Ces signes que Gérald Darmanin vise l'Elysée en 2027 Lafargue Raphael/ABACAabacapress
S'il a raté de peu l'accession au post de Premier ministre, Gérald Darmanin semble se projeter plus que jamais dans l'après-Macron.
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Le doute n'est plus permis : si le ministre de l'Intérieur tirait déjà une grande partie de la couverture médiatique à lui lors des précédents gouvernement Macron, il est plus que jamais le centre de l'attention. Clivant et omniprésent, Gérald Darmanin questionne : est-il rééllement passé à deux doigt du portefeuille de Matignon ? Se positionne-t-il déjà pour la présidence en 2027 ?Pourquoi tant d'agitation, au coeur de l'été ? Alors que les ministres vivent une période estivale anxieuse dans l'attente d'une rentrée chargée, le ministre de l'Intérieur enchaîne les déplacements : vendredi dernier, il était à l'école nationale de Police de Périgueux (Dordogne), pour assister à l'installation de la 267ème promotion de gardiens de la Paix, le voilà cette semaine en Polynésie pour une visite en tant que ministre des Outre-mer. "J'ai les mains sur le volant. Mon entreprise ne connaît pas la crise", confie-t-il dans un entretien accordé au Figaro. Et son "entreprise" pourrait bien avoir pour but de le mener jusqu'à L'Elysée. 

Une rentrée politique surprise

Sans crier gare, le ministre a organisé le 27 août une réunion hautement politique et inédite dans son fief de Tourcoing (Nord). Il s'agira d'un "après-midi de réflexion" sur "les attentes des classes populaires", a-t-il indiqué dans un entretien à La Voix du Nord en juillet. Le prétexte ? Interroger "les gens qui gagnent entre 800 et 2000-2500 euros, cette classe populaire et moyenne qui se cherche beaucoup et ne trouve pas forcément de réponse chez les partis de gouvernement classiques, et se réfugie soit dans l'abstention, soit près du Rassemblement national". L'objectif est bien d'étoffer l'électorat et les rangs de Renaissance en tentant de dépouiller le parti de Marine Le Pen sur des terres qui lui sont en bonne partie acquises. Quelque 400 personnes, dont 90 parlementaires, devront plancher sur " des sujets qui concernent la France populaire qui est majoritaire" alors que "tous les partis de gouvernement ont une difficulté à parler aux gens qui gagnent moins de 2 500 euros par mois", explique-t-il au Figaro.

"Je ne suis pas en train de créer mon propre parti"

Le rendez-vous est une première mais pourrait devenir "un rendez-vous annuel". Un tacle à son propre parti ? Le ministre de l'Intérieur dément : "je ne suis pas en train de créer mon parti, ni même un courant ". Hasard de l'Histoire certainement : c'est également dans le nord de la France lors d'une "rencontre citoyenne" en avril 2016 qu'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie, avait créé son propre mouvement, En marche. "Ce ne sera pas un mouvement pour avoir un énième candidat à la présidentielle, ce n'est pas ma priorité aujourd'hui", avait alors expliqué le futur chef de l'Etat, évoquant néanmoins la nécessité de  "construire la majorité".

Vidéo du jour

Difficile de ne pas voir un message politique fort dans l'évènement de Tourcoing. La liste des invités est révélatrice : seront présents selon Le Figaro deux députés qui ont voté la censure du gouvernement en mars dernier, Estelle Youssouffa (Liot ; Mayotte) et Julien Dive (LR ; Aisne), ainsi qu'une dizaine parlementaires des Républicains. Un casting étonnant quand on sait que l'alliance de Renaissance avec la droite fait récemment figure de mirage. Gérald Darmanin précise toutefois qu'il "a toujours été dans l'hyper-loyauté" au président de la République "à qui (il) doit tant".

Le schisme avec Elisabeth Borne 

La Première ministre n'a, elle, pas été invitée, mais son camp scrutera certainement la quête d'attention de celui qui aurait bien voulu hériter de son portefeuille en juillet. Car la volonté du ministre de l'Intérieur d'accéder à Matignon n'était plus un mystère pour personne dans la majorité. Signe que le maître de la place Beauvau veut s'élever vers d'autres cieux politique, il a multiplié les signaux avant le remaniement, dans une campagne qui ne disait pas son nom. Défait, il tance aujourd'hui la Première ministre en prenant le futur pour appui : "Il ne faudrait pas que l'on remette notre avenir entre les mains de la technique et des techniciens en utilisant des mots que les Français ne comprennent pas toujours. On doit parler avec le cœur, pas avec des statistiques", lance-t-il au Figaro. Quand on sait que le côté "technicien" d'Elisabeth Borne est un trait qui lui a souvent été reproché, difficile de passer à côté de la critique. 

Une rentrée politique et des déclarations au vitriol suffiront-elles à enclancher la marcher de Gérald Darmanin ? Rien n'est moins sur, à en croire Arnaud Benedetti, politologue interrogé par Planet sur les raison de l'échec darmanien pour Matignon en juillet. " Il incarne une ligne droitière au sein de la majorité, qui n’est pas forcément partagé par l’ensemble de la majorité (...). De plus, Gérald Darmanin existe fortement médiatiquement, mais a assez peu de troupes.(...) Aujourd’hui il n’a pas de courant Darmanien, c’est une forme de handicap." A n'en point douter, le ministre de l'Intérieur désire pourtant se projeter après sa réunion à Tourcoing. Il glisse d'ailleurs, soudain mystérieux : " Un “coup d’éclat”, cela voudrait dire qu'il n'y aurait pas de suite à ce rendez-vous, alors qu'il y en aura évidemment une (...) Ce qui m'inquiète maintenant c'est ce qui se passera en 2027."