Claude Guéant incarcéré : pourquoi se retrouve-t-il en prison ?AFP
Claude Guéant, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, vient de passer sa première nuit derrière les barreaux. Il est incarcéré à la prison de la Santé après avoir été condamné en 2017 à un an de prison ferme.
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La nouvelle est tombée hier, comme un couperet. Claude Guéant, 76 ans, est incarcéré à la prison de la Santé, connue notamment pour avoir récemment accueilli Alexandre Benalla et Patrick Balkany. L’ancien ministre de l’Intérieur, aussi connu pour avoir été secrétaire général de la présidence de la République Française durant le mandat de Nicolas Sarkozy, vient de passer sa première nuit derrière les barreaux. Il a d’ailleurs directement intégré le “quartier VIP”, informe Europe 1. Il s’agit d’une partie isolée de l’établissement pénitentiaire, “totalement étanche du reste de la population carcérale”, précisent nos confrères.

Mais pourquoi Claude Guéant y a-t-il passé la nuit ? L’ancien grand commis de l’Etat, souligne Le Nouvel Observateur, a été condamné en 2017 dans l’affaire des primes en liquide de la place Beauvau. Il avait d’abord écopé de deux ans de prison, dont un avec sursis, ainsi que d’une amende de 75 000 euros après une procédure d’appel en janvier. Deux ans plus tard, la cour de cassation ayant rejeté sa demande de pourvoi, la peine est devenue définitive.

Claude Guéant en prison : combien de temps va-t-il passer derrière les barreaux ?

Si Claude Guéant n’arrive que maintenant derrière les barreaux, c’est parce qu’il a d’ores et déjà purgé une partie de sa peine sous le régime de la liberté conditionnelle. Seulement, en novembre dernier la Cour d’appel de Paris a dû révoquer tout ou partie de son sursis et de sa liberté conditionnelle : ce dernier avait, ont estimé les magistrats, cessé de payer son amende ainsi que les dommages et intérêts dont il lui faut pourtant s’acquitter… Il devrait donc rester sous écrou pour neuf mois au moins. Une sanction trop dure ?

Claude Guéant en prison : de quoi s’est-il rendu coupable ?

Les faits reprochés à Claude Guéant remontent à la période 2002-2004, indique 20 minutes. L’ancien homme fort de Nicolas Sarkozy a en effet été condamné pour avoir puisé entre 4 000 et 5 000 euros en liquide par mois dans une caisse initialement dédiée à financer les frais d’enquête et de surveillance des forces de l’ordre. En plus de l’amende précédemment évoquée, il lui faut donc payer 210 000 euros de dommages et intérêts, solidairement avec tous les autres prévenus. Sa dette totale, estimée à 190 000 euros, n’a été réglée qu’à hauteur de 36%.

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Au vu des faits qui lui sont reprochés, d’aucuns n’auraient pas de mal à argumenter que la peine dont écope aujourd’hui Claude Guéant est amplement méritée. Le politologue Christophe Bouillaud s’attardait d’ailleurs sur la question, à l’issue de la condamnation d’une autre éminente figure de la période Nicolas Sarkozy : François Fillon. Selon l’universitaire, il ne faut pas hésiter à faire des politiques de véritables exemples. Explications.

Claude Guéant en prison : pourquoi faut-il faire des politiques des exemples ?

Avoir occupé des postes à responsabilités tels que le ministère de l’Intérieur constitue indéniablement une circonstance aggravante à prendre en compte, juge le politologue…Pour qui la Justice fait parfois preuve de timidité quand il s’agit de s’en prendre aux politiques.

“les personnalités politiques, députés ou sénateurs, sont celles qui votent les lois, ou dont les députés et sénateurs du parti auxquels ils appartiennent votent les lois. Le fait que le simple citoyen doive se soumettre à la loi, parce qu'il a participé à sa conception, est largement une fiction. Dans notre démocratie dite représentative, ce sont les représentants élus des citoyens qui votent les lois, et, en l'occurrence, toutes les règles anti-corruption, que ces mêmes politiciens violent à l'occasion”, rappelle-t-il d’ailleurs dans nos colonnes.

Et lui d’asséner encore : “votant les lois, ils sont particulièrement soumis au devoir de les respecter, et les sanctions les plus lourdes peuvent leur être appliquées. D'un point de vue de philosophie politique, cela vaut à mon sens dans tous les domaines : plus on a contribué à édicter une règle qui s'applique à tous, plus on doit la respecter, et plus on doit être sanctionné si l'on se révèle n'être qu'un hypocrite. Cette considération même éviterait d'ailleurs bien des dérives dans la manière de légiférer.”