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Le Rassemblement national a manœuvré pendant des semaines pour qu'un Premier ministre de gauche ne soit pas nommé par Emmanuel Macron pour remplacer le gouvernement démissionnaire. Et il a réussi son coup, devenant ainsi le principal arbitre de ce qui se décidera à l'Assemblée pendant les 10 prochains mois, si tout se passe bien pour Michel Barnier.
Et l'a fait savoir ce week-end lors de la tenue des Journées parlementaires qui réunissaient tous les députés du parti. Si celui-ci s'engage à ne pas censurer sous conditions le gouvernement que va composer Michel Barnier jusqu'à la prochaine fenêtre autorisant une nouvelle dissolution (la Constitution n'en permet qu'une seule par an), Marine Le Pen prévenenait samedi : “Espérons que cette mandature sera la plus courte possible“. Dix mois maximum donc, sauf mention de censure.
Jordan Bardella estime que "ce gouvernement tombera" s'il poursuit la politique d'Emmanuel Macron
Ce matin, au micro de nos confrères de RTL, Jordan Bardella en remettait une couche, fort de ses 11 millions d'électeurs aux élections legislatives et rappellant que le RN était dorénavant le premier groupe à l'Assemblée nationale : "si Michel Barnier est le continuateur d’une politique qui a été conduite par Emmanuel Macron depuis huit ans, alors ce gouvernement tombera."
Et le président du Rassemblement national donne des noms : Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti et Xavier Bertrand, à titre d'exemple. Si l'un d'entre eux est reconduit ou nommé, le parti déposera une motion de censure. En attendant, il "jugera sur pièces", mais ne croit pas "que ce gouvernement puisse tenir bien longtemps."
Nomination du Premier ministre : "un échec personnel"
Devant ses députés, Jordan Bardella a admis dimanche avoir vécu le fait d'être écarté de Matignon comme "un échec personnel", tout en rebondissant sur les élections européennes et législatives : "ces résultats ont été une victoire pour le Rassemblement national."
Et, toujours sur RTL, confirmé que son parti comptait bien que certaines de ses mesures soient bien appliquées par le gouvernement Barnier. Notamment concernant les peines planchers : "Oui c’est vrai que j’ai proposé leur rétablissement."
La menace du procès des assistants parlementaires et de l'inégibilité
Le 30 septembre prochain débutera en effet le procès dit des "assistants parlementaires" qui met en cause plusieurs cadres du Rassemblement national, et Jordan Bardella lui-même alors qu'il n'avait à l'époque qu'à peine 20 ans. Le verdict pourrait en effet entraîner son inéligibilité comme celle de Marine Le Pen.
Ce qui pourrait mettre en question l'avenir même du parti. Mais Jordan Bardella a affirmé qu'il allait "démontrer sa bonne foi" et son "irréprochabilité" dans cette affaire. A propos de l'article de Liberation paru le 9 septembre qui l'accuse d'avoir participé à l'élaboration de faux documents pour se dédouaner, il répond :
"Je n’ai jamais fourni le moindre document à aucune autorité judiciaire ou administrative, votre confrère de Libération commet une erreur, je ne suis pas concerné par cette procédure." Il précise qu'il a d'ailleurs porté plainte contre le quotidien pour diffamation.
La fin de l'année risque bien d'être agitée pour le Rassemblement national.