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Le bal des concertations autour de la controversée réforme des retraites s’est ouvert la semaine dernière, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les débats sont déjà houleux entre les partenaires sociaux, le patronat et l'exécutif.
Jusqu’au 7 novembre, les discussions doivent se pencher sur le volet “emploi des seniors” du projet de loi.
Sur le sujet, le ministre du Travail Olivier Dussopt assume les ambitions du gouvernement, qui veut favoriser le retour à l’emploi des plus de 55 ans.
Selon défi-métiers, au troisième trimestre 2021, la durée d'inscription des demandeurs d'emploi de plus de 55 ans ou plus était de 771 jours, contre 349 jours tous âges confondus. La France est aussi à la traîne au niveau européen : le taux d’emploi des 55-64 ans y est de 56%, note La Tribune, contre 72% en Allemagne ou 76% en Suède.
Or, avec l’adoption de la réforme souhaitée par le gouvernement, qui décalerait l’âge de départ à la retraite à 65 ans, les seniors risqueraient de passer encore plus de temps au chômage, donc.
Emploi des seniors et réforme des retraites : les pistes du gouvernement
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche il y a quelques jours, le ministre du Travail Olivier Dussopt dévoile les pistes du gouvernement pour favoriser l’emploi des plus de 50 ans.
Ainsi, le ministre qui pilote la réforme a émis la possibilité, pour les plus âgés, de cumuler salaire et une partie de l’indemnité chômage, “afin de compenser le manque à gagner” côté revenu.
Une fausse bonne idée, pour la CFTC. “Cela donnerait la possibilité aux entreprises d’embaucher des seniors avec de plus faibles rémunérations”, soutient Pascale Coton, vice-présidente du syndicat, chez Capital.
Olivier Dussopt s’est également montré favorable à la retraite progressive, et au cumul emploi-retraite, et assure que son cabinet planche sur « des mécanismes incitatifs, sous forme par exemple d'exonérations de cotisations sociales » pour les entreprises.
Enfin, pour encourager le travail des seniors, le ministre du Travail a mentionné la création d’un “index” professionnel, sur le modèle de celui pour l’égalité femmes-hommes.
Concrètement, cela impliquerait de demander aux entreprises de compter parmi leur effectif un “minimum” de seniors, selon un pourcentage restant à définir.
Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Les avis divergent.
Index senior : les arguments des “pour”
La mesure, qui fera sans nul doute l’objet de vives discussions, est notamment portée par l’Association nationale des DRH (ANDRH).
Elle s’inspire du modèle, mis en place en 2019, pour lutter contre les inégalités hommes-femmes en entreprise, et promet de favoriser l’embauche et le maintien en poste des seniors.
L’index actuel fonctionne grâce à un indicateur sur 100 points du respect de l’égalité femmes-hommes en entreprise.
Mais comment appliquer ce système à la problématique de l’âge ? En mettant en place, non pas des critères de rémunération, mais des indicateurs comme le turn-over en entreprise, le taux de mobilité professionnelle interne des plus de 55 ans, la part des seniors dans les recrutements ou la formation de ces derniers.
Pour l’ANDRH, il permettrait “d’aider les DRH qui vont de toute façon être confrontés à la problématique du fait des réformes en cours”, abonde Sandrine Lannuzel, secrétaire générale, dans le Figaro.
“Calculer cet index permettrait que le sujet soit suivi dans les entreprises. Il aiderait à une prise de conscience et ferait changer les mentalités”, assure pour sa part Benoît Serre, vice-président délégué de l’ANDRH, dans l’Usine Nouvelle.
“ Un tel index permettrait aux entreprises de prendre conscience de leurs pratiques. Mais il aurait également un autre intérêt : il aiderait les personnes de plus de 50 ans qui cherchent un emploi”, explique encore Marc Ferracci, député Renaissance, dans l’Express.
Mais pour d’autres, la mise en place d’un tel dispositif ne présente pas que des avantages…
Index senior : les arguments des “contre”
Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, s’est récemment prononcé contre une telle mesure.
Pour lui, un index reviendrait à imposer un “pourcentage minimal de seniors” aux entreprises, ce qui est absurde. “Je ne vois pas comment on peut mettre cela en place de façon raisonnable… Cela n'a aucun sens, par exemple, de demander à des start-up d'avoir un pourcentage minimal de seniors”, a commenté l’intéressé dans les colonnes des Echos.
Audrey Louail, présidente de CroissancePlus, va dans le même sens, en s’exprimant dans l’Express:
L'entreprise s'adapte. La localisation géographique, les parcours professionnels, voire parfois les compétences : nos entreprises sont prêtes à former tous leurs collaborateurs, quel que soit leur âge. Pourtant, le taux d'emploi des 55-64 ans dans l'Hexagone est le plus bas d'Europe. La raison est certainement à aller chercher dans les conditions d'employabilité des seniors plutôt que dans un index ou des quotas…. La séniorité doit enfin être considérée comme un atout pour l'entreprise e t non comme une charge humaine et financière. A l'heure où le sujet de la réindustrialisation est au cœur des préoccupations économiques, l'expérience des collaborateurs seniors a toute sa place sur le marché de l'emploi.
Les concertations doivent se poursuivre jusqu’à la fin du mois de novembre.