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L'information nous provient du Nouvel Observateur, qui a eu accès aux meilleures feuilles.Le 13 septembre prochain paraîtra aux éditions du Seuil un livre-enquête signé Tristan Berteloot, journaliste àLibération, intitulé La Machine à Gagner.
D'après lui, le Rassemblement national aurait produit de faux documents pour éviter à son président Jordan Bardella de comparaître lors du procès dit "des assistants parlementaires," qui débutera le 30 septembre.
L'affaire des "assistants parlementaires" : c'est quoi ?
Petit rappel des faits : l'affaire éclate en 2015, quand on parlait encore de "Front national". Marine Le Pen et d'autres cadres sont alors soupçonnés d'avoir détourné des fonds alloués par Bruxelles pour régler les frais destinés à payer les assistants parlementaires de leurs députés européens, depuis 2004. Ce afin d'assurer le fonctionnement du parti, alors en grande difficulté financière. Pour un total de 7 millions d'euros !
La justice s'était en effet penchée sur un organigramme publié par le parti, sur lequel étaient mentionnés les noms d'une vingtaine d'assistants, comme celui de Jordan Bardella, "chargé de mission" de Florian Philippot, alors vice-président de l'époque avant de claquer la porte et de s'envoler vers d'autres cieux, ceux des Patriotes.
Problème, Jordan Bardella était censé au même moment être aux côtés de l'eurodéputé Jean-François Jalkh... Il avait alors 19 ans, et aurait travaillé en CDD à mi-temps du 16 février au 30 juin 2015 pour un salaire de 1 200 euros net par mois.
Un emploi fictif pour Jordan Bardella ? La question demeure
Comment pouvait-il occuper deux emplois à la fois, si éloignés géographiquement ? Le Nouvel Observateur rappelle que l’Office central de Lutte contre la Corruption et les Infractions financières et fiscales (OLAF), avait ouvert une enquête en décembre 2016 pour "abus de confiance", "recel d’abus de confiance", "escroquerie en bande organisée", "faux et usage de faux" et "travail dissimulé".
Le RN ainsi que 27 personnes physiques, dont Jean-Marie (sa santé ne permettant pas de le juger) et Marine Le Pen, aujourd'hui toujours menacée d'inéligibilité, avaient été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Paris en décembre 2023. L'ouverture du procès avait donc été fixée au 30 septembre prochain.
Parmi les prévenus, on compte 13 ex-assistants parlementaires. Ce que révèle le livre de Tristan Berteloot est quela justice ne s'est jamais préoccupée du cas de Jordan Bardella, et pose aussi la question du "pourquoi".
Un dossier monté de toutes pièces par le RN ?
D'après le journaliste de Libération, en 2017, la direction du parti aurait eu connaissance du fait que Jordan Bardella était bien cité dans l'enquête débutée en 2016, suspecté d'avoir possiblement effectué "des activités incompatibles avec [un] contrat d’assistance parlementaire".
Sauf que le "petit" assistant était déjà devenu grand, promu porte-parole du Rassemblement national. Un coup dur très embarrassant pour Marine Le Pen et son nouveau protégé en vue des élections présidentielles de 2022.
Dès lors, le RN aurait chargé un avocat de contre-attaquer : il aurait demandé à un stagiaire de François Jalkh de constituer un dossier prouvant les activités de Jordan Bardella lorsque ce dernier était son assistant.
À ce propos, relate L'Obs,Tristan Berteloot écrit : "un dossier de preuves de travail bidon, antidaté de la période où Jordan Bardella était embauché comme assistant. Des documents factices, pour un emploi fictif." L'auteur parle ensuite d'un email de consignes très compromettant, ignoré par les enquêteurs, de la manipulation de la base de données du Parlement européen, d'un document truqué...
Marine Le Pen confiante malgré la sortie du livre
Autre révélation de Tristan Berteloot : un calendrier détaillant les activités de François Jalkh, datant de 2014-2015 et présenté par la défense aurait été annoté à l'époque par Jordan Bardella. Ce que l'auteur conteste : "selon plusieurs sources concordantes, ce calendrier aurait été rempli plus de deux ans après le contrat de Jordan Bardella."
Il poursuit : "ce qui est étonnant, c’est que le Parlement n’a jamais vérifié ce dossier de preuves. Je ne comprends pas qu’il soit passé à côté."
Interrogée lundi par l'hebdomadaire,Marine Le Pen assure que la parution de cet ouvrage est une "tentative de déstabilisation politique. Ces accusations sont fausses. Ce contrat n’a jamais été retenu, ni par la justice, ni par le Parlement, ni par l’Olaf comme susceptible de poser le moindre problème."
Concernant le procès du 30 septembre,"très sûre de son innocence" elle a déclaré à La Tribune du Dimanche : "j’ai la faiblesse de penser que je serai relaxée, comme l’ensemble de mes collègues députés."
Mais, rapporte Le Nouvel Observateur, lors de l'enquête entre 2016 et 2017,l'OLAF était tombé sur des écrits entre Wallerand de Saint-Just, trésorier du parti à l'époque, et l’eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser, dont l'un mentionnait : "ce que Marine nous demande équivaut qu’on signe pour des emplois fictifs."