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Tous les médias ont répété mercredi matin cette info en boucle, Dominique de Villepin aurait travaillé une journée au Quai d’Orsay dans le but de toucher un bonus de 100.000 euros. La somme est énorme et l’indignation que ce genre de révélation peut susciter l’est également. L’article du Daily Telegraph met ainsi le doigt sur l’une de nos spécialités françaises, l’opacité de certaines pratiques qui alimente ainsi tous les fantasmes. Si le ministère des affaires étrangères n’a pas démenti avoir versé une telle somme à l’ancien Premier ministre, qu’en est-il vraiment de ces présupposés avantages dont jouiraient ministres et élus?
La retraite des ministres
Comme le précisait l’un de nos précédents articles, les ministres ne perçoivent pas réellement de retraite si ce n’est dans les 6 mois qui succèdent l’arrêt de l’exercice de leurs fonctions durant lesquels ils perçoivent l’intégralité de leur salaire, soit 9.940 euros pour un ministre (celui-ci a baissé de 5.000 euros à l’arrivé de François Hollande au pouvoir). Pour un secrétaire d’État cette somme est de 9.443 euros mensuels (contre 13.000 euros anciennement) quand les Premiers ministres eux perçoivent 14.910 euros (contre 22.000 euros anciennement) par mois durant cette période. En revanche, certains jouissent d’avantages "à vie".
Une voiture avec chauffeur, une secrétaire et un garde du corps, voilà ce dont les Premiers ministres ont coutume de conserver après l’arrêt de leurs fonctions. Comme nous le signalions, ce traitement de faveur, justifié en partie pour des raisons de sécurité, est chiffré par la Cour des Comptes à 71 879 euros par an. Les anciens ministres de la Défense ou de l’Intérieur peuvent également jouir d’attributions similaires sans que ceci soit ordonné par un quelconque texte de loi. "La tradition" dirons certains.
Le cas des parlementaires
Le cas de la retraite des parlementaires a été mis sur la table en octobre dernier et a fait l’objet de vifs débats chez les concernés. Jusqu’à cette réforme les députés bénéficiaient d’un système de "double cotisation" qui leur permettait de cotiser pour une pension complète 22.5 ans contre 40 ans dans la société civile. Un "effort" régressif a dès lors été adopté par les députés qui cotisent désormais 1,5 fois sur leur premier mandat, 1,33 sur le suivant, et ainsi de suite.
Ceci dans l’objectif de faire baisser de 25% le coût de leur retraite. De cette façon, su un député ne fait qu’un seul mandat, il sera assuré de touché 1200 euros pour sa retraite "Soit une retraite obtenue en cinq ans quasi équivalente au montant de la pension médiane touchée par les Français (1334 euros) après une carrière complète (près de 40 ans de cotisation)" précise Libération. Notons également qu’à l’inverse des autres retraités, aucune décote n’est en vigueur sur cette pension. Ajoutez à cela les revenus supplémentaires liées aux fonctions de président de commission ou autres mission parlementaires et appréciez l’importance d’une pension d’un parlementaire ayant effectué de nombreux mandats. A sa décharge, Villepin n’a jamais été parlementaire…
Alors qu’en est-il ?
Le cas du "bonus" de Dominique de Villepin ne rentre pas dans un cadre stricto sensu politique. C’est sur la base de sa carrière de haut fonctionnaire que l’ancien Premier ministre jouit aujourd’hui de cette prime. Rentré au Quai d’Orsay à la sortie de l’ENA en 1980, il bénéficie alors d’"un dispositif de fin d’activité permettant aux cadres supérieurs du ministère des Affaires étrangères de quitter définitivement les cadres de l’administration de façon anticipée entre 58 et 62 ans, en contrepartie d’une somme correspondant à environ un an de traitement" comme le relève ce décret signé par Fillon dont le Nouvel Obs a retrouvé la trace.
En fait, comme Dominique de Villepin, en tant qu’ancien Premier ministre, n’avait pas de poste à pourvoir au Quai d’Orsay auquel il était rattaché, il a donc pris sa retraite de façon anticipée et ainsi touché l’équivalent d’un an de salaire. Le porte parole du ministère, Romain Nadal, cité dans les colonnes duPoint, précise "Nous n'avions rien à lui offrir, et lui désirait travailler dans le privé, donc partir. L'opération est profitable au ministère. Elle s'est déroulée entre la direction des ressources humaines et Dominique de Villepin". C’est donc dans ce cadre administratif, et a priori non politique, qu’il aurait touché la somme de 70.000 et non 100.000 euros comme l’indique le Daily Telegraph.
Ci-dessous, une vidéo sur une autre histoire "argent et poitique"