangères - ;
  • Ne pas dépasser un plafond de ressources : en 2025, 1 034,28 euros par mois pour une personne seule (ou 12 411,44 euros par an), et 1 605,73 euros pour un couple (ou 19 268,80 euros par an)

Les ressortissants d'un pays étranger doivent détenir un titre de séjour depuis plus de dix ans pour bénéficier de l'Aspa. " Cette condition ne vous est pas demandée si vous êtes apatride, réfugié, bénéficiaire de la protection subsidiaire, si vous avez combattu pour la France ou si vous possédez la nationalité de certains États", précise l'Assurance retraite.

Sur ce dernier point, elle précise :

  • Les ressortissants de l'Union européenne (UE) ou de l'Espace économique européen (EEE) ;
  • Les ressortissants de la Confédération Suisse ;
  • Les ressortissants du Gabon dès lors qu’ils possèdent un titre de séjour valide ;
  • Les ressortissants du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Turquie et d’Israël qui ont la qualité de travailleurs migrants ou de membres de famille de ces travailleurs ; 
  • Les ressortissants du Royaume-Uni, du Bénin, du Cap-Vert, de la République du Congo (Congo-Brazzaville), de Madagascar, du Mali, du Sénégal et du Togo dès lors qu’ils ont exercé en France une activité salariée ou assimilée ainsi que leurs ayants-droit.

L’Aspa est calculée en fonction des ressources réelles de la personne ou du couple. Elle vient compléter les revenus jusqu'à atteindre le plafond défini. Son montant est donc variable, mais ne peut pas dépasser 1 034,28 euros brut mensuels pour une personne seule en 2025. L’Aspa n’est pas automatique : il faut en faire la demande auprès de sa caisse de retraite ou, en l’absence de pension, du centre communal d’action sociale (CCAS).

Les trimestres assimilés : valider des droits sans emploi

Il est possible de valider des trimestres pour la retraite sans avoir travaillé, grâce à certaines situations dites "assimilées". Ces trimestres sont pris en compte dans la durée d’assurance retraite et peuvent donner droit à une pension, même modeste, si leur total est suffisant.

Voici les principales situations permettant d’acquérir des trimestres :

Maternité et éducation des enfants

Pour un enfant né avant 2010 : la mère obtient automatiquement 4 trimestres au titre de la maternité et 4 trimestres au titre de l’éducation (attribués entre la naissance et les 4 ans de l’enfant).

Pour un enfant né après 2010 :

  • Les 4 trimestres de maternité sont systématiquement attribués à la mère.
  • Les 4 trimestres d’éducation peuvent être partagés entre les deux parents, si le couple en fait la demande dans les 6 mois suivant le 4e anniversaire de l’enfant (ou de son adoption). Par défaut, ils sont attribués à la mère.

Depuis la réforme, un père ne peut récupérer au maximum que 2 trimestres au titre de l’éducation.

Arrêt maladie, accident du travail ou invalidité

1 trimestre est validé tous les 60 jours d’indemnisation, dans la limite de 4 trimestres par an. En cas d’incapacité permanente d’au moins 66 %, 1 trimestre est validé chaque fois qu’une rente d’invalidité est versée.

Rééducation professionnelle

Depuis 2000, 1 trimestre est validé tous les 90 jours de rééducation professionnelle, à la suite d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle.

Formation professionnelle

1 trimestre est validé tous les 50 jours de stage, à condition que ces périodes soient indemnisées ou considérées comme telles (y compris discontinues). Vous ne pouvez pas valider plus de 4 trimestres par an au total, tous dispositifs confondus.

Service militaire ou civil 

1 trimestre est validé tous les 90 jours de service. Ces trimestres sont rattachés à l’année civile au cours de laquelle les 90 jours sont atteints.

Chômage indemnisé 

1 trimestre est validé tous les 50 jours d’indemnisation (transmis automatiquement par France Travail).

Chômage non indemnisé 

Pour la première période de chômage non indemnisé, jusqu’à 6 trimestres peuvent être validés (1 trimestre tous les 50 jours). Pour les périodes suivantes, le chômage non indemnisé doit suivre immédiatement un chômage indemnisé pour ouvrir droit à validation.

Ces trimestres sont financés par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) et ne nécessitent aucune cotisation de votre part. Ils peuvent être déterminants pour atteindre le nombre de trimestres requis, même si leur impact sur le montant de la pension reste limité en l’absence de cotisations.

Les cas particuliers : parents au foyer, aidants, personnes en situation de handicap

Certaines personnes, souvent éloignées de l'emploi pour des raisons familiales ou de santé, peuvent tout de même acquérir des droits à la retraite grâce à des dispositifs spécifiques.

Parents au foyer

Les parents au foyer peuvent être affiliés à l’Assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF) - anciennement assurance vieillesse des mères de famille (AVMF) -, un dispositif permettant de valider des trimestres sans avoir à verser de cotisations. L’affiliation est gratuite et financée par la Caisse d’allocations familiales (CAF) si la personne perçoit certaines prestations sociales, comme l'allocation de base, la prestation partagée d'éducation de l'enfant (PreParE), le complément familial... 

Les trimestres AVPF sont comptabilisés pour la retraite de base. Ils n’ouvrent pas de droits à la retraite complémentaire. Il faut également que l’assuré(e) ait la charge effective et permanente d’un ou plusieurs enfants ou qu’il/elle apporte une aide régulière à une personne dépendante. Un plafond de revenus ne doit pas être dépassé. 

Aidants familiaux

Les aidants peuvent également être affiliés à l’AVPF s’ils accompagnent un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Voici les conditions à remplir selon le site officiel de la CAF : 

  • Bénéficier de  l'allocation journalière de présence parentale (Ajpp)
  • Assumer la charge d’un enfant âgé de moins de 20 ans en situation de handicap et vivant à votre domicile. Il doit présenter un taux d’incapacit é d’au moins 80 % ou compris entre 50 et 79% ET bénéficiant du complément AEEH ou PCH ; 
  • Avoir une activité professionnelle réduite ou sans activité professionnelle ; 
  • Prendre soin d'un(e) proche en situation de handicap ou de perte d'autonomie dans le cadre d'un congé "proche aidant". 

Personnes en situation de handicap

Si vous n'avez jamais pu travailler en raison de votre handicap, votre situation peut tout de même évoluer à l'âge de la retraite. Si votre taux d'incapacité est inférieur à 80 %, vos droits à l'AAH prennent fin à 62 ans. Vous devrez alors faire valoir vos droits auprès de la caiss de retraite de base. Vous pouvez également remplir une demande d'Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA). 

En revanche, si votre taux d'incapacité est égal ou supérieur à 80 %, vous devrez faire valoir vos droits à la retraite de base avant vos 62 ans. "La notification de rejet doit être envoyée à l’organisme payeur (CAF ou MSA) afin d’assurer une continuité de versement de l’Allocation Adulte Handicapé", selon le site officiel de l'Association Départementale d'Amis et de Parents d'Enfants Inadaptés (ADAPEI).

Ce qu’il faut savoir sur les prélèvements sociaux et l’impôt

L’Aspa est non imposable et exonérée de prélèvements sociaux (CSG, CRDS, CASA). En revanche, certaines petites retraites issues de trimestres assimilés peuvent être soumises à des prélèvements, selon le revenu fiscal de référence du foyer.

Il est donc important de vérifier chaque année les seuils de revenus fixés par l'administration fiscale pour savoir si votre pension est concernée par ces contributions.

Ne pas avoir travaillé ne signifie pas être sans droit à la retraite. Que ce soit via l’Aspa ou par la validation de trimestres assimilés, il existe des dispositifs de solidarité prévus pour accompagner les personnes n’ayant pas eu de carrière professionnelle classique. Pour chaque situation, il est essentiel de se renseigner auprès de sa caisse de retraite ou du CCAS de sa commune, et de consulter un simulateur ou un conseiller retraite pour anticiper au mieux ses droits.