De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Réformera, réformera pas ? Ces derniers temps, la transformation du modèle de solidarités intergénérationnelles français semble s’éloigner. C’était l’un des principaux engagement du président de la République, qui a organisé tout ou partie de sa campagne électorale autour de cette thématique… et qui n’a pourtant eu de cesse de repousser son calendrier, rappelle Capital. Initialement, le projet devait être amorcé rapidement. Dorénavant, s’amusent nos confrères, il est devenu “urgent d’attendre”. Tant et si bien d’aucuns s’interrogent désormais : et si Emmanuel Macron ne réformait tout simplement pas les retraites ?
C’est une question à laquelle l’exécutif a tenu à répondre, informe le Journal du Net. “Nous maintenons l’été 2023 comme horizon pour l’entrée en vigueur des premiers effets de la réforme” a ainsi déclaré le ministre du Travail Olivier Dussopt, à l’occasion d’un entretien accordé au Parisien. La Première ministre a aussi choisi d’insister sur la question : “Notre système a besoin d’une réforme des retraites”, affirmait-elle en début du mois de juillet, devant un parterre de parlementaires réunis au Palais Bourbon. Des discussions avec les syndicats devraient débuter aux alentours de la rentrée des classes, dans le courant du mois de septembre.
Réforme des retraites : ce qu’on sait à propos du projet et ce qu’on ne sait pas
Les grandes orientations d’une potentielle réforme des retraites portées par le gouvernement et le président de la République sont connues. Ceci étant dit, le flou persiste… et il s’avère assez marqué, comme l’explique le quotidien régional Centre Presse Aveyron. Pas de quoi tromper les représentants syndicaux, de toute évidence, puisque nombre de ces derniers se disent d’ores et déjà opposés au projet. La CGT et Sud ont même déposé un préavis de grève pour le 29 septembre, précisent nos confrères.
Dans les faits, la réforme souhaitée par Emmanuel Macron repose sur deux piliers, explique l’économiste Philippe Crevel : “Le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite, bien sûr, mais surtout la suppression des régimes spéciaux”. Reste à savoir si tout ceci sera seulement possible…
Réforme des retraites : y’a-t-il un loup derrière le flou ?
D’aucuns pourraient craindre l’incertitude engendrée par le contexte actuel. Faut-il croire qu’Emmanuel Macron ne parle plus de la réforme pour ne pas avoir à la mener ? Parce qu’il prévoit de changer certains des éléments du projet ? Pas d’après le directeur du Cercle de l’Epargne, qui a aussi fondé la société d’étude Lorello Ecodata. “Le projet demeure prioritaire pour Emmanuel Macron, qui l’a régulièrement rappelé”, estime-t-il, balayant sans ambages les reports de calendrier survenus depuis la réélection du président. “Il doit faire face à une action parlementaire qui rend l’adoption de la réforme considérablement plus complexe. Avec une majorité absolue, le chantier s’était montré difficile lors du précédent quinquennat. Aujourd’hui, il faut composer avec une majorité relative et un potentiel allié du côté des Républicains. Mais ceux-ci feront payer très cher leur éventuel soutien…”, juge en effet l’expert.
Une autre raison pourrait pousser le chef de l’Etat à ne pas trop s’avancer tout de suite : “En politique, il faut faire attention à ne pas ouvrir trop de fronts en même temps”, souligne Philippe Crevel, égrenant les sujets déjà à l’ordre du jour. “Aligner la retraite avec la question du pouvoir d’achat pourrait être dangereux, politiquement parlant. Depuis les Gilets jaunes, l’exécutif fait particulièrement attention à ne pas accumuler des foyers distincts susceptibles de cristaliser et de favoriser la création d’un front d’opposition”, précise l’économiste.
La sauce à laquelle les Françaises et les Français pourraient être mangés a, de fait, de quoi les agacer potentiellement.
Réforme des retraites : à quelle sauce allez-vous être mangés ?
“Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé qu’il ne reprendrait pas le texte initialement défendu à l’occasion de la précédente mandature. Il ne veut plus d’un régime universel par point et souhaite désormais la convergence des régimes de retraite, ce qui passe par la suppression des traitements spéciaux”, explique d’entrée de jeu l’économiste Philippe Crevel, non sans immédiatement préciser son propos : “Il réfléchit aussi la possibilité de reporter l’âge légal de départ à la retraite”.
Ce type de projet pourrait s’avérer assez impopulaire. “Tous les sondages indiquent deux choses : le report de l’âge de départ à la retraite est très largement rejeté par les Françaises et les Français. En revanche, ils ont aussi le sentiment qu’une réforme est nécessaire”, rappelle en effet l’économiste.
Pas de quoi crier au loup, pourtant, juge le spécialiste. “Cela fait trente ans que le problème des retraites est discuté. On connaît l’ensemble des soucis, de financement et de démographie, ainsi que toutes les solutions possibles. Il faut maintenant faire un choix : est-ce qu’on l’on veut faire cotiser davantage les actifs, au risque de mettre à mal la compétitivité de nos entreprises, réduire les pensions de retraite de façon directe ou indirecte… où est-ce que l’on préfère reporter l’âge de départ”, argumente le macro-économiste, d’obédience libérale.