Sécurité, retraite, chômage... Les prochains textes qui pourraient changer vos viesAFP
Le gouvernement travaille aujourd'hui sur plusieurs textes de loi capables de drastiquement changer la vie des Français. Quels sont-ils ? Et surtout… que disent-ils ?
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La justice est-elle trop frivole ? En tout cas, les Françaises et les Français s’en méfient ; à en croire le dernier texte porté par Eric Dupond-Moretti. Le garde des Sceaux, qui a rejoint le gouvernement il y a désormais neuf mois, présentait "sa" loi pour "la confiance dans l’institution judiciaire" au conseil des ministres ce mercredi 14 avril 2021, rapporte Le Monde, à qui Acquittator accordait pour l’occasion une interview.  Et pourtant, note le quotidien du soir, le procès en "laxisme" n’est pas celui auquel Acquittator entend répondre. Il estime en effet qu’il est toujours intenté par "les populistes extrémistes", qui "utilisent la défiance grandissante des Français" tout en jouant du "déficit de connaissance du milieu judiciaire pour politiser des décisions rendues".

Mais, dès lors, de quoi cette loi est-elle le nom ? Est-elle en mesure de changer le quotidien des Françaises et des Français, si aisément manipulables, explique le ministre ? Pas sûr, affirme pour sa part le politologue Christophe Bouillaud, enseignant-chercheur à l’Institut d’Etudes Politique (IEP) de Grenoble. "Il s’agit d’un texte très technique, destiné à améliorer la rapidité de la justice, surtout en matière d’affaires pénales. Cependant, au-delà de certains aspects assez symboliques, telle que la criminalisation de certains délits aujourd’hui correctionnalisés, il est un peu vide. Il ne devrait pas changer la vie au quotidien", estime le professeur, qui note tout de même que ce texte contribue à "protéger la criminalité en col blanc", notamment en renforçant certains droits de la défense.

Ces textes de loi qui vont mécaniquement changer votre quotidien

Pour autant, le gouvernement ne travaille pas que sur cet unique texte de loi. Au moins trois autres réformes sont susceptibles de drastiquement bouleverser le quotidien des citoyens Français. Deux portent sur le volet économique - et pourraient donc en amener certains à se serrer la ceinture encore davantage - tandis que le dernier concerne bien plus les sujets régaliens. Il s’agit, sans surprise, de la loi séparatisme ainsi que des réformes de l’assurance-chômage et des retraites.

Séparatisme : Emmanuel Macron est-il en passe d’interdire l’Islam ?

La loi séparatisme pourrait avoir un impact beaucoup plus concret. "Tout dépendra de l’option retenue. Si le texte est voté dans sa version minimaliste, c'est-à-dire au goût de l’Assemblée nationale, il va beaucoup compliquer la vie des associations cultuelles. Ce ne sera pas particulièrement visible pour le citoyen ordinaire, cela étant", rappelle Christophe Bouillaud, pour qui cette hypothèse apparaît assez plausible.

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"En revanche, si le texte est voté dans sa version maximaliste, c’est toute la société qui pourrait s’en retrouver transformée. Coller à la proposition de Marlène Schiappa revient en effet à bloquer toute activité visible de l’Islam en France, du financement des mosquées, à l’interdiction pour les femmes voilées d’accompagner une sortie scolaire en passant par la mise en difficulté de toute association musulmane dont la ligne ne serait pas exactement celle souhaitée par le ministère de l’Intérieur", estime le politologue.

Une telle chasse aux sorcières ne serait pas sans conséquences concrètes. "Ce type de texte est parfait pour engendrer un profond conflit entre la communauté musulmane et le reste de la nation. Il risque aussi de diviser les musulmans entre eux, avec d’un côté ceux qui acceptent le texte et de l’autre ceux qui le réfutent. Le gouvernement s’exposerait donc à un magnifique effet de retour. Je ne suis pas sur qu’il soit extrêmement intelligent d’officialiser cette ligne de partage", alerte le chercheur pour qui ce type de réaction constitue une "quasi-certitude". "Tout est mis en place, aujourd’hui, pour permettre ce conflit. Il va donc durer et même structurer la vie politique française", poursuit-il, non sans dénoncer une certaine "hypocrisie d’Etat", dans la mesure où "l’Islam n’est accepté que quand il est invisible".

Reste le volet économique qui, lui non plus, ne saurait être oublié. Il pourrait même concerner davantage de monde…

Les textes économiques qui vont changer vos vies

Deux autres textes de loi demeurent susceptibles de bouleverser le quotidien des Françaises et des Français. La réforme de l’assurance-chômage et celle des retraites. Elles illustrent, juge Christophe Bouillaud, l'ambiguïté dans laquelle se trouve aujourd’hui le président de la République. "D’un côté, il est pris par l’impossibilité de faire de l’austérité au mauvais moment, au risque de déclencher une catastrophe. De l’autre, il reste convaincu qu’il faut crédibiliser l’Etat et sa gestion des finances publiques à long terme… Ce qui signifie poursuivre la tradition austéritaire en vigueur en France depuis Raymond Barre", note en effet le politologue.

Ces deux réformes répondent donc à cet objectif. "Il s’agit de faire des économies, de pouvoir être en mesure d’afficher des dépenses courantes en baisse, du fait de la réduction de la voilure de l’Etat social. Cet argent pourrait ensuite être utilisé pour payer la dette… Et cette proposition séduira assurément les gens qui dépendent des saines finances de la France. C'est-à-dire les épargnants et les retraités", explique encore l’enseignant-chercheur.

"Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit d’une solution complètement suicidaire sur les plans social et électoral. Le chômage risque de grimper à une vitesse folle et de plonger de nombreux individus - y compris des pré-retraités - dans la misère", déplore le chercheur. 

Et de conclure : "Cela revient à créer une crise sociale dans la crise sociale mais Emmanuel Macron peut se dire que ce n’est pas grave, puisque les médias rendent très peu compte de cette réalité. Pourtant, cela reste un pari risqué, puisqu’il risque de ne pas séduire les travailleurs, déstabilisés par la transformation de notre système de générosité inter-générations. C’est d’autant plus que tragique que l’on accuse aujourd’hui les retraités d’être des privilégiés… et que ce sont les prochains que l’on fera payer".