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Démission de Gérard Collomb : l’image d’Emmanuel Macron écornée
"Tu quoque mi patrem". Les ministres et les relais habituels de la majorité ont beau marteler qu’il n’y a pas de "crise politique", la rentrée d’Emmanuel Macron se parachève sur une note plutôt Gergovie qu’Alésia. Gérard Collomb a quitté ce mercredi matin le ministère de l’Intérieur après une passation de pouvoir particulièrement froide avec le Premier ministre Edouard Philippe. Cette cérémonie express et sans saveur, si ce n’est celle d’une inimitié ancienne, a fait suite à deux jours de "vaudeville" comme aime déjà à les qualifier l’opposition.
Lundi, plusieurs médias apprennent que Gérard Collomb a remis sa lettre de démission à Emmanuel Macron qui, en retour, lui réitère sa confiance. Le lendemain, le Lyonnais enfonce le clou, cette fois le président le laisse partir. Ces 48 heures qui feront les choux gras des experts en communication politique pendant plusieurs années affaiblissent cependant encore un peu plus le chef de l’Etat.
Alors que sa cote de popularité, déjà entachée par l’affaire Benalla et la démission de Nicolas Hulot , est au plus bas, Emmanuel Macron donne de nouveau l’impression de ne maîtriser ni les horloges, ni le storytelling. Conséquence, le messages est brouillé et son autorité affectée. Une séquence qui acte "d’un dysfonctionnement grave de l’équipe gouvernemental", analyse même le politologue Bruno Cautrès au HuffPost.
Au-delà du feuilletonnage de cette démission - qui a commencé quand Gérard Collomb a fait savoir qu'il serait candidat à Lyon aux municipales de 2020 - et des postures, ce départ constitue une perte politique conséquente pour le chef de l’Etat. D’autant que le premier des macroniens avait semé des cailloux affutés ne laissant guère de doute sur son inévitable sortie.
Démission de Gérard Collomb : crise de confiance
La longue expérience politique de Gérard Collomb a eu un poids considérable dans le projet politique d’Emmanuel Macron. Au regard de la précipitation de son départ, les propos que tenait l’ex-ministre de l’Intérieur à une journaliste de La Dépêche prennent une dimension plus grave.
Car depuis plusieurs semaines, l’édile lyonnais ne retenait plus ses tacles face à celui qu’il avait pourtant soutenu dès le début. Isolement, affaire Benalla, limitation à 80km/h, nécessité d’écouter les retraités… Gérard Collomb s’était permis de critiquer ouvertement le président et de le mettre en garde. Ajoutant ainsi sa petite pierre à l'édifice de l'amertume laissé avant son départ par un certain Nicolas Hulot.
"En quittant le navire, incontestablement Gérard Collomb rend un très mauvais service au capitaine Macron. Cela rend encore un peu moins légitime cette Macronie (…) C'est un départ prématuré et qui manifestement est la traduction d'un désaccord", explique notamment l’historien Jean Garrigues sur Franceinfo. Le départ aussi d'un habitué du jeu politique à l'ancrage local fort.
Emmanuel Macron se retrouve d'autant plus exposé, que le vide laissé par Gérard Collomb ne semble pas si aisé à remplir et que l’opposition ne se gêne pas pour occuper le terrain.
Démission de Gérard Collomb : l’opposition dans la brèche, la macronie face à ses propres défis
De crise de confiance entre un jeune président et un ancien qui l’a porté, à crise au sommet de l’Etat, il n’y a qu’un pas que franchit allégrement l’opposition. « Il ne veut pas associer son nom à ce qu'il considère désormais comme un boulet. Gérard Collomb, 1er arrivé et 1er parti. C’est ce qui va arriver », a tancé le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, sur LCP. Les propos ne sont pas moins amen côté Républicains.
Enfin, comme le relèvent plusieurs observateurs de la macronie, la double casquette temporaire d’Edouard Philippe illustre la difficulté pour Emmanuel Macron de trouver des cadres compétents au sein de ses troupes. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement a assuré que cela ne prendrait que quelques jours. Un impératif alors que, selon un conseiller, l’exécutif voudrait rapidement clore cette séquence.
Emmanuel Macron est d'ailleurs lui-même monté au créneau, assurant que l'exécutif était tout à son travail.