De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Souvent, le portrait qui est fait d’eux est celui d’une classe privilégiée… Les retraités sont régulièrement considérés comme des individus financièrement privilégiés ; indépendamment des évolutions du monde. Et ce même en période de pandémie ou de crise économique : comme a d’ores et déjà pu l’expliquer Planet, ils n’ont pas eu à souffrir pécuniairement des mesures de restriction des libertés engagées depuis le début de la dégradation de la situation épidémiologique française. Pour certains, les confinements successifs ont dû s'accompagner de chômage partiel - voir total, dans une partie des scénarios - mais cela n’a pas eu d’impact sur la rémunération des retraités.
Un état de fait que certains d’entre eux ne perdent pas de vue, à en croire Le Parisien. Le titre de presse publie en effet un nombre conséquent de témoignages de Françaises et de Français ayant d’ores liquidé leurs droits ; dans le but de prendre le pouls du pays, à quelques mois seulement du premier tour du scrutin présidentiel. "Est-ce que ça importe ce que je pense ? De toute façon, nous, retraités, on est des privilégiés. On a notre retraite qui tombe tous les mois. Peu importe qui passera à l’élection", avance l’un des retraités qu’ils ont eu l’occasion d’interroger durant son passage à la station balnéaire de Dinard.
Peut-on vraiment dire des retraités qu’ils sont privilégiés ?
Ce discours, qui pourrait agacer certains anciens actifs, est connu. Il ne date pas de la crise sanitaire… et fait le lien avec la régulière mise en opposition des jeunes et de leurs aînés en France. Un conflit, force est de le constater, souvent mis en scène dans notre pays.
Pour autant, rapportait Capital il y a quelques années, il serait naïf de penser que la France n’a jamais chouchouté ses seniors. En 2017, poursuivent nos confrères, l’Hexagone se rangeait au deuxième rang des nations payant le mieux leurs retraités par rapport au reste de la population. Le taux de pauvreté des plus de 65 ans est également plus bas que pour le reste de la population et ils n’ont - à priori - pas à craindre pour le versement de leurs pensions. Ils n’ont plus à s’inquiéter non plus de la perte d’emploi. Mais la dynamique s’inverse…
Retraités : les raisons pour lesquelles ils ne sont pas privilégiés
Pour le sociologue Serge Guérin, spécialiste des thématiques du vieillissement et de la "seniorisation", la question ne se pose pas : le privilège des retraités est un mythe. C’est en tout cas ce qu’il expliquait en 2019, dans les colonnes de Notre Temps. "Il est affirmé sur tous les tons que le niveau de vie des retraités est de 10% supérieur aux actifs. Cela n’a pas grand sens", attaquait-il alors sans ambages, estimant la statistique faussée par la prise en compte des tout jeunes actifs dont les rémunérations sont mécaniquement moins élevées.
L’expert pointe également l’effet de noria, d’ores et déjà expliqué dans nos colonnes, qui justifie le maintien du pouvoir d’achat des retraités. Autrement dit, c’est parce que les salaires augmentent que chaque génération de retraités est (globalement) mieux payée que la précédente. "En dehors de cet effet, depuis 1992, le pouvoir d’achat des pensions est orienté à la baisse", rappelle-t-il d’ailleurs…
Qui sont les privilégiés en France ?
Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas de privilégiés en France. Pour l’observatoire des inégalités, dirigé par l’ancien journaliste Louis Maurin, on les retrouve aux manettes du Pays. Il évoque en effet "une bourgeoisie économique (plutôt de droite) mais aussi culturelle (plutôt de gauche)" qui disposerait du pouvoir, "vit dans l’entre-soi et n’a aucun intérêt au ‘changement’ qu’elle met en avant comme un slogan en permanence".
Pour autant, il ne faut pas penser, assure-t-il, qu’elle se contente des "plus hauts postes de l’exécutif". La France des privilégiés se serait d’après lui installée à la tête des entreprises, des collectivités locales, des associations, des think-tanks, des lobbies et même d’un certain nombre de mouvements moins organisés.