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Emmanuel Macron tenterait-il de ruser pour faire passer la réforme des retraites ? Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites ayant récemment rejoint le gouvernement, préconisait dans son rapport une augmentation de l'âge légal de départ.
Or, à la surprise générale, le président de la République a écarté cette solution au profit d'un allongement de la durée de cotisation (ce qui revient peu ou prou à la même chose). Comment expliquer un tel revirement ?
Selon le Huffington Post, le président et son haut-commissaire formeraient un duo similaire à Charles De Gaulle et Alain Peyrefitte lors de la guerre d'Algérie. En 1961, le fondateur de la Ve République et son collaborateur négocient secrétement avec le Front de libération nationale (FLN), alors que la fin de le guerre d'Algérie approche.
Jean-Paul Delevoye, l'éclaireur d'Emmanuel Macron ?
Réfléchissant sur les solutions a adopter pour assurer la stabilité du pays, Charles De Gaulle évoque à Alain Peyrefitte un "regroupement des Européens" d'Algérie. Comprendre : un partage géographique du pays entre Algériens et pieds-noirs, un apartheid.
Alain Peyrefitte exprime ses réticences au général, mais celui-ci achève de le convaincre : "Ce n’est pas idéal, mais il ne serait pas mauvais que le FLN se rende compte qu’on va vers ça, s’il continue à fuir le contact", déclare le héros de guerre, cité par Alain Peyrefitte dans C'était De Gaulle.
"Vous qui écrivez, pourquoi n’approfondiriez-vous pas cette solution dans des articles de journaux ?", souffle De Gaulle à son jeune collaborateur. Alain Peyrefitte va plus loin et écrit un livre sur ce plan de partage, un essai intitulé Faut-il partager l'Algérie ?
Un jour, alors qu'il se rend à l'Elysée, Alain Peyrefitte est durement critiqué par De Gaulle sur son initiative : "On me dit que vous faites campagne pour le partage de l’Algérie et que vous voulez même publier un livre ?", s'étouffe le président. "En clair vous souhaitez faire un Israël français. Si nous suivons cette solution, nous dresserons la Terre entière contre nous", ajoute Charles De Gaulle.
Outré par tant de culot, Alain Peyrefitte propose de renoncer au livre. Le président refuse : "Gardez-vous-en bien ! Ça peut encore servir. La seule chose que je vous demande, c’est de ne pas laisser entendre que je suis favorable à cette solution".
Réforme des retraites : un projet à haut risque
Comme De Gaulle avec Peyrefitte, Emmanuel Macron enverrait-il Jean-Paul Delevoye en éclaireur, lui demandant de rédiger un rapport choc pour mieux le désavouer par la suite ? Le président passe ainsi pour un homme de consensus, plus modéré que ses propres collaborateurs. Ces ruses de présidents révèlent, s'il le fallait, l'importance capitale de la communication en politique.
Le projet de loi du gouvernement prévoit la suppression des 42 régimes spéciaux de retraites existant et leur fusion dans un régime unique. En 1995, un projet de loi similaire avait mis la France dans la rue et paralysé le pays, avant d'être retiré par Alain Juppé, à l'époque Premier ministre.
De même, Nicolas Sarkozy avait envisgé en 2007 de supprimer les régimes spéciaux, mais avait dû capituler devant une mobilisation syndicale de grande ampleur.