De nouvelles règles d’indemnisation entreront en vigueur en avril 2025 et impacteront durement les plus âgés.
Une véritable "porcherie". Après avoir lancé une action en justice pour récupérer l’usage de leur maison secondaire à Théoule-sur-Mer et expulser la famille de squatteurs, les propriétaires ont pu récupérer les clés le 10 septembre 2020. Les dégâts sont nombreux. "C’est l’apocalypse je vais être obligé de tout jeter", a confié le retraité à France Bleu. Le couple a d’ailleurs passé plusieurs jours à nettoyer et à jeter.
Squat à Théoule-sur-Mer : "Il y avait des excréments partout"
"Matelas, couvertures, draps, on a dû tout bazarder, même le canapé", indique Henri Kaloustian au Figaro."La puanteur commence seulement à s’en aller. On a vraiment fait un grand ménage", s’exclame le propriétaire en s’épongeant le front.
La maison, squattée une vingtaine de jours par une famille qui avait pris le soin de changer la serrure, était dans un piteux état. "Quand je suis entrée dans la cuisine, que j’ai ouvert le lave-vaisselle, le four… j’ai vomi", avoue de son côté Marie-Thérèse Kaloustian, encore bouleversée par la situation.
"C’était une porcherie", tonne son mari, âgé de 75 ans. "Ils ont souillé tout notre linge de maison, on a retrouvé des tas de linge sale dans toutes les pièces. Un chien avait visiblement été enfermé dans une chambre : il y avait des excréments partout, de la nourriture à même le sol, des bestioles… Les chaises de jardin sont presque toutes cassées. Il manque aussi des choses, comme la perceuse ou la plancha."
Les meubles du séjour étaient également tagués et endommagés par des brûlures de cigarette.
Pourront-ils être indemnisés ?
Maison squattée : "Ils auront des difficultés à être indemnisés"
L’épreuve est lourde, pour ce couple de retraités, qui a acquis cette propriété il y a 35 ans, dans la paisible station balnéaire des Alpes-Maritimes, accrochée au massif de l’Estérel.
Cette semaine de grand nettoyage a tout de même permis à la cuisine et au carrelage du séjour de retrouver leur éclat. Les retraités lyonnais misent à présent sur la sécurité car comme le précisent les deux serruriers sur place, "c’est par une fenêtre que ces gens sont rentrés ; plusieurs sont esquintées". "On est en train de sécuriser l’ensemble de la maison, avec une porte blindée et une alarme", fait alors savoir le couple.
Toutefois, "ils auront des difficultés à être indemnisés, mais on le demandera !", garantit au Figaro Me Renaud Broc, leur avocat.
La famille qui squattait cette maison sera jugée le 27 octobre prochain pour violation de domicile. En attendant, les propriétaires peuvent compter sur le soutien des habitants et des commerçants.
Squat à Théoule-sur-Mer : une cagnotte a été lancée
Les habitants et commerçant de Théoule-sur-Mer, touchés par cette histoire, se sont mobilisés pour aider M. et Mme Kaloustian. Une cagnotte a été lancée et l’hôtel 5 étoiles Le Miramar, les a hébergés quelques jours. Ils ont également été invités dans des restaurants.
Des propriétaires de maisons secondaires s’inquiètent par ailleurs de l’affaire. Car, jusqu’ici, la loi stipule qu’au bout de 48 heures d’occupation des lieux, les intrus ne peuvent plus être délogés par les forces de l’ordre. Une procédure de justice doit alors être enclenchée.
Un Parisien retraité a donc pris les devants : "On a déjà fait tout ce qu’il fallait ! s’exclame-t-il. On a une caméra qui nous permet d’avertir les gendarmes d’une intrusion avant les 48 heures fatidiques. Car les deux choses que je crains le plus, ce sont les squatteurs et l’usurpation d’identité."
Fort heureusement, la législation pourrait très vite évoluer. Un amendement anti-squat vient d’ailleurs d’être adopté ce mercredi 16 septembre 2020 en commission à l’Assemblée. L'amendement prévoit de modifier la loi de 2007 sur le droit au logement opposable. Une résidence secondaire ou occasionnelle sera désormais également reconnue comme "domicile". Ainsi, une fois le squat découvert et la police alertée, le propriétaire du logement pourra saisir le préfet. Celui-ci aura 48 heures pour répondre au plaignant avant de mettre en demeure le ou les squatteurs de quitter les lieux.