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Il a agi de la sorte, assure-t-il, pour permettre la création d’emplois. Et quand il s’agit de créer du travail, parfois au détriment d’autres actifs, Emmanuel Macron ne chôme pas ! En témoigne, de fait, la nouvelle affaire dont il peut faire l’objet. Les “Uber files”, qu’une partie de l’opposition n’hésite pas à présenter comme un véritable scandale d’Etat, font de l’ombre au président de la République, quelques mois après sa réélection, en avril 2022. Il lui est reproché d’avoir œuvré, alors qu’il était ministre de l’Economie dans le gouvernement de Manuel Valls, à la bonne implantation d’Uber sur le sol français.
“On a ouvert des milliers d’emplois”, a ainsi estimé le locataire de l’Elysée, à l’occasion de la traditionnelle interview du 14 juillet, donnée en direct des jardins du palais présidentiel, indique Sud-Ouest sur son site. Hélas, une telle manœuvre a mécaniquement entraîné une dérégulation du marché, informe Le Monde. Les reproches faits au chef de l’Etat ne s’arrêtent cependant pas là. Pour la gauche, cette affaire illustre le monde idéal tel que prétendument vu par la majorité : une “société du travailleur sans droit, la casse du Code du travail”, a ainsi affirmé la députée NUPES de Paris Daniel Simonnet.
Les étés maudits d’Emmanuel Macron
Si le président de la République a nonchalamment balayé d’un revers la main les accusations portées par son opposition, force est de constater que ces dernières se répètent, se succèdent, s’enchaînent. Ce n’est pas la première fois, en effet, que l’été du chef de l’Etat est bouleversé. Avant les “Uber files”, il y a eu l’affaire de Rugy mais aussi l’affaire Benalla…
Le premier de ces deux cas, rappelle France Inter, s’est construit autour de la personne de François de Rugy, ancien président de l’Assemblée nationale et ministre de la Transition écologique et solidaire au moment de la découverte des faits. Un article de Mediapart, publié le 10 juillet 2019, fait état du train de vie étonnant de l’ancien chef des parlementaires. A l’hôtel de Lassay, la résidence de fonction qui va avec le Perchoir, il organise de luxueux dîners hors de prix avec certaines figures importantes du paysage médiatique ou aussi, parfois, avec des lobbies. Problème ? De tels événements ont potentiellement été financés par le contribuable.
L’affaire Benalla, pour sa part, apparaît difficile à oublier. Le 1er mai 2018, Alexandre Benalla est filmé en train de frapper des manifestants place de la Contrescarpe à Paris. Ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron, rappelle Ouest-France, est alors accusé d’avoir usurpé la fonction de policier. Le parquet ouvre une enquête et le Parlement ne tarde guère à se saisir lui aussi de l’affaire. En 2021, il est condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis, mais fait appel.
Comment expliquer une telle succession d’affaires d’été en été ? Pour Christophe Bouillaud, enseignant et chercheur en sciences politiques à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques, Sciences-Po) de Grenoble, la réponse est claire : elle réside dans la méthodologie de conquête du pouvoir mise en œuvre dès 2016. Explication.
Benalla, de Rugy, Uber files… Les affaires Macron vont-elles en s'aggravant ?
“Je ne suis pas convaincu que l’on puisse parler de malédiction de l’été. Si de telles affaires émergent à ce moment-là plutôt qu’à un autre, cela relève à mon sens du pur hasard de calendrier ou de l’éventuelle tendance de la presse à traiter plus attentivement de telles actualités, faute d’avoir autre chose à se mettre sous la dent”, tempère d’abord l’universitaire, pour qui il demeure important de se pencher sur la multiplication de tels évènements. “A mon sens, tout cela s’explique par la façon dont le président a œuvré pour conquérir le pouvoir dès 2016. Il est en passé en force, quitte à approcher parfois les limites du légal et n’a pas hésité à s’entourer de personnages au caractère aventureux”, juge l’enseignant-chercheur.
Faut-il penser, dès lors, que la gravité des affaires observées va crescendo ? Pas nécessairement, souligne Christophe Bouillaud. “L’affaire de Rugy relève, à mon sens, d’un mauvais choix de personnel politique. Les Uber files sont très cohérents, sur le plan idéologique, avec le positionnement d’Emmanuel Macron. Le président considère en effet que l’Etat doit se mettre au service des entreprises, y compris quand il s’agit de défendre les intérêts capitalistiques de sociétés non-françaises. Une telle posture ne correspond pas tout à fait à celle de la population française, aussi lui faut-il avancer en crabe. Après tout, cela s’est fait aux détriments de travailleurs français qui, pour l’essentiel, payaient leurs impôts…”, observe-t-il, non sans rappeler l’impact conséquent de la défense de ce type d’intérêts sur le vote. “C’est dans les régions où les grands groupes étrangers remplacent le plus les anciennes entreprises françaises que l’on observe les percées les plus importantes de l’extrême droite et du Rassemblement national.
Et lui de pointer du doigt l’autre aspect d’une telle opération : elle constitue le préambule à la trahison pure et simple de François Hollande par son ancien Secrétaire d’Etat. “C’est une trahison tout ce qu’il y a de plus banal, ordinaire et donc moralement abjecte. Mais François Hollande ne pourra jamais le dire, sauf à accepter publiquement d’avoir été dupé”, estime-t-il.
Selon lui, c’est bel et bien l’affaire Benalla qui apparaît comme la plus grave de ces trois exemples. “Elle constitue - ou, en tout cas, aurait pu constituer - l’embryon d’un éventuel cabinet noir à l’Elysée. Qui sait ce qu’Alexandre Benalla aurait pu être amené à commettre, s’il n’avait pas été mis hors d’état de nuire ? Certains aspects de cette affaire pourraient même pu relever de la mise en danger de la défense nationale”, insiste Christophe Bouillaud, en référence au contrat passé en l’ancien chargé de sécurité d’Emmanuel Macron et des oligarques russes. Une enquête pour corruption a été ouverte, indique France Info.
"Ça m'en touche une sans faire bouger l’autre” : Emmanuel Macron grisé par le sentiment d’impunité ?
Confronté à de tels reproches sur les Uber files, Emmanuel Macron a décidé de paraphraser Jacques Chirac. “Très sincèrement, comme disait un de mes prédécesseurs, ça m’en touche une sans me bouger l’autre”, a-t-il ainsi déclaré devant les micros de BFMTV. De quoi illustrer, si certains en doutaient encore, le sentiment d’impunité dont semble jouir le président de la République.
“Le sentiment d’impunité d’Emmanuel Macron est aussi complet qu’indéniable… Et cela n’a rien de particulièrement étonnant. Du strict point de vue légal, il ne risque rien tant qu’il est encore en poste. Rappelons aussi qu’en France, les procureurs dépendent du ministère de la Justice et qu’il bénéficie du soutien total de son parti politique”, souligne Christophe Bouillaud. Pour autant, il faut aussi souligner que l’opinion publique peut aussi compter, en politique.
Là encore, juge le chercheur, Emmanuel Macron n’est pas menacé. “De telles affaires sont trop abstraites pour le mettre en danger. Pour l’essentiel des Françaises et des Français elles viennent alimenter un sentiment de tous-pourri, mais cela ne suffirait pas à le mettre durablement en difficulté”, juge-t-il.