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"C'est trop tard. C'était un grand projet de début de quinquennat", affirme sans ambages un ministre anonyme interrogé par Le Figaro. Il évoque la réforme des institutions qui, dans l'immédiat, semble être repoussée aux calendes grecques. Emmanuel Macron s'était en effet engagé à revoir considérablement le fonctionnement des institutions de la Vème République. Au programme, résume La Tribune, une réduction du nombre des parlementaires, de façon à réaliser des économies et à les redéployer dans un effort "de contrôle et d'évaluation des politiques publiques" mais aussi l'introduction d'une certaine dose de proportionnelle, la création d'un référendum d'initiative populaire (alternative au référendum d'initiative citoyenne, quoique moins dangereuse pour le pouvoir en place). Tous ces éléments devraient permettre, espère le gouvernement, d'accélérer la procédure habituelle d'adoption des textes de loi. Il s'agit, poursuit le site d'information, de reprendre "la maîtrise de l'agenda parlementaire".
Pourtant, l'examen du projet de loi constitutionnelle avait commencé, en juillet 2018. Seulement, l'affaire Benalla avait signé son premier report et interrompu l'exercice en cours à l'Assemblée nationale. Depuis, explique le quotidien marqué à droite, Emmanuel Macron doit composer avec l'hostilité du Sénat, qui refuse son projet.
Emmanuel Macron pourra-t-il réformer les institutions ?
Tant que le Sénat refuse cette réforme, le président ne peut pas la faire adopter. Et pour cause : cette dernière modifie considérablement la Constitution. Or, dans ce cas, Emmanuel Macron a besoin de réunir les trois cinquièmes des parlementaires. Cependant, un espoir demeure explique un ministre dans les colonnes du journal. Passé les municipales, la composition de la chambre haute pourrait évoluer. "Les groupes politiques peuvent être plus ouverts", explique le membre du gouvernement.
Pour autant, la réforme reste peu probable… Et certains ministres eux-même n'y croient plus.
Emmanuel Macron ne réformera probablement pas les institutions avant 2022
"Beauvau étudie encore la faisabilité. Mais je crains qu'on n'ait plus de place pour passer la réforme. Il y a des sujets politiques plus prioritaires", explique un autre membre du gouvernement pour Le Figaro, qui évoque notamment la loi relatives à la dépendance. "On ne peut plus le faire", abonde un "haut gradé du Palais Bourbon".
Pour autant, d'autres proches du président de la République sont formelles : il faut faire cette réforme, il en va même de l'intégrité du gouvernement. "Si on ne fait rien sur les institutions, cela donnera l'impression qu'on a tout fait, sauf ce qui nous concerne directement", s'inquiète un "parlementaire de la majorité". Des craintes partagées par des grands noms de La République en Marche ou des mouvements alliés.
Emmanuel Macron pourrait-il se contenter d'un simple passage à la proportionnelle ?
C'est le cas de François Bayrou, pour qui cette réforme constituerait un "marqueur très important de changement". "On avait promis un changement de règles, alors réformons jusqu'au bout et mettons en place la proportionnelle", propose pour sa part l'eurodéputé Stéphane Séjourné, qui fut conseiller d'Emmanuel Macron.
"La réduction du nombre de parlementaires et la proportionnelle font partie d'un sujet global. Ne faire que la proportionnelle, c'est la version moins disante", alerte cependant un "cadre" de LREM, qui pointe aussi du doigt le risque que le RN profite de cette évolution. Et lui de conclure : "Il faut acter que le Sénat bloque et relancer dans un second quinquennat".